La mortalité a fortement grimpé pendant les trois canicules de l'été 2022, selon Santé Publique France

par Maëlane LOAËC
Publié le 21 novembre 2022 à 22h30, mis à jour le 21 novembre 2022 à 23h12

Source : JT 13h Semaine

L'été 2022, marqué par des pics de chaleur intenses, a connu une "surmortalité relative de +16,7%" au cours des trois épisodes caniculaires, selon l'agence sanitaire.
Plus de 2816 décès ont été enregistrés de plus qu'en temps normal sur ces périodes.
Mais les causes de cette surmortalité ne sont pas seulement liées aux fortes températures.

Après un été marqué par une chaleur précoce, plus intense et plus fréquente que d'habitude, faisant de lui le deuxième plus chaud depuis 1990, la mortalité a connu un pic en France. Au cours de trois épisodes de canicule, subis par plus des trois quarts de la population métropolitaine, 2816 décès ont été enregistrés de plus qu'en temps normal, "soit une surmortalité relative de +16,7%", note Santé Publique France dans une étude publiée ce lundi 21 novembre. Ce qui en fait le bilan le plus lourd depuis la mise en place du Plan national Canicule en 2004. Mais les causes de ces décès ne sont pas exclusivement liées à la situation climatique. 

"Les impacts observés sur les recours aux soins et la mortalité soulignent que la chaleur extrême demeure un risque important pour la santé de l’ensemble de la population", met en garde l'agence sanitaire dans son étude. En revanche, ces décès "ne peuvent pas être uniquement attribuables à la chaleur", nuance-t-elle. "Une recrudescence de l’épidémie de Covid-19" est aussi en cause, souligne-t-elle dans un communiqué. 

Les personnes âgées les plus vulnérables

Les plus âgés ont été les plus touchés par cette surmortalité. Les 75 ans et plus représentent 2272 des "décès en excès", "soit un décès en excès sur six" chez cette tranche d'âge. Quatre régions concentrent à elles seules plus des deux tiers de ces décès supplémentaires, ayant été les plus touchées par les canicules : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-D’azur. De manière générale, "l'excès de mortalité relatif" a été plus important dans les départements placés en vigilance rouge. Quant à l'épisode le plus meurtrier, il s'agirait de la deuxième canicule, pendant le mois de juillet. Au cours de l'été, sept accidents mortels au travail ont aussi été constatés, "en lien possible avec la chaleur", "principalement dans le cadre d’une activité professionnelle conduite à l’extérieur, dont trois dans le secteur de la construction".

Quant aux prises en charge médicales, elles ont été nombreuses à être liées aux fortes chaleurs. Entre le 1er juin et le 15 septembre 2022, plus de 22.000 recours aux soins ont été recensés (passages aux urgences et consultations SOS Médecins) pour des troubles liés à la canicule, comme les hyperthermies, déshydratations et hyponatrémies. "Ces recours aux soins ont été multipliés par deux aux urgences et par trois pour les consultations SOS médecins durant les périodes de canicules, par rapport aux périodes hors canicules", note l'agence sanitaire. Reste toutefois que ces chiffres "ne permettent pas de présager de l’impact de la chaleur sur la mortalité".

Des causes encore difficiles à identifier précisément

Santé Publique France note par ailleurs qu'un deuxième élément entre en ligne de compte pour expliquer ce pic de mortalité : la reprise épidémique du Covid-19 cet été, responsable de 894 décès dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux pendant les trois périodes de canicules. Il est impossible pour l'agence sanitaire de délimiter précisément quels décès relèvent respectivement d'une contamination au virus et des effets de la canicule, puisque ces deux causes peuvent être intriquées dans le cas de certains patients : "la Covid-19 a pu augmenter la vulnérabilité à la chaleur, et réciproquement", pointe l'étude. 

Par ailleurs, les fortes chaleurs, hors épisodes caniculaires, pourraient aussi avoir entraîné une hausse de la mortalité de manière générale, mais là encore, l'agence sanitaire reste prudente. Quelque "10.420 décès en excès toutes causes" ont été estimés en métropole au cours de l'été, soit 6,1% de plus que hors période estivale. Une part de cette augmentation est "vraisemblablement" liée à une exposition à des "températures n’atteignant pas les seuils d’alerte canicule", note Santé Publique France, mais elle mène des "travaux plus approfondis" pour mieux évaluer "cette part attribuable"

L'Insee avait déjà révélé début septembre que 11.000 décès avaient été enregistrés cet été de plus par rapport à 2019, sans que ce chiffre puisse être directement lié dans sa totalité aux conséquences des canicules, comme TF1info l'expliquait alors.

Une nouvelle stratégie nécessaire pour répondre au "changement climatique"

Tout en prenant toutes ces précautions, Santé Publique France relève tout de même que l'été 2022 s'inscrit dans le sillage d'une multiplication des canicules ces dernières années, "se traduisant par une augmentation des impacts sanitaires associés". "Depuis 2015, des canicules très étendues et atypiques, en termes d’intensité, de période et de zone de survenue, se traduisent toutes par une mortalité en excès conséquente", s'inquiète ainsi l'agence sanitaire. Sans compter la sécheresse et les feux de forêt qui ont sévi cet été, "autant de phénomènes qui pourraient s'intensifier avec le changement climatique".

"Ce bilan souligne l’importance d’anticiper l’impact de la chaleur en amont des périodes de canicule et conforte ainsi la nécessité d’une stratégie d’adaptation et d’atténuation au changement climatique renforcée partout sur le territoire", appuie-t-elle, appelant notamment à faire évoluer le dispositif de prévention. Dès cet été, quatre millions de SMS ont été envoyés aux populations à risque, un dispositif expérimental dont l'efficacité va être évalué.


Maëlane LOAËC

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