Pour les Parisiens, se baigner dans la Seine est un vieux "rêve".Il est en passe de devenir réalité grâce au gros coup d'accélérateur des Jeux olympiques de 2024.Mais à un an de l'échéance, l'analyse de l'eau du fleuve réserve encore quelques surprises.
"J'irai me baigner dans la Seine devant témoins pour montrer que c'est devenu un fleuve propre". Formulée en 1990, la promesse de Jacques Chirac, alors maire de Paris, de se baigner "d'ici trois ans" dans la Seine n'a jamais été tenue. Mais la baignade pourrait de nouveau être autorisée, cent ans précisément après l'interdiction qui remonte à 1923. C'est en tout cas le défi qu'entend relever Emmanuel Macron alors que les Jeux olympiques débutent dans moins de 500 jours maintenant. Disputées entre les Invalides et la Tour Eiffel, les épreuves de natation en eau libre et du triathlon doivent marquer un nouveau départ des relations entre le grand public et le fleuve.
État, Ville de Paris et autres collectivités locales, de tous bords politiques, ont injecté environ 1,4 milliard d'euros dans un "plan baignade" afin de "réaliser ce rêve", selon l'expression de l'actuelle maire Anne Hidalgo.
Deux bactéries présentes
Mais qu'en est-il de la qualité de l'eau à ce jour ? Les Parisiens seraient-ils prêts à se jeter à l'eau ? "Pas du tout", répondent nombre d'entre eux dans la vidéo de TF1 en tête de cet article, et ce "même s'ils la nettoient", certains précisant que "la couleur de l'eau dit tout". Ces derniers n'ont a priori pas tort, car à un an de l'échéance, l'analyse de l'eau de la Seine réserve quelques surprises. Ces dernières répondent notamment au doux nom d'"Escherichia coli" et d'"Entérocoque". "Ce type de bactéries, ça nous permet d'identifier la pollution d'origine fécale", résume David Abi Saab, directeur de l'ingénierie chez Fluidion chargé de la surveillance microbiologique de l'eau. Or, les quantités de ces déjections dépassent à ce jour légèrement les valeurs réglementaires pour la baignade.
Quant à la leptospire, autre bactérie potentiellement mortelle, "les cas de transmission restent limités" et "il n'y a pas plus de risque dans la Seine qu'ailleurs", estime le Centre national de référence de la leptospirose, basé à l'Institut Pasteur. "Cela ne devrait donc pas impacter le déroulement des Jeux", conclut le laboratoire.
L'assainissement en cours
Comment expliquer que le fleuve soit si pollué ? Tout d'abord parce qu'aujourd'hui encore, près de 30.000 logements franciliens non raccordés au réseau d'assainissement reversent directement leurs eaux usées dans la Marne, qui se jette ensuite dans la Seine. Un problème en cours de résolution puisque la mise en conformité est amorcée. "Près de 5.000 logements ont été remis en conformité", explique àTF1 Vincent Rocher, directeur innovation chez Siaap, le service public de l'assainissement francilien. Selon lui, "la dynamique est lancée, on n'a jamais été aussi près du but." Et d'insister : "Jamais, dans un référentiel de 40 ans, la Seine n'a été aussi propre".
La seconde cause de cette pollution est d'origine météorologique : les orages. Quand il pleut à Paris, les égouts trop étroits peuvent en effet rapidement déborder et inonder les rues, ce qui a conduit les autorités à faire le choix de diriger les eaux pluviales vers la Seine. Or, en empruntant les bouches d'égout, ces dernières charrient de nombreux déchets jusqu'au fleuve. Là encore, la Mairie de Paris s'est attaquée au problème. Ces déverseurs de pluie et de pollution seront désormais raccordés à un tunnel qui acheminera les eaux usées vers un immense bassin de rétention. Cet immense réservoir pourra contenir jusqu'à 50.000 m³ d'eau, soit l'équivalent de vingt piscines de 50 mètres.
Bientôt quatre zones de baignage ?
"Le but de cet ouvrage est de réduire au maximum en fréquence ces rejets dans la Seine", explique Samuel Colin-Canivez, responsable des grands travaux d'assainissement à la Ville de Paris. "On n'arrivera pas à zéro car s'il y a des pluies exceptionnellement fortes on sera toujours contraints d'utiliser la Seine comme exutoire, en revanche tous les volumes qui transiteront ici seront des volumes évités en pollution pour le fleuve", assure-t-il. Une fois le bassin rempli, les eaux seront relâchées petit à petit vers les stations d'épuration.
C'est cette soupape qui permettra aux athlètes de se baigner pendant les Jeux Olympiques mais pour des baignades grand public, d'autres questions se posent. "Au delà de la bactériologie, d'autres paramètres sont scrutés comme la navigation avec des questions de sécurité, ce sont ces critères font qu'on estime qu'une baignade est ou non envisageable à cet endroit là", explique Claire Grisez , directrice adjointe Environnement-Aménagement et Transport au sein de la préfecture de la région Ile-de-France. Alors que les opérations grands nettoyage continuent le long de la Seine, quatre zones de baignades pourraient ouvrir à Paris et une vingtaine en Ile-de-France. Le nombre et l'emplacement de ces "stations" sera défini "en héritage des Jeux, à l'horizon de la fin 2024", a affirmé Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des sports et des JO, fin février en visitant la station de dépollution des eaux pluviales de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).
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