Zones à faibles émissions : les Français loin d'être convaincus, selon une consultation du Sénat

par A. Lo.
Publié le 25 mai 2023 à 16h24

Source : JT 20h Semaine

Le Sénat a organisé une consultation publique sur les zones à faibles émissions, ou ZFE.
86% des participants seraient défavorables au dispositif, selon les résultats de ce qui n'est pas un "sondage représentatif".
Les résultats souligneraient néanmoins les "nombreuses inquiétudes" des Français sur le sujet.

Les Français, peu convaincus par les ZFE ? C'est ce qu'en déduit le Sénat, qui a mené une consultation en ligne et ouverte à toute participation sur les zones à faibles émissions. Un moyen d'évaluer la réception de ce dispositif, dont le déploiement a débuté dans onze métropoles et qui doit se généraliser d'ici à 2025. 

Or, selon les résultats présentés en conférence de presse ce jeudi 25 mai par le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot (LR), le dispositif rencontrerait une "très faible acceptabilité" de la population, avec 86% des particuliers qui s'y déclarent défavorables.

"Exclusion sociale", "usine à gaz"...

Basée sur le principe du volontariat, et lancée en ligne du 17 avril au 14 mai, la consultation a reçu plus de 51.300 réponses de citoyens, un "record", selon les sénateurs. 93% des répondants sont des particuliers, les 7% restants des professionnels. "Ce 'succès' témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s'il s'agit d'une consultation basée sur le principe du volontariat et non d'un sondage représentatif", a estimé Philippe Tabarot, également rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin.

Au total, 86% des particuliers et 79% des professionnels ayant répondu à la vingtaine de questions posées par les sénateurs se disent opposés au déploiement des ZFE. Les participants ont régulièrement dénoncé l'"exclusion sociale" que ces zones créent ou qu'il s'agit d'une "usine à gaz". Même certains répondants favorables à la mesure pointent les difficultés de mise en place, tout en se félicitant que les ZFE aient un impact sur la pollution atmosphérique.

Parmi les enseignements identifiés par un spécialiste de la donnée, plus un répondant vit loin du centre de l'agglomération, plus il a tendance à être défavorable aux ZFE. Seuls 8% des habitants de communes rurales y sont favorables, contre 23% des habitants de centre-ville. Le fait de disposer de solutions alternatives à la voiture influence par ailleurs fortement les réponses. Enfin, le ressenti varie beaucoup selon la catégorie socioprofessionnelle, 25% des cadres étant favorables aux ZFE contre 11% des employés et 4% des ouvriers.

Le premier frein au déploiement des ZFE réside dans le coût d'acquisition des véhicules propres, jugé trop élevé pour 77% des particuliers, devant l'accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51%) et l'insuffisance d'offres de transports alternatifs (42%). Certains dénoncent par ailleurs une mise en œuvre trop rapide. 

Malgré la menace, à terme, d'une amende, 83% des particuliers n'envisagent pas pour autant de changer de véhicule. À ce stade, les ZFE échouent donc à produire les changements de comportement attendus parmi les citoyens. "Il est évident qu'il y a une désynchronisation entre le calendrier des ZFE et l'avancée des alternatives à la voiture, et l'idée est de se dire qu'il faut synchroniser l'accélération des mesures d'accompagnement", a commenté le sénateur Philippe Tabarot.


A. Lo.

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