Bac 2019 : pourquoi si l’on repassait l'examen aujourd’hui, on ne l’aurait (sans doute) pas ?

Publié le 7 juin 2019 à 8h00

Source : Sujet JT LCI

CONNAISSANCES À DURÉE LIMITÉE - Vous imaginez-vous (re)plancher quatre heures sur un sujet de philosophie ou d’histoire-géographie ? Trois heures sur un sujet de mathématiques ? Vous êtes peut-être persuadés qu'en 2019 vous n’obtiendriez pas la moyenne. Et vous avez probablement raison. Voici notamment pourquoi.

La question vous a peut-être déjà traversé l’esprit, courant juin, quand le journal télévisé, la radio, votre nièce ou le fils d’un ami vous rappelle que ça y est, la (nouvelle) saison du bac a sonné. Et si vous le (re)passiez aujourd’hui, obtiendrez-vous cette fois la moyenne ? Vous concernant, cela fait cinq, dix, vingt ans peut-être que vous avez planché des heures dans une salle d’examens en vue de décrocher le précieux sésame. Et depuis, à moins d’en avoir fait votre métier ou votre passion, vous n’avez plus jamais confronté vos connaissances en philosophie, en histoire-géographie ou encore en mathématiques. 

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      Une petite voix vous murmure qu’en 2019 vous ne sortiriez sans doute pas une deuxième fois victorieux de ce "rite de passage" qu’est le bac ? Et bien, un certain nombre de recherches sur la mémoire, plus ou moins contemporaines, tendent à lui donner raison.

      "Une fois que l’examen est passé, on oublie tout"

      "Bien souvent quand on est à l’école, on apprend par cœur tous les jours, encore et encore. Et une fois que l’examen est passé, on oublie tout", résume Jean-Yves Ponce, spécialiste de l’hyper-mémorisation et auteur de plusieurs ouvrages sur la question dont Napoléon joue de la cornemuse dans un bus et Une mémoire extraordinaire. "C’est assez effrayant d’ailleurs de constater à quel point et quelle vitesse", poursuit-il. Et de détailler : "Vous allez répéter pendant vos examens, en vue de vos révisions et une fois le jour J passé, c’est très rapide au bout de quelques jours vous allez déjà oublier beaucoup de choses. Des études ont ainsi montré qu’au bout de trois mois environ, vous avez déjà oublié 65 à 70% de ce que vous avez mémorisé si vous n’avez effectué que de l’apprentissage par cœur donc des répétitions bêtes et méchantes si je puis dire".

      Ainsi, tout porte à penser que si le bachotage sur une période condensée peut (parfois) permettre de réussir un examen, comme le bac, le bénéfice n’en reste pas moins limité dans le temps.

      Ce que l’on apprend et qui n’est pas exploité s’oublie

      Parmi les nombreuses études effectuées sur la question, les travaux sur la pyramide d’apprentissage attribués à Edgar Dale pour son "cône de l’apprentissage" développé dans les années 40 restent une référence. Ce sont d’ailleurs sur ses recherches que s’est appuyé vingt ans plus tard l’Institut NTL (National Training Laboratorie), pour affirmer, entre autres, que 80 à 90 % de ce que l’on apprend et qui n’est pas exploité, s’oublie. 

      Selon les chercheurs, sans méthode spécifique, la majorité des personnes se souvient ainsi en général  de 5% de ce qui est appris pendant une conférence (universitaires/cours), de 10% de ce qui est lu (livres, articles), de 20% de ce qui est entendu ou ce qui est vu (applications audio, vidéo), de 30% de ce qui est vu lors d’une démonstration, de 50% de ce qui est appris dans une discussion de groupe, de 75% de ce qui est appris en pratiquant et enfin de 90% de ce qui est appris et utilisé immédiatement ou enseigné aux autres. Mais dès le 19e siècle, la théorie de la "courbe de l’oubli"  d'Hermann Ebbinghaus soulignait la façon dont nous oublions des informations au fil du temps, sans effort pour les retenir. 

      La "stratégie de mémorisation" en question

      Tout est donc question de "stratégie de mémorisation", insiste Jean-Yves Ponce, qui rappelle ce qui distingue les différentes formes de mémoire. "La mémoire à court terme ne peut pas stocker beaucoup d’éléments. Elle est un peu comme un post-it avec une contenance limitée. La conséquence, c’est que lorsqu’on se retrouve confronté à devoir réviser vite quelque chose de complexe avec beaucoup d’informations, qu’on n’est pas certain d’avoir compris de surcroît, la mémoire à court terme qui doit se recharger vite va faire des sacrifices. Elle va sacrifier ce qu’elle ne comprend pas et ce qui est inutile à ses yeux", explique-t-il. Au contraire, "à force de répétitions, on fait entrer les informations dans la mémoire à moyen terme voire dans la mémoire à long terme où il n’est normalement plus possible d’oublier les informations transférées".

      Mais pour savoir si oui ou non le bachelier pas tout frais que vous êtes décrocherait à nouveau la moyenne à l’examen, encore faudrait-il seulement se rappeler du type de mémoire qui avait été sollicitée à l’époque de la scolarité et des révisions. Et surtout si certaines informations alors emmagasinées avaient pu l’être en pratiquant, ou tout du moins être utilisées dans la foulée voire transmises à un tiers, selon les enseignements de la fameuse pyramide d’apprentissage d'Edgar Dale... En cas de doute, rien ne vous empêche de vous jeter à l’eau dès le 17 juin, et de consulter au jour le jour les corrigés des sujets sur notre site.

      Des triplés passent leur bac en même tempsSource : JT 13h Semaine

      Retrouvez toutes les informations sur le bac 2019 sur notre page spéciale.


      Audrey LE GUELLEC

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