Le bac 2023 se poursuit cette semaine pour les candidats, près de trois mois après les épreuves de spécialité.Au menu notamment, l'écrit philosophie, l'une des matières les plus redoutées des lycéens, qui a lieu ce mercredi 14 juin.Voici comment bien vous préparer et ne pas faire d'erreur le jour J.
Le bac ne serait pas le bac sans la philosophie. Près de trois mois après les épreuves de spécialité, qui ont lieu fin mars, les candidats du baccalauréat général et technologique se préparent à plancher sur leurs sujets, pendant quatre heures au maximum, ce mercredi 14 juin. Que faire pour réussir au mieux son épreuve ? Quelles erreurs ne pas commettre ? Comment rédiger sa dissertation ? Son commentaire de texte ? TF1info vous donne quelques conseils de professeurs de philo avec l'aide de notre partenaire Studyrama.
Les résultats des examens 2023
Premier résultats disponibles à partir du 4 juillet 2023 à 8h30. Seuls les candidats admis et admissibles ayant consenti à la publication de leurs résultats sont affichésAvant le jour J, comment se préparer ?
Comme toutes les épreuves du bac, la philosophie se prépare en amont avec un bon planning de révision. Le nez déjà plongé dans vos fiches, "il faut avant tout apprendre à les synthétiser encore plus, c'est-à-dire être capable en cinq minutes de voir l'essentiel de ce qui est dit", affirme Jean-Jacques Sarfati, professeur de philosophie, interrogé Studyrama. Ensuite, vous pouvez effectuer un petit exercice, sur des sujets qui vous intéressent : écrire par exemple une question importante (La vie a-t-elle un sens ? La vérité est-elle relative ? Y a-t-il des valeurs universelles ? L’État est-il facteur d’oppression ou de liberté ?) et faire deux colonnes. Dans l’une, mettez-y les arguments POUR et dans l’autre les arguments CONTRE.
Si vous avez bien réfléchi à la question, vous devriez trouver plusieurs arguments dans chaque colonne. Si vous ne trouvez que des arguments dans une colonne, c’est que vous n’avez pas assez étudié ou réfléchi pour comprendre le point de vue adverse au vôtre. Ce petit exercice vous préparera à l’épreuve de philosophie, où vous devez être capable d’argumenter dans des sens différents, et "penser contre vous-même".
Le site Wikidébats donne des exemples nombreux de débats avec une balance d’arguments POUR/CONTRE sur différents sujets, en général politiques, mais parfois philosophiques (voir par exemple le sujet "Dieu existe-t-il ?" sur ce site). Par ailleurs, n'hésitez pas à vous abonner sur Twitter à des comptes comme ceux de Philosophie magazine (@philomag), Chemins de la philo (@Philochemins), ou encore Sciences Humaines (@SH_mag).
Comment s’organiser le jour de l’épreuve ?
La gestion du temps est très importante. L'épreuve durant quatre heures, vous devez "passer 20 minutes à une demi-heure pour choisir votre sujet", conseille Jean-Jacques Sarfati. Par ailleurs, vous devez prendre le sujet avec lequel vous voyez le mieux le plan que vous ferez, c’est-à-dire le sujet pour lequel vous avez en tête des arguments allant dans les deux sens : OUI et NON ou POUR et CONTRE.
Attention aussi à ne jamais partir avec une idée préconçue et se dire : "Moi je vais choisir la dissertation ou moi je vais choisir le commentaire de texte", en pensant par exemple que l'explication de texte est plus facile "parce qu'il n'y a pas de cours à mobiliser". "Je considère au contraire que c'est plus difficile que la dissertation", prévient le professeur de philosophie. "Parce que si vous n'avez pas bien compris les enjeux de la notion dont le texte parle, vous ne rentrerez pas dans le cœur du texte. Autre difficulté, l'objectif de l'explication de texte, c'est d'expliquer la pensée de quelqu'un d'autre. C'est déjà difficile d'expliquer sa propre pensée, donc expliquer la pensée d'un autre, cela suppose deux exercices : d'une part, comprendre l'autre et ensuite se faire comprendre par quelqu'un d'autre", argumente-t-il.
Comment rédiger une bonne dissertation de philo ?
"L’épreuve de philosophie commence en général par une question, parfois par une citation. Dans ce dernier cas, qui peut vous désarçonner, il faut transformer la citation en une question (Exemple : citation 'Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face'. Question : 'L’homme peut-il supporter de regarder la mort en face ?' Ou encore : 'Est-il possible de penser la mort ?')", explique Emmanuel Juste Duits, professeur de philosophie.
Ensuite, il faut comprendre le sens de l’épreuve. "Une épreuve de philosophie vous demande d’explorer plusieurs réponses à une question, voir leurs points forts et leurs points faibles, et à la fin de cet examen, proposer votre point de vue. Il ne s’agit donc pas de donner au départ votre opinion, ni la 'bonne réponse' (il n’y en a pas forcément d’ailleurs !), mais d’expliquer et développer plusieurs réponses possibles à la question posée", poursuit le professeur de philosophie. "Par exemple, dans une question comme 'Le bonheur est-il inaccessible à l’homme ?', vous avez trois réponses possibles : 'il est accessible' ; 'il est inaccessible' ; 'un état de sérénité est accessible'. Vous devrez envisager ces trois réponses et les argumenter, en commençant par celle qui vous paraît la plus simple et la plus évidente", ajoute-t-il.
Comment réussir un commentaire de texte ?
En ce qui concerne le commentaire de texte, "il faudra faire l’inverse d’un résumé", prévient Emmanuel Juste Duits. Et de préciser : "Vous aurez un texte de 10 ou 15 lignes que vous devrez développer. D'abord, vous devrez le comprendre, le découper en arguments principaux (un argument peut correspondre à une phrase, une phrase coupée par un point-virgule ou plusieurs phrases). Lorsque vous rencontrerez une idée générale, vous devrez dans votre commentaire donner un exemple pour montrer que vous l’avez comprise (idée dans un texte : 'les sens sont trompeurs' ; exemple dans le commentaire : un mirage dans le désert ou un bâton plongé dans l’eau qui paraît cassé). Inversement, si dans le texte l’auteur donne un exemple, dans votre commentaire vous devrez remonter à l’idée qu’il cherche à exprimer. Enfin, si l’auteur recourt à l’allégorie (Machiavel : 'le Prince doit être lion et renard'), vous devez expliquer cette allégorie (ce qu’est 'être un lion' : fort, cruel, charismatique ; et 'être un renard' : malin, flatteur, hypocrite)".
Avec quelle méthodologie ?
Que vous preniez la dissertation ou le commentaire, il faut d'abord rédiger un plan, en 2 ou 3 parties. C'est un excellent aide-mémoire et un guide pour la rédaction. Concernant l'introduction et la conclusion, "il y a un préjugé qui dit qu'il faut les rédiger avant, je soutiens exactement le contraire", avance Jean-Jacques Sarfati. "Je considère qu'il faut mettre au brouillon, les grandes lignes de l'introduction qu'on va soutenir, ensuite laisser une place, à peu près une page, et rédiger son introduction à la fin parce que c'est un moment très important dans la copie, donc il faut absolument la soigner. Aristote disait d'ailleurs à ce sujet : 'On ne sait vraiment ce qu'on veut dire qu'à la fin'", assure le professeur de philosophie.
En général, l'introduction part si possible du plus général pour revenir à la question posée dans le sujet. "Ensuite, concrètement, il faut oublier l'idée d'accrocher le lecteur. Ce qu'il faut, c'est véritablement introduire, cela veut dire qu'il faut présenter le sujet, présenter la question, donner envie à celui qui va vous lire d'aller plus loin", indique Jean-Jacques Sarfati. Enfin, la conclusion est plus libre, vous y exprimez votre point de vue. "La conclusion doit répondre en quelque sorte à la question posée et elle doit donner une solution à la problématique qu'on a soulevé en récapitulant les grands points qui ont été évoquée dans votre travail". Pour 4 heures d’épreuve en spécialité Humanités, Littérature et Philosophie, il faut compter environ 1 page manuscrite d’introduction, environ 3 pages de développement et à peu près 1 page de conclusion.
Y a-t-il des astuces pour gagner des points ?
Il y a d’abord des choses à éviter ! "Ce n’est pas parce qu’il s’agit de philosophie qu’il faut faire des phrases compliquées avec de grands mots. Vous devez faire des phrases courtes, ou en tout cas que vous comprenez, et être le plus clair et logique possible", souligne Emmanuel Juste Duits, précisant "lorsque vous avancez un argument, évitez de dire 'il est certain que' ou 'ceci prouve que' ; soyez plus prudent et dites 'ceci tend à montrer que'".
Autre subtilité de notre professeur de philosophie : "après une idée générale, il est utile de s’appuyer sur un exemple concret", assure-t-il, exemple à l'appui. "Ainsi, dans un devoir sur le temps, dire que 'le temps est relatif, il passe de façon différente selon notre état de conscience', ne sera pas très clair ; en revanche, si vous ajoutez : 'Quand on est chez le dentiste, 2 minutes de fraise passent très lentement, le temps se dilate, alors qu’à une fête avec des amis, 2 minutes passent très vite, le temps se raccourci', ces exemples donneront une épaisseur concrète à votre propos. C’est le cas pour toutes les idées abstraites, elles ont toujours besoin d’exemples, qui peuvent être empruntés à la vie quotidienne, mais aussi à la littérature, l’histoire, la science… Il ne faut pas aussi hésiter à s’appuyer sur l’expérience courante pour en tirer des réflexions philosophiques", conclut-il.
Bac, brevet, BTS… Les résultats des principaux examens sont à retrouver sur TF1info. Rendez-vous entre la fin juin et la mi-juillet dès leur publication par le ministère de l'Éducation nationale.
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