Érosion côtière : ils achètent une maison... au bord de la falaise

C'est l'achat d'une vie. Une maison avec une vue imprenable que Patricia s'est offerte avec son mari il y a tout juste un an à Creil-sur-Mer, en Seine-Maritime."Quand je suis arrivée ici, évidemment, c'était un coup de foudre inouï. J'en avais les larmes aux yeux de me dire que je pouvais habiter un endroit aussi beau", sourit-elle. Seul problème : l'érosion. La mer grignote la falaise, qui perd au moins dix centimètres chaque année. Il reste 30 ans, peut-être plus à Patricia pour profiter de sa maison avant qu'elle ne disparaisse. "Si j'avais 20 ans, peut-être que je ne l'aurais pas achetée, mais vu notre âge, on s'est dit que de toute façon, on espère pouvoir finir nos jours ici", poursuit Patricia. 

Cet optimisme touche de nombreux propriétaires sur le littoral. Ils achètent ces biens au prix du marché, de 200.000 à 300.000 euros en moyenne. Comme les nouveaux voisins de Josette. "Juste à ce niveau-là, il y a une maison qui a été revendue il y a maintenant deux mois. Les gens n'ont pas peur du tout. Ils font la part entre le plaisir et le cadre de vie qu'on a en habitant en bord de mer et le risque. Moi, si je veux, je peux vendre tous les jours", rit-elle. 

Pourtant, plusieurs maisons deviennent trop dangereuses et sont vouées à la destruction. "Cette maison est trop proche de la falaise. On est sur un arrêté de péril imminent. Dès lors qu'il y a un risque pour le bien, il y a un risque pour les personnes, donc expropriation", explique Alain Trouessin, le maire (SE) de Criel-sur-Mer). 

Grâce à un financement particulier, le fonds Barnier, les propriétaires ont pu être dédommagés. "La situation est exposée notamment au moment de la signature de l'acte chez le notaire, donc les gens achètent en toute connaissance de risque", poursuit Alain Trouessin. La seule chose qui pourrait dissuader de potentiels acheteurs serait la fin des indemnisations. Et encore, certains donneraient tout, rien que pour la vue.