Dans le massif de la forêt de Chaux, entre le Doubs et le Jura, l’État et les forestiers veulent abattre 556 cerfs cet hiver pour assurer la régénération du chêne dans les années à venir.Une décision très contestée par les défenseurs de la nature et certains chasseurs.Une équipe de TF1 s'est rendue sur place.
Leur brame résonne dans la forêt de Chaux. Les cerfs et les biches y ont été réintroduits dans les années 50. Mais depuis une dizaine d'années, leur population explose. Problème : il n'y a pas assez de nourriture pour tous ces animaux. Florent Dubosclard, directeur de l'office national des forêts du Jura, emmène notre équipe constater les nombreux dégâts sur la végétation, dans le reportage en tête de cet article : "Là, justement, on a quelques petits chênes qui font une dizaine de centimètres de haut, qui ont déjà été consommés, et qui ne vont pas dépasser ce stade".
"Ici, la perte de végétation est totale. Je vous mets au défi de trouver un chêne qui dépasse un mètre de haut", déplore le responsable. Juste à côté, plusieurs chênes et hêtres, protégés par une petite clôture, ont poussé normalement : "Alors que là, on a une forêt en devenir, avec de jeunes arbres qui vont se développer", explique-t-il.
Pour assurer la régénération du chêne dans les années à venir, l'État demande de tuer, cette année, 556 cervidés. Il s'agit d'une augmentation de 50% sur les terres domaniales. Les chasseurs locaux sont surpris : "Personne ne sait combien il y a d'animaux en forêt, il y en a peut-être plus de 2.000 ! Donc personne ne sait combien il faut en tuer, et surtout, personne ne sait combien il faut laisser d'animaux en forêt pour avoir un équilibre", s'offusque le chasseur Alexandre Crot.
La forêt de Chaux est l’une des plus grandes forêts de France avec ses 20.500 hectares de feuillus qui recouvrent le massif. Située à cheval sur les départements du Doubs et du Jura, elle concentre également une importante population de cerfs. Un animal qui suscite des débats depuis déjà des années. En 2008, par exemple, l’office national des forêts avait assigné à la fédération de chasse un tableau de 225 têtes en invoquant la menace provoquée par l’animal sur la régénération forestière. Après de longues négociations, ce nombre avait finalement été ramené à 188 bêtes.
L'ONF estime le cheptel à plus d'un millier d'individus. Ces derniers recherchent désormais leur nourriture en bordure de forêt. À Our (Jura), les villageois sont habitués à ce voisinage : "Parfois, j'entends bramer depuis chez moi, donc moi ça me plaît bien", raconte Charline, qui habite dans le village. "Les animaux sont magnifiques à regarder. Je ne suis pas chasseur, ni agriculteur, mais j'adore ces animaux, et je ne vois pas pourquoi on exterminerait le cerf", s'indigne Jean-Luc, qui vit aussi à Our.
Des solutions alternatives seront mises en place dès l'année prochaine. Cinq à dix hectares de bordures forestières seront notamment transformés en pâture.