Tourisme de masse : les sites touristiques français qui limitent les visites cet été

Publié le 2 juin 2023 à 17h51

Source : JT 13h Semaine

Face à l'afflux toujours plus important de touristes en France, des sites décident progressivement de limiter leur accès.
C'est le cas notamment d'une Calanque, dans le sud de la France, mais aussi du parc national de Port-Cros et de l'île de Bréhat.
Des fermetures décidées pour préserver ces écosystèmes fragiles.

La France est l'un des pays les plus touristiques au monde. Chaque année, des millions de personnes se rendent sur les plus beaux sites de l'Hexagone pour profiter de leurs vacances d'été. Si cet afflux est une manne économique de poids pour les localités à proximité de ces espaces, le tourisme de masse peut s'avérer être hautement néfaste pour des écosystèmes particulièrement fragiles. Pour tenter de les préserver, certaines régions ont donc décidé d'en limiter l'accès. TF1info fait le point sur les sites concernés. 

Calanque sur réservation près de Marseille

Expérimenté dans trois calanques à l'été 2022, le système de réservation mis en place dans ces espaces uniques des Bouches-du-Rhône va être prolongé pour la saison estivale 2023 dans la calanque de Sugiton et des Pierres Tombées, aux portes de Marseille. Pour s'y rendre, il va donc falloir réserver sa place pour le week-end du 17 et 18 juin, les 24 et 25 juin et les 9 et 10 septembre. Le système sera également en place tous les jours du 1er juillet au 3 septembre où seules 400 personnes par jour seront autorisées à se rendre dans l'étroite crique rocheuse, contre 2500 auparavant. 

Un quota de visiteurs prévu pour durer dans le temps, selon le parc national des calanques, car la surfréquentation du site provoque un phénomène d'érosion très marqué : les pas répétés des visiteurs poussent la terre en direction de la plage, mettant à nu les racines des arbres et limitant la pousse des jeunes végétaux. Des mesures d'autant plus importantes que la fréquentation du parc national des calanques est estimée à 3 millions de visiteurs par an. Si les quotas ne devraient pas être étendus aux autres calanques dans un avenir proche, il existe une "réflexion" pour limiter le nombre de visiteurs pouvant se rendre sur les îles du Frioul.

6000 visiteurs par jour à Prot-Cros

Dans le Var, le parc national de Port-Cros, qui comprend l'île de Porquerolles, va limiter sa fréquentation à 6000 visiteurs par jour pour le troisième été. La mesure sera mise en place à partir de fin juin et jusqu'au 31 août avec deux buts : protéger l'environnement et "maintenir une expérience touristique de qualité". Une "charte des bateliers" limite par contrat le nombre de passagers utilisant le service de transport maritime public par navettes. 

Confronté à un tourisme de masse qu'il peinait à limiter, ce parc national situé sur la Côte d'Azur, qui regroupe les îles de Porquerolles, Port-Cros et du Levant, considérées parmi les plus belles de Méditerranée, avait instauré dès 2021 des quotas de fréquentation, justifiant sa décision par l'arrivée de près de 10.000 personnes en une seule journée sur l'île de Porquerolles. Un site qui souffre depuis plusieurs années d'un manque chronique d'eau potable, obligeant les autorités varoises à en acheminer chaque saison à l'aide de rotations par bateau-citerne.

Pas de montée sans réservation au mont Blanc

Alors que chaque année plus de 25.000 personnes partent à l'assaut du mont Blanc, la préfecture de Haute-Savoie a décidé dès 2019 de limiter l'accès au point culminant des Alpes. Désormais, pas plus de 214 alpinistes peuvent s'y rendre, soit le nombre de lits réservables dans les trois refuges du Nid d'Aigle, de la Tête rousse et du Goûter. Une mesure qui entre en vigueur durant la période d'ouverture des refuges, de mi-mai à fin septembre et qui vise à réduire les risques d'accidents et le nombre de déchets laissés par les alpinistes en altitude.

La haute montagne souffre en effet particulièrement de la surfréquentation touristique et les dangers se multiplient sur les massifs en raison du changement climatique dû aux activités humaines, entraînant une fonte des glaciers et un plus grand risque de chutes de pierres, d'éboulements et d'effondrements. 

L'île de Bréhat dit stop

Dernier site en date à avoir décidé d'instaurer des quotas pour cet été : l'île de Bréhat en Bretagne. Celle qui est surnommée "la perle des Côtes d'Armor" va limiter les personnes autorisées à prendre la navette chaque jour pour éviter la surfréquentation. En 2022, lors des journées les plus chargées, plus de 6000 personnes ont ainsi débarqué sur la petite île bretonne de 3 km². Désormais, entre le 14 juillet et le 25 août, seules 4700 personnes seront autorisées à s'y rendre le matin. Le dispositif sera, lui, évalué en fin de saison en vue d'une éventuelle prolongation sur l'été 2024. 

Des systèmes qui ont prouvé leur efficacité ces dernières années pour préserver la biodiversité des sites. D'autres pourraient ainsi suivre l'exemple. En Corse, les îles Lavezzi en face de Bonifacio réfléchissent à limiter leur nombre de visiteurs cet été à 200 personnes chaque jour contre 3000 à 3500 actuellement. Une mesure qui devait déjà être appliquée en 2022, mais qui n'a jamais vu le jour alors que, chaque année, 250.000 visiteurs se rendent sur les îlots, soit bien plus que la capacité maximale estimée par les scientifiques s'élevait à 200.000. Toujours sur l'île de Beauté, le GR20 envisage également de mettre en place des quotas pour protéger ses espaces naturels. 


Annick BERGER

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