ÉCOLE - Plus de 300 professeurs se sont engagés, dans une tribune publiée sur "Slate", à ne plus enseigner la règle grammaticale aujourd'hui en vigueur qui veut que le "masculin l'emporte sur le féminin".
Alors que le débat sur l’écriture inclusive fait rage, 314 professeurs et professeures enseignant la langue française ont publié sur Slate une tribune dans laquelle ils expliquent pourquoi ils ont choisi de ne plus enseigner la règle du "masculin l’emporte sur le féminin", qui veut que, quel que soit le sexe des membres d'un groupe, il suffise qu'un homme en fasse partie pour qu'ils soient désignés par un terme masculin.
Tous se sont rassemblés à l’initiative d’Eliane Viennot, professeure de littérature française de la Renaissance à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. "Je fais de la recherche depuis plusieurs années sur ce sujet. Il y a trois ans, j’ai sorti un livre intitulé Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française. Grâce à cet ouvrage, j’ai donné beaucoup de conférences et j’ai rencontré de nombreux professeurs qui me disaient qu’il est de plus en plus compliqué pour eux d’enseigner aux enfants cette règle qu’ils n’estiment pas légitime et pas en phase avec notre société. J’en ai également rencontré qui m’expliquaient qu’ils avaient renoncé depuis plusieurs années et apprenaient déjà aux élèves les alternatives disponibles comme l'accord de proximité et l'accord de majorité."
Au mois de mai dernier, Eliane Viennot contacte alors certains de ces professeurs pour leur soumettre l’idée de publier un manifeste expliquant "qu'elles et ils" n'enseigneront plus cette règle et appelant la société à leur emboîter le pas. "Depuis, le débat sur l’écriture inclusive nous est tombé dessus. Il a sûrement permis à notre combat d’être plus audible", ajoute-t-elle, alors que l'ancestrale institution de l'Académie française a livré il y a quelques temps un avis tranché sur la question.
La règle du "masculin l'emporte sur le féminin" instaurée au XVIIe siècle
Dans leur tribune, les professeurs signataires expliquent ainsi que la règle voulant que le masculin l'emporte sur le féminin n’a pas toujours fait autorité. Elle a en effet été mise au point au XVIIe siècle. Avant cela, on pratiquait l’accord de proximité, venu du latin, qui veut que l’on accorde les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus proche. Exemple : les hommes et les femmes sont belles. Ils expliquent également qu’ils ne souhaitent pas enseigner la règle du masculin l’emporte sur le féminin à cause de la valeur qui est à son fondement, à savoir que le genre masculin est plus noble et prévaut contre deux ou plusieurs féminins. Enfin, les professeurs et professeures expliquent que la règle actuellement en vigueur "induit des représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la domination d’un sexe sur l’autre".
Attention toutefois, les signataires ne se prononcent pas pour l’écriture inclusive, seulement sur la nécessité d'abandonner cette formule misogyne et sa règle. Eliane Viennot affirme pour sa part : "Je suis pour le langage inclusif, pour l'utilisation des féminins des noms de fonctions, pour le remplacement du mot 'homme' par 'humain' quand on parle de l'humanité, et je n'utilise le point du milieu que pour les termes qui n'ont qu'un 'e' de différence (voisin·e), voire une consonne redoublée (historien·ne)" explique-t-elle. "Le protocole n’est pas encore au point. Il faut ouvrir une discussion technique à ce sujet, et non hystérique…"
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