Une décision "qui restera dans les mémoires" : pourquoi le sommet pour les espèces menacées est historique

Annick Berger avec AFP
Publié le 26 novembre 2022 à 11h02, mis à jour le 26 novembre 2022 à 11h08

Source : JT 20h WE

La conférence sur le commerce international des espèces menacées s'est clôturée vendredi au Panama.
Les États participant à cette COP19 ont signé un accord historique pour protéger une cinquantaine d'espèces de requins.
Une décision dénoncée notamment par le Japon.

C'est une décision historique, mais qui ne fait pas l'unanimité. Vendredi, au dernier jour de la 19e Conférence (COP19) de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées (CITES), les délégués des 183 États et de l'Union européenne ont frappé fort en signant un accord visant à protéger une cinquantaine d'espèces de requins menacés par le très lucratif trafic de leurs ailerons en Asie. 

Les pays participant au sommet ont décidé en séance plénière de réguler la pêche de 54 espèces de requins requiem et de requins-marteaux. Les squales ont été inscrits à l'Annexe II de la CITES limitant strictement le commerce de certaines espèces. Une mesure prise malgré l'opposition du Japon, concernant notamment le requin bleu, une espèce que Tokyo ne considère pas comme en danger. Un délégué a d'ailleurs exprimé la "vive préoccupation" de son pays, estimant que cette décision était "préjudiciable d'un point de vue social et économique" pour les pêcheurs japonais.

Un commerce à plusieurs milliards

Le commerce des ailerons de requins dépasse le demi-milliard de dollars par an (483 millions d'euros), alors qu'un kilo peut dépasser les 1000 dollars en Asie de l'Est. Le marché, paré de mythes autour des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques des ailerons, coûte la vie à près de 100 millions de requins chaque année, selon une estimation de l'ONG IFAW, soit plus du double que le nombre des prélèvements permettant de préserver l'espèce. "Les requins et les raies sont aujourd'hui le groupe d'espèces les plus menacées, plus menacées même que les éléphants et les grands félins", a assuré le directeur pour l'Amérique latine et les Caraïbes d'IFAW, Joaquin de la Torre lors du sommet. 

D'où la satisfaction de nombreux États et ONG qui ont qualifié la protection des squales de décision historique et qui "restera dans les mémoires comme le jour où nous avons inversé la tendance pour empêcher l'extinction des requins et des raies du monde", selon l'ONG Wildlife Conservation Society. 

Pas de commerce d'ivoire

La protection des requins et des raies n'est pas la seule décision d'importance prise au cours de cette COP19. Les participants ont également décidé de protéger plus de 160 espèces de "grenouilles de cristal" dont la peau transparente permet de voir les organes afin de réguler leur commerce. Ces batraciens nocturnes des forêts humides d'Amérique centrale et du Sud sont mis en danger en raison de leur forte demande sur le marché des animaux de compagnie. Une décision similaire a été prise pour une vingtaine d'espèces de tortues sur les continents américain et asiatique, et notamment la tortue matamata, un spécimen qui présente une impressionnante carapace épineuse et qui attise la convoitise des collectionneurs. 

Enfin, la CITES a rejeté la demande de plusieurs pays africains d'autoriser la reprise, même contrôlée, du commerce d'ivoire d'éléphant ainsi que le commerce régulé de cornes de rhinocéros blanc, comme le demandaient le Botswana, la Namibie et l'Eswatini. Ces pays arguaient que la vente légale de ces cornes auraient pu leur permettre de mieux financer la lutte contre le braconnage de ces animaux. 


Annick Berger avec AFP

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