VIDÉO - Fuites d'eau : pourquoi certains départements sont submergés

Des milliers de litres d’eau potable s’échappent de cette conduite, il faut intervenir au plus vite. Une routine pour les agents de travaux qui s'en chargent. "Des fuites d'eau ? On en fait pratiquement tous les jours, le planning est bien rempli", assure un membre de l'équipe. Nous sommes dans les Ardennes, l’un des départements français qui comptent le plus de fuites : ici, un tiers de l’eau potable s'évapore ainsi.

Pour limiter ce grand gaspillage, Alexandre, chercheur de fuites, inspecte tous les jours les tuyaux. "J’écoute le bruit de la fuite, explique-t-il : comme l’eau est sous pression, ça fait du bruit". Pourquoi de telles pertes ? À cause d'un réseau vieillissant et des aléas climatiques qui augmentent encore sa fragilité. "On a eu de gros épisodes de sécheresse cet été. Le sol travaille, et les tuyaux ne sont pas flexibles...", développe Alexandre 

Ces canalisations abîmées, impossible de toutes les renouveler sans augmenter considérablement le prix de l’eau. Car dans les départements ruraux comme les Ardennes, il y a peu d’habitants, et donc peu de contribuables pour financer les travaux nécessaires. Voilà ce qui explique les importantes inégalités que met en évidence la carte ci-dessous. Dans les départements en bleu foncé, plus de 30% de l'eau potable fuit. C'est entre 20 et 30% dans ceux en bleu plus clair. Et plus on se rapproche des grandes villes, moins il y a de fuites : 9,7% seulement d’eau perdue en région parisienne, le record de France.

 L’une des clés de la réussite, en Île-de-France comme ailleurs, c'est le remplacement des vieux tuyaux par une canalisation flambant neuve. "On arrive à le faire parce qu'on est un territoire important avec de nombreux usagers, c'est la facture d'eau qui permet de payer ces investissements. Notre objectif, c'est de renouveler 80 kilomètres par an, ce qui représente à peu près 1% de notre réseau", indique Claire Lefort, responsable du service canalisations au Syndicat des Eaux d'Île-de-France (Sedif). C'est deux fois plus de travaux de renouvellement que dans les Ardennes par exemple, où le prix de l'eau est identique. 

L’autre moyen pour limiter les pertes : détecter les fuites le plus tôt possible. Dans le centre de pilotage du Sedif, une dizaine de personnes surveillent le réseau d'eau en temps réel grâce à 1700 capteurs. Et plusieurs centaines d'autres appareils d'alerte de ce type doivent être déployés pour réduire au maximum le risque de fuite. Chaque année en France, un litre d’eau portable sur cinq n’arrive pas jusqu’à votre robinet.