Les Français devront attendre décembre pour vérifier s'ils sont éligibles au leasing social promis par Emmanuel Macron.Les premiers véhicules seront disponibles en début d'année et le dispositif devrait concerner 20.000 voitures en 2024.Il ne devrait pas y avoir d'autres critères d'attribution que celui des revenus.
Un engagement qui date de la dernière campagne présidentielle. Le 17 mars 2022, Emmanuel Macron avait annoncé le déploiement d'"une offre abordable de véhicules électriques […] en mettant en place des mécanismes de leasing pour accompagner les ménages les plus modestes". Depuis, des éléments ont été dévoilés, dont un calendrier : fin octobre, Bruno Le Maire avait notamment évoqué une mise en œuvre du dispositif de réservation en novembre, avec des premières voitures disponibles début 2024.
Mais pour l'heure, cette plateforme de réservation n'existe pas. Selon nos informations, elle sera déployée courant décembre et pourrait faire l'objet d'une communication présidentielle. L'objectif demeure de tenir la promesse en ouvrant cette possibilité d'ici à la fin de l'année.
Les autres critères abandonnés ?
Quels seront les critères d'accès à ce dispositif ? Seule certitude à ce jour : le critère social. Selon les éléments retenus, 50% de la population française est concernée (les cinq premiers déciles), avec un revenu fiscal de référence de maximum 14.700 euros par personne.
Selon plusieurs sources gouvernementales, les autres critères ont été abandonnés ; même si la validation des services de la Première ministre est toujours attendue. Un décret devrait le dire avec certitude "dans les jours ou semaines qui viennent", précise l'exécutif.
C'est compliqué de cibler des professions
Entourage d'Elisabeth Borne
Au sein du gouvernement, certains voulaient, un temps, cibler des personnes dont la profession implique de nombreux déplacements : les infirmières, par exemple. Mais celles-ci se situaient, pour beaucoup, au-dessus des cinq premiers déciles. "C'est un sujet qu'on a abordé, mais c'est compliqué de cibler des professions", commente l'entourage d'Élisabeth Borne. "Il faut expliquer quelles professions vous ciblez et pourquoi, ça pose plein de questions." Avec des difficultés juridiques à la clé.
D'autres voulaient imposer des critères géographiques. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, souhaitait notamment réserver dans un premier temps ce leasing aux habitants des agglomérations dont une partie est classée ZFE (zone à fortes émissions) : Paris, Lyon, Marseille et Strasbourg. D'autres encore défendaient l'idée de départements tests, avec un leasing social déployé, là aussi dans un premier temps, dans les zones avec un bon maillage en bornes électriques. Au-delà de faire débat, toutes ces options s'accompagnaient surtout de nombreuses difficultés juridiques.
Peu de modèles de voitures éligibles
À ce stade, Matignon assure que le choix des critères n'a pas définitivement été tranché. Mais ces pistes semblent bel et bien abandonnées. Avec une crainte, soulignée par un député de la majorité : "Si le dispositif remporte un franc succès, ce qu'on espère, que va-t-on dire aux Français ? Rendez-vous l'année prochaine ?"
"Il est très difficile d'estimer la demande", relativise-t-on au gouvernement, tout en admettant : "Le premier arrivé, premier servi pourrait faire des déçus."
"Mais c'est déjà la logique à l'œuvre dans l'industrie", poursuit-on. "Chaque loueur ou concessionnaire pourra gérer ses priorités en fonction de ses clients. Et le dispositif va monter en puissance, avec des capacités de production qui vont augmenter."
Car pour l'heure, peu de modèles de voitures sont éligibles. Au total, le leasing social ne devrait donc concerner que 20.000 véhicules en 2024, même si ce chiffre est amené à croître.
Pour rejoindre le dispositif, les véhicules doivent répondre aux mêmes critères que ceux définis pour les voitures éligibles au bonus écologique, à savoir, disposer de l'empreinte carbone la plus faible possible, et donc être produites en Europe. Les trois premiers modèles concernés sont la nouvelle Citroën ë-C3, la Renault Twingo E-Tech et la Fiat 500e.
Renault a par ailleurs annoncé mercredi le lancement en 2025 d'une nouvelle voiture électrique à moins de 20.000 euros, pour l'heure baptisée "Legend", mais il est trop tôt pour dire s'il fera partie des modèles disponibles pour le leasing social.
Les voitures d'occasion entreront-elles dans le leasing social ? Ce point n'a pas encore été tranché. Il faut dire que, pour l'instant, cela représente quelques milliers de véhicules en circulation seulement. À terme, elles pourraient cependant venir grossir les rangs des voitures disponibles. Enfin, il y aura bien une part maximale d'aide de l'État sur le montant total d'un véhicule, mais, là encore, ce seuil n'a pas été dévoilé.
Le premier loyer sera pris en charge par l'État, pour permettre aux ménages concernés de ne pas avoir à faire d'apport. Ensuite, ce sera un loyer aux environs de 100 euros par mois (cela pourra être un peu moins ou un peu plus selon les modèles), auxquels il faudra ajouter le coût de l'assurance et de l'entretien.