Garde à vue pour un vrai billet de 500 euros : y a-t-il un délit de faciès ?

Publié le 2 octobre 2014 à 13h20
Garde à vue pour un vrai billet de 500 euros : y a-t-il un délit de faciès ?

POLEMIQUE - Un couple de Guinéens est resté 20 heure en garde à vue, de lundi à mardi à Douai, pour avoir voulu payer leurs courses dans un hypermarché avec un billet de 500 euros suspecté de faux. Des associations ont manifesté ce jeudi à Douai pour dénoncer un délis de faciès.

Ils dénoncent un délit de faciès. Une dizaine de personnes appartenant aux associations antiracistes, le Mrap et Cedyfart Africa International, ont manifesté ce jeudi midi, à Douai. Ils ont voulu ainsi exprimer leur indignation, après les 20 heures de garde à vue subies, lundi, par un couple de Guinéens "coupable" d'avoir voulu  payer leurs courses avec un billet de 500 euros . L'hypermarché Leclerc n'a pas voulu l'encaisser estimant qu'il s'agissait d'un faux. Les investigations qui ont démontré le contraire se sont éternisées pendant toute une journée jusqu'à l’expertise finale d’une banque.

Pour la présidente de l'association Cedyfart Africa International , basée à Douai et qui lutte contre les discriminations, cette arrestation est délit de faciès inacceptable : "Il faut des excuses publiques parce que le couple a été humilié, a déclaré Aggeex Hutin. Nous nous sentons aussi insultés. Parce que ça veut dire que tout Africain qui va se diriger dans un commerce avec un billet de 500 euros va être vu comme quelqu'un qui utilise de la fausse monnaie. Il y a un abus qui n'est pas acceptable. Je ne peux pas concevoir qu'on puisse inquiéter ainsi quelqu'un qui est de bonne foi."

Une recrudescence de faux billets

La direction du magasin disposait de détecteurs de faux billets, mais a indiqué qu'ils n'étaient "pas fiables à cent pour cent". "Le personnel du magasin n’a fait qu’appliquer les consignes de sécurité, définies avec le commissariat de police, et renforcées dans le cadre d'un trafic de faux billets dans la région, explique l'enseigne Leclerc. Mais, n’étant pas maître des suites données par les forces de l’ordre, le Centre E.Leclerc de Douai qui, par sa politique de recrutement et son implication dans le tissu associatif local, ne peut être accusé de comportement discriminant. Il tient à dire au couple victime de cette situation qu’il demeure évidemment le bienvenu dans l’établissement."

A l'image du directeur départemental de la sécurité publique, Didier Perroudon, Eric Vaillant, procureur de la République à Douai, réfute tout délit de faciès. Il s'est dit "désolé pour le couple gardé à vue" et souhaite "qu'on mette en place d'autres systèmes plus performants". Mais il a rappelé qu'il est "normal que les policiers fassent ce travail" dans un "contexte de recrudescence de faux billets dans le Douaisis."


La rédaction de TF1info

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