VIDÉO - Bac de philo 2019 : les propositions de corrigés de Raphaël Enthoven sur le temps et la liberté

Publié le 17 juin 2019 à 12h23

Source : Sujet TF1 Info

CORRIGES - Alors que les 554.000 candidats des bacs généraux et technologiques ont planché lundi matin sur l'épreuve de philosophie, le médiatique philosophe a livré sur le plateau de l'émission "Audrey and Co" deux propositions de sujets corrigés.

"Est-il possible d'échapper au temps ?", "reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?". Voici deux questions philosophiques figurant parmi les sujets proposés aux élèves ce lundi matin pour le coup d'envoi du baccalauréat 2019. Invité sur le plateau de l'émission "Audrey and Co", le professeur de philosophie Raphael Enthoven a proposé pour chacun d'eux un corrigé. 

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      "Est-il possible d'échapper au temps ?"

      "C'est un sujet génial", a tout d'abord réagi Raphael Enthoven en découvrant celui intitulé : "Est-il possible d'échapper au temps ?" Et de s'expliquer : "Il y a une anecdote concernant Lamartine connu comme celui qui a dit 'Ô temps ! Suspends ton vol' et Alain, le prof de philo, qui commençait son cours avec cette citation en disant : 'OK mais pour combien de temps'. Ce qui était une façon de dire que précisément, on n'échappait pas au temps."

      On ne peut pas échapper au temps, c’est impossible
      Raphaël Enthoven sur LCI

      Cette parenthèse faite, voici donc la proposition du médiatique philosophe sur la question :

      "Moi, je commencerais par donner sa chance à l'idée selon laquelle on ne peut pas échapper au temps, c’est impossible. Et pour ça, je me servirais de Julio Iglesias : 'Non, toi non plus tu n'as pas changé'. Ce qui est exactement le compliment d'un mufle à une vielle dame, ça veut dire que moi je n'ai pas changé, que toi, ta peau est flétrie, ta voix grelotte mais tu as toujours quelque chose dans le regard qui te ressemble un peu. Ce qui est une façon de nier chez soi-même, le passage du temps mais d'en accuser l'autre."

      "Dans la deuxième partie, on cite Spinoza qui explique que nous expérimentons le fait d'être éternels et cela vient du fait que nous portons en nous une éternité mathématique dont nous pouvons aussi être les porte-parole et les découvreurs, et en cela nous avons quelque chose d'éternels. Reste que cette éternité qui nous permet d'échapper au temps, ne nous fait pas échapper au temps, nous continuons d’être dans le temps. Alors commenté échapper au temps tout en restant soi-même ?

      C'est l'objet d'une troisième partie en citant Proust, c’est à dire qu'on va chercher l'éternité pas dans l'éternité d'un théorème mais dans l’éternité paradoxale d'une sensation. C'est de cette façon là, de l'intérieur même du temps qu'on peut lui échapper."

      "Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?"

       Pour ce qui est du second sujet soumis à correction au professeur, voici sa proposition, livrée en direct sur le plateau de LCI :

      La liberté c'est l'absence de contrainte
      Raphaël Enthoven sur LCI

      "Il faut avoir l'oreille musicale quand on fait de la philo et entendre les oppositions même quand elles sont spectaculaires. Le devoir c'est une contrainte, la liberté c'est l'absence de contrainte, il faut commencer par opposer les deux choses. Pour moi c'est un sujet politique un truc comme ça, donc effectivement on peut commencer par investir toute la question de l'esclavage qui n'est pas libre évidemment et sans aller jusque là de l'obligation qui nous est faite de respecter l'autre. Et y voir aussi des entraves à la liberté pour dire ensuite que dans un monde où il n'y a pas ce genre de contraintes, il y a encore moins de libertés : la liberté du renard dans le poulailler, c'est la liberté de personne, ni des poules ni du renard. Par conséquent, il faut des devoirs comme condition de la liberté, il faut des règles. A quoi on peut répondre et conclure dans une troisième partie que la liberté peut être elle-même redéfinie parce que les deux premières parties envisagent la liberté sous l'angle individuel. Or, si on la pense collectivement alors le devoir est une condition de la liberté au lieu d’être son antithèse et ça culmine dans un mot qui combine devoir et liberté, qui est le mot 'engagement'."


      La rédaction de TF1info

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