Alors que nous sommes en pleine saison des battues de sangliers, intéressons-nous ce soir à toutes ces espèces invasives qui déstabilisent l'espace naturel à tel point que l'homme a décidé de limiter ses populations, et ce n'est pas une mince affaire.
Dans la Meuse, les nuisibles n'ont qu'à bien se tenir. Jean-Pierre veille au grain. C'est ancien ouvrier à la retraite est piégeur bénévole. Tout le monde peut le faire. Il suffit de suivre deux jours de formation. Si un tel sort est réservé aux ragondins, c'est parce qu'elle est ce qu'on appelle une espèce exotique envahissante. Importée d'Amérique du Sud pour sa fourrure au XIX ème siècle, elle s'est depuis reproduite à vitesse grand V et menace la biodiversité locale. Comme elle, plus de 700 espèces sont aujourd'hui recensées comme telles en France. C'est 76% de plus qu'il y a 50 ans, et leur dégât coûte chaque année 38 millions d'euros.
À la frontière franco-belge, c'est un tout autre animal qui préoccupe : le sanglier. Cette espèce dite nuisible porte atteinte à la biodiversité, à l'économie et représente un risque sanitaire comme la peste porcine africaine il y a quelques mois aux portes de nos frontières. Le risque est énorme pour tous les élevages de porcs en France. Mais en luttant contre cet animal, les chasseurs ont découvert qu'il y avait beaucoup plus de ratons laveurs que de sangliers. De quoi s'interroger sérieusement à cette autre exotique envahissante importée par les soldats américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était leur mascotte, mais depuis, sa population ne cesse d'augmenter notamment dans la Meuse et dans la Marne.
Les animaux sortent la nuit. À la fin de l'hiver, les chasseurs organisent des comptages pour estimer l'évolution des populations, et adapter une année sur l'autre leur quota de chasse. Ils éclairent les plaines à la recherche de lièvres et de renards, sans doute le plus emblématique et polémique des animaux classés nuisibles. Ces dernières années, les populations de renards se sont stabilisées. Cela veut dire qu'il est toujours autant chassé. On estime autour de 500 000 le nombre de renards tués chaque année en France. Un acharnement selon les naturalistes, qui demandent son retrait de la liste des nuisibles. Selon eux, il ne menacerait ni la nature, ni l'économie, ni la santé. Si le renard est classé nuisible, il est lui-même prédateur d'un autre nuisible : le campagnol, bien plus problématique. L'équilibre naturel entre proie et prédateur s'est fait naturellement pendant plus de trois milliards d'années jusqu'à ce que l'Homme prenne le dessus ces dernières décennies. Les hommes cherchent depuis à réparer ces déséquilibres et s'affrontent sur les différentes options : faut-il encore réguler les espèces ou laisser la nature reprendre ses droits ?
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info