Notre planète

VIDÉO - Pour dépolluer ou s'habiller, les pouvoirs insoupçonnés des champignons

par La rédaction de TF1 | Reportage Tiphaine Leproux, Caroline Blanquart
Publié le 27 mars 2023 à 11h30, mis à jour le 27 mars 2023 à 12h08
JT Perso

Source : JT 20h WE

On l'utilise surtout pour le mettre dans notre assiette.
Mais le champignon pourrait un jour révolutionner notre quotidien.

Depuis des millions d'années, on les cantonne aux omelettes, aux cueillettes de dimanche, sans jamais vraiment les observer. Les champignons cachent dans la terre, dans les écorces, un étonnant réseau de filaments précieux dans l'équilibre des forêts. On l'appelle le mycélium. Il pourrait bien être l'une des clés de la transition écologique.

Jean-Michel Scheuren en est absolument convaincu. Depuis deux ans, le cofondateur de Novobiom développe un procédé de dépollution de sol grâce à ce mycélium. Son point de départ : ces étranges filaments sont naturellement capables de dégrader la matière, comme par exemple un morceau de bois qui pourrit sur le sol d'une forêt. "Ils font cela en sécrétant des enzymes qui sont des sortes de paires de ciseaux chimiques qui vont couper  les composants du bois en petits morceaux. On va utiliser ces mêmes capacités pour dégrader les polluants et 's'alimenter' des polluants." 

Dans de curieuses caves de la banlieue de Bruxelles, lui et son équipe cultivent à partir des champignons, des centaines de variétés de mycélium. Et grâce à l'une d'entre elles, ils viennent de parvenir à dépolluer huit tonnes de terre, issues d'une ancienne raffinerie française et polluées aux hydrocarbures. "Après deux mois de test et de traitement par les champignons et le mycélium, on a dégradé à plus de 80% les polluants qui étaient présents." Un  taux qui dépasse même les exigences européennes de dépollution.  

Ces résultats doivent être confirmés à grande échelle, mais plusieurs entreprises se penchent déjà sur cette solution qui est deux fois moins couteuse que les technologies actuelles et bien plus écologique. "Jusqu'à présent, les terres étaient traitées sur site à grands coups de produits chimiques, et on se retrouve avec des terres mortes. Là, on traite le vivant par le vivant", se réjouit Caroline Zaoui, cofondatrice et directrice scientifique de Novobiom.

Super décomposeur, le mycélium de champignon pourrait de la même manière, dégrader du plastique ou du textile. Mais il peut lui-même aussi devenir un matériau très prometteur et biodégradable. Au milieu de la campage toulousaine, Mariana Domiguez Penalva, une passionnée des champignons,  développe depuis sept ans ce genre de matière, 100% mycélium. Comment fait-elle ? Le mycélium qu'elle cultive est mélangé à un déchet, comme de la sciure de bois, sa nourriture en quelque sorte. Pendant plusieurs jours, il va s'en nourrir dans des bacs en milieu stérile et se développer. Au bout de 15 jour à un mois, on obtient une matière proche du cuir. 

Pour le moment, elle n'en fait que de petits accessoires. Le prix est équivalent au cuir du monde du luxe. Mais l'intérêt environnemental est indéniable : ce matériau est naturel, local, bien moins gourmand en énergie et en eau. "Pour une paire de chaussures en cuir, il faut 8000 litres d'eau. Pour cette matière, il faut 10 à 20 litres d'eau."

 Autre piste prometteuse : une entreprise développe des plaques isolantes à partir de mycélium, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo du reportage en tête de cet article. 


La rédaction de TF1 | Reportage Tiphaine Leproux, Caroline Blanquart

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