On ne compte plus les déclarations des inconséquents qui dénoncent la radicalité des solutions qu’il faudrait mettre en œuvre pour prendre sérieusement en compte l’urgence climatique.Mais qu’est-ce qui est le plus radical, les solutions pour vraiment agir ou les conséquences dramatiques de notre inaction, qui se révèlent jour après jour ?Fabrice Bonifet, président du C3D, le Collège des directeurs du développement durable, nous livre son édito.
A force de procrastination et d’invitations à des débats qui visent non pas à accélérer les décisions, mais plutôt à mieux les différer, nous nous rapprochons dangereusement des 16 "seuils de rupture" (magazine Science du 9/09/2022) dont les dépassements entraineront un emballement irréversible, qui rendra nos conditions de vie de plus en plus insupportables.
Alors que la prochaine COP va se conclure dans 2 mois sur son 27ᵉ échec consécutif, que la énième Concertation nationale sur l’énergie accouchera de son énième souris, il serait peut-être temps de faire preuve de cohérence. Car si la fin de l’abondance a été actée par notre premier magistrat, le partage équitable de la rareté n’a pas encore été décrété ! Certes, on nous parle de sobriété, mais il n’est toujours pas question de moins produire pour moins consommer, mais juste de moins gaspiller, ce qui est déjà un progrès. Et ne parlons pas non plus de renoncement, comme si dans notre modèle de société post-Covid, tout était redevenu "essentiel" dans un monde ou la quasi-totalité des ressources naturelles indispensables aux entreprises sont surexploitées. C’est vrai que certains "rêvent" que nous remarchions sur la Lune. Mais de quoi avons-nous besoin exactement ? Reconnaissons que beaucoup se contenteraient de pouvoir juste continuer de se nourrir pour un prix abordable.
Tôt ou tard, l’économie va devoir ralentir. Soit nous l’anticipons pour créer du pouvoir de vivre, soit nous le subirons sans espoir de préserver le pouvoir d'achat"
Fabrice Bonnifet
Pour décider au service de l’intérêt général, on aurait pu croire qu’il fallait plus écouter la lucidité des scientifiques que les utopies des économistes, cultiver la frugalité et la justice sociale, ne pas faire croire que les arbres peuvent monter jusqu’au ciel. Mais non, il semblerait qu’il faut surtout dire ce que nous avons envie d’entendre. Et c’est vrai que raconter avec emphase que tout peut continuer comme avant, tout simplement en repeignant en vert tout ce qui était gris, peut sans doute créer l’illusion de l’action, mais ne diminue en rien nos émissions de gaz à effet de serre, ce qui nous conduit tout droit au chaos.
Ce ne sont pourtant pas les solutions pour faire autrement qui manquent, mais plutôt l’incapacité à faire notre deuil cornucopien d'un monde sans fin. Tôt ou tard, l’économie va devoir ralentir. Soit nous l’anticipons pour créer du pouvoir de vivre, soit nous le subirons sans espoir de préserver le pouvoir d'achat. Pour garder la main sur notre destin, nous devons rendre désirable l’immatériel qui rend heureux, au détriment du matériel qui rend jaloux. Nous devons apprendre à générer le besoin du non-besoin et flécher le meilleur de la technologie au service du toujours moins, jusqu’à ce que nous nous resynchronisions aux limites planétaires.
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