Paris est la ville où le risque de mourir de chaud est le plus élevé d'Europe

Publié le 17 avril 2023 à 15h41

Source : JT 20h Semaine

Selon une étude publiée en avril, la capitale française est particulièrement exposée aux risques de fortes chaleurs.
Le risque de mourir de chaud y est multiplié par 1,6 en moyenne par rapport aux températures de confort.
La ville est très exposée aux phénomènes d'îlots de chaleur urbains (ICU).

La capitale française va-t-elle devenir invivable en raison du changement climatique provoqué par les activités humaines ? Alors que selon le Giec, les "années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu'à présent seront parmi les plus fraîches d'ici une génération", Paris est particulièrement vulnérable à ces hausses de température. Selon une étude publiée en avril dans The Lancet (en anglais), la capitale est même la ville européenne où le risque de mourir de chaud est le plus élevé d'Europe.

Ces résultats figurent dans une vaste étude qui se penche sur la surmortalité induite par les températures extrêmes - chaudes ou froides. Pour établir leur évaluation, les chercheurs ont analysé les morts dans 854 villes de 30 pays européens, représentant plus de 205 millions de personnes âgées de 20 ans et plus, entre 2000 et 2019. Il en ressort que chaque année, le froid tue 203.620 personnes et le chaud 20.173. Des températures extrêmes qui touchent particulièrement les personnes les plus âgées : les plus de 85 ans représentent 60% des morts dues au froid ou au chaud.

1388 décès liés à la chaleur chaque année en France

À Paris, le risque pour les 85 ans et plus de mourir de chaud est multiplié par 1,6 en moyenne par rapport aux températures de confort, alors que la capitale représente "la ville avec le risque le plus haut" de mortalité liée à la chaleur "à travers tous les âges" en Europe, pointe l'étude. Plus généralement, en France, environ 1388 personnes meurent de chaud chaque année, c'est plus qu'au Portugal (529) et qu'en Grèce (738) mais moins qu'en Allemagne (2886) et qu'en Italie (5034), pays d'Europe où le plus grand nombre de morts chaque année en raison de températures très élevées a été recensé. 

Si pour le moment le froid tue plus que la chaleur - 17.730 décès sont recensés chaque année en raison des températures basses en France -, cette tendance pourrait s'inverser avec le changement climatique induit par les activités humaines et Paris devrait faire partie des zones les plus impactées d'Europe. Il faut dire que la capitale française est particulièrement touchée par le phénomène des îlots de chaleur, détaille au Point Pierre Masselot, l'un des principaux auteurs de l'étude. Ces ICU entraînent une augmentation du nombre de nuits tropicales où la température reste supérieure à 20°C, empêchant le corps de récupérer de la chaleur de la journée.

Mieux se préparer à l'avenir

Les îlots de chaleur sont le résultat d'un manque de végétation, ou de la construction d'une ville, puisque plus les bâtiments sont hauts et resserrés, plus la chaleur augmente par rapport à des zones plus ouvertes et végétalisées. Des écarts de température qui peuvent être importants d'un quartier à l'autre. Ainsi, lors de la canicule historique de 2003, qui avait fait plus de 15.000 morts en France, la surmortalité avait atteint 141% à Paris contre 40% dans les villes petites à moyenne, selon Santé publique France

À l'extrême inverse, en Europe, c'est à Londres que les habitants ont le plus de chance de mourir de froid, avec un risque multiplié par deux pour les personnes âgées de 85 ans et plus. Le but des travaux menés par les scientifiques dans la revue The Lancet est de mieux prévoir les effets du changement climatique. Car si aujourd'hui le froid tue plus que la chaleur, l'augmentation des températures devrait inverser la tendance dans la décennie à venir. 

Selon la 6e synthèse du Giec publiée en mars, le réchauffement climatique causé par l'activité humaine atteindra en effet 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035. D'ici là, les villes comme Paris devront trouver des solutions pour s'adapter à la vie sous 50°C. Parmi les pistes mises en avant par les scientifiques : le re-végétalisation des espaces alors que selon une étude publiée en février, déjà dans The Lancet, la présence de ces végétaux pourrait réduire d'un tiers les décès liés aux canicules.


Annick BERGER

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