Le 13H

Sécheresse : ces agriculteurs reviennent à une vieille méthode pour nourrir leurs vaches

Léa Tintillier | Reportage TF1 Lorraine Poupon, Nathalie Chiesa
Publié le 27 octobre 2022 à 15h17
JT Perso
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Source : JT 13h Semaine

À cause de la sécheresse de cet été, les pâturages manquent d’herbe.
Alors en Aveyron, des éleveurs utilisent une méthode ancestrale pour s'en passer.

L’automne est là, mais les arbres ne perdent pas leurs feuilles. À cause du dérèglement climatique, les températures sont anormalement élevées. Le cycle des saisons est déréglé, comme en témoigne la couleur encore verte des feuillages, mais aussi parfois quelques bourgeons. 

En Aubrac en ce moment, ce sont justement les arbres qui permettent de nourrir les bêtes. Avec la sécheresse, les champs ont beau être verts, les pâturages manquent d’herbe. Alors les éleveurs utilisent une méthode ancestrale : ils nourrissent les vaches avec des feuilles plutôt que d’acheter du fourrage. "Ça permet d’éviter d’acheter du foin, c’est aussi simple que ça. Parce que moi, j’estime qu’une année comme cette année, c’est au moins deux camions de foin qu’on n’a pas achetés", soit 7000 euros économisés, explique à TF1 Christian Bonal, 58 ans. Cet éleveur de bovins, installé à Saint-Côme-d’Olt (Aveyron), a taillé cette année plusieurs centaines de frênes. 

Une solution en outre plus intéressante que le foin pour les bêtes. "Le fait de donner de la feuille de frêne, on a des animaux en bien meilleure santé, en bien meilleur état, puisqu’ils continuent à consommer un fourrage frais qui contient des vitamines", sourit Jean-François Bailleau, 59 ans, autre éleveur, près du village de Saint-Chély-d’Aubrac (Aveyron). Et les vaches raffolent des feuilles de frêne. Preuve en est : au bruit du tracteur ou de la tronçonneuse, elles s’attroupent sous les arbres et attendent la tombée des branches. 

Une pratique qui s’est perdue dans les années 1950

La pratique ne date pas d’hier. Les rangées de frênes qui bordent les parcelles du haut plateau ont été plantées par leurs aïeux dans le but de donner les feuilles aux animaux. "À l’époque, on les coupait à la hache", se souvient Marc Rozières, 59 ans, auprès de l’AFP. "Enfant, notre travail consistait à tirer les branches" afin que les bêtes ne se battent pas pour les attraper, et "à faire des fagots" de feuilles destinés aux veaux en hiver, poursuit le voisin de Christian Bonal. 

Cette pratique avait plusieurs avantages : elle offrait un complément fourrager, du bois pour chauffer l’hiver, et les arbres étaient conservés d’une année sur l’autre pour compenser le manque d’herbe en cas de sécheresse. Mais la pratique s’est un peu perdue à partir des années 1950 : "les exploitations se sont agrandies, on a intensifié la production et cette ressource qui n’était pas très productive a été délaissée", retrace Bernard Miquel, ex-conseiller en charge de la valorisation du bocage à la Chambre d’agriculture de l’Aveyron. Elle "ne s’est conservée que très marginalement", observe-t-il. Sur l’Aubrac, de rares personnes tel Christian Bonal ne l’ont jamais abandonnée. D’autres, comme Jean-François Bailleau, originaire de Basse-Normandie, l’ont découverte avec la sécheresse. 

On intervient "tous les cinq/dix ans pour tailler les branches au même niveau afin de stimuler la pousse", précise Ugolin Bourbon Denis, chargé de mission agro-environnement au Parc naturel de l'Aubrac. Cette "intervention peut apparaître agressive", mais permet de "fortifier l'arbre" et "de lui donner une grande longévité", dit-il. Elle a aussi "un vrai intérêt face au réchauffement climatique" : les arbres, bien enracinés, résistent mieux à la sècheresse.

"Ce n’est pas une solution possible à grande échelle"

Toutefois, la valeur nutritive des feuillages varie. Si le frêne dispose d'un fourrage riche, il est menacé par un champignon. L'Institut national de la recherche agronomique (Inrae) de Lusignan (Vienne) continue pourtant de l'étudier, avec d'autres essences, dont l'aulne et le mûrier blanc. "En Espagne et en Amérique du Nord, le mûrier blanc est une essence qui est très utilisée pour l'alimentation du bétail" et qui a du potentiel en France du fait du réchauffement climatique, explique Sandra Novak, ingénieure de recherche à l'Inrae.

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L'intérêt des arbres fourragers est pluriel : outre le complément de nourriture, ils constituent des réservoirs de biodiversité, apportent de l'ombre au bétail et aux cultures, favorisent le bien-être animal. Pour autant, "ce n'est pas une solution possible à grande échelle", tempère Hélène Alexandre, conseillère bovin viande à la chambre d'agriculture. La pratique est chronophage et risquée pour les personnes sans expérience de l'élagage. "Tous les ans, ajoute-t-elle, il y a des accidents."


Léa Tintillier | Reportage TF1 Lorraine Poupon, Nathalie Chiesa

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