Dans les Deux-Sèvres, de nombreux manifestants se sont rassemblés, ce samedi à Sainte-Soline, pour manifester contre un projet de réserve d'eau.Une "méga-bassine" qui fait débat.En quoi consiste exactement ce dispositif ?
Elles représentent l'équivalent d'une piscine pouvant mesurer jusqu'à 18 hectares, soit plus de dix terrains de football, sont creusées au beau milieu des champs, à dix ou quinze mètres de profondeur, avec, au fond, une bâche en plastique. Les "méga-bassines" construites pour pomper l'eau des nappes phréatiques sont au coeur d'un grand débat en France, alors que les milliers de manifestants ont affronté, samedi 29 octobre, les forces de l'ordre autour d'un projet de retenue d'eau à Saint-Soline dans les Deux-Sèvres.
Les "méga-bassines", sont des réserves de substitution à ciel ouvert qui peuvent stocker jusqu'à 650.000 m3 (soit 260 piscines olympiques) d'eau pour irriguer l'été, quand les précipitations se font plus rares. Celle de Sainte-Soline est la deuxième d'un projet de 16 élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour "baisser de 70% les prélèvements en été", dans cette région encore soumise à des restrictions d'irrigation après une sécheresse estivale hors norme. Mais depuis, une grande partie de ces projets rencontre une opposition. À juste titre ? Le 20H de TF1 fait le point sur ces retenues d'eau.
À quoi servent-elles ?
"Ce sont des réservoirs que l'on a creusés dans le sol et que l'on a étanchéifiés et qui vont nous servir à stocker de l'eau que l'on prend en hiver et que le restitue en été pour les besoins des éleveurs pour irriguer leurs cultures et nourrir leurs animaux", explique Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau 79 et agriculteur. Il existe une cinquantaine de bassines en Poitou-Charentes. Elles sont devenues nécessaires pour les agriculteurs touchés par la sécheresse, notamment ceux qui cultivent du maïs, très gourmand en eau.
Quand les remplit-on ?
Le risque avec ces bassines est d’assécher la nappe phréatique. Les pompages doivent donc se cantonner à des périodes de pluies intenses, et sont contrôlés par chaque préfecture. "Soit vous êtes en période de crue, c'est-à-dire de surabondance d'eau et là, vous prenez les eaux qui sont excessives, soit vous allez davantage prélever en partie souterraine, et là, vous avez besoin de vous assurer que les nappes sont suffisamment rechargées", détaille Benoît Grimonprez, chercheur en droit rural et de l'environnement et professeur à l'université de Poitiers (Vienne).
Sont-elles efficaces ?
Selon certaines associations de défense de l’environnement, près de 20% de l’eau pourrait être perdue avec ces bassines par simple évaporation. À plus long terme, des experts craignent que les bassins de rétention ne masquent un problème plus profond, celui de l’assèchement du sol. "Est-ce que l'investissement qu'on fait à bâtir ces retenues, quelque part il n'est pas un peu contreproductif par rapport à un autre investissement qu'on pourrait faire pour mieux adapter l'agriculture à des conditions qui vont évoluer ?", s'interroge Florence Habets, hydroclimatologue et directrice de recherche au CNRS.
Les scientifiques suggèrent, eux, plutôt de faire pousser des haies, des bosquets et de travailler la terre pour favoriser l'infiltration.