INITIATIVE - Depuis mi-septembre, les victimes d’insultes et agressions à caractère sexiste, raciste et homophobe sont invitées à témoigner sur une page Facebook créée par une étudiante toulousaine.
Compliments insistants, mains baladeuses, insultes… Les victimes toulousaines de ces comportements déplaisants voire traumatisants sortent de leur silence. Leurs témoignages affluent depuis un mois sur la page Facebook "Stop au harcèlement de rue – Toulouse".
Derrière cette initiative, se cache une étudiante en droit qui a voulu exprimer son ras-le-bol après une énième mauvaise rencontre. Le 13 septembre dernier, avec quatre de ses amies, la jeune femme - qui préfère garder l’anonymat - s’est fait abordée puis poursuivre dans la rue par un groupe de jeunes. Malgré l’intervention d’un homme qui a manqué de se faire "taper dessus", la situation ne s’est pas arrangée. "Il a fallu qu’on leur demande gentiment, avec nos plus beaux sourires, de nous laisser tranquilles pour qu’ils partent enfin", dit-elle.
Dès le lendemain, l’étudiante décide donc de créer un espace "où les victimes pourront témoigner, seront soutenues et où personne ne leur dira que ce n’est pas grave". Depuis, plus de 1800 personnes ont "liké" sa page Facebook – calquée sur celles nées dans d’autres villes - et des récits édifiants sont publiés chaque jour.
Stratégies d’évitement et d’auto-restriction
"C’est la preuve qu’il y a un vrai problème, note Emilie Teyssèdre, porte-parole d’Osez le féminisme 31. Les femmes sont trop souvent renvoyées à un statut d’objet sexuel." Selon elle, c’est une question d’éducation. "Il serait bon de sensibiliser les enfants à l’égalité homme-femme dès l’école et de déculpabliser les filles. Il n’est pas normal qu’aujourd’hui, les femmes mettent en place des stratégies d’évitement, d’auto-restriction, pour être tranquilles lorsqu’elles sortent dans la rue !"
Cette autocensure, les personnes LGBT en sont également familières. "Les homosexuels et transsexuels ont depuis longtemps intériorisé le fait qu’en se rendant "visibles" ils s’exposent à des plaisanteries de mauvais goût, des crachats, des insultes", souligne Florence Bertocchio, de l’association Arc en ciel. Pour éviter les insultes, ils préfèrent donc jouer la discrétion.
Un phénomène difficilement quantifiable, pas propre à la ville rose, mais qui inquiète néanmoins certaines quadras "qui ne reconnaissent plus la ville où elles ont étudié et où elles sortaient avant sans problème", souligne la créatrice de la page Facebook, citant des témoignages qu’elle a reçu. La jeune femme espère que son initiative permettra une "prise de conscience".