Guillaume Bailly, le croque-mort qui enterre les clichés

Publié le 30 octobre 2014 à 17h27
Guillaume Bailly, le croque-mort qui enterre les clichés

TOUSSAINT 2014 - Dans "Mes sincères condoléances", Guillaume Bailly livre quelques perles tirées de ses 15 ans de métier d’agent funéraire. Son but : nous faire rire et piquer notre curiosité.... à condition que nous nous débarrassions de nos idées reçues.

Malgré son métier de croque-mort, Guillaume Bailly est plein de vie. Et depuis quelques jours, il a de quoi être ravi. Son livre, Mes sincères condoléances, connaît un étonnant boom en librairies. Ce "succès de la Toussaint" est actuellement n°4 au classement Amazon des livres les plus vendus en France, devant celui de Valérie Trierweiler. Avec plus de 20.000 exemplaires déjà écoulés, l'ouvrage est en cours de réimpression.

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Avec sa tête de “nounours”, comme ses amis le lui disent, et son sourire jusqu’aux dents, personne ne pourrait s’imaginer que Guillaume Bailly a passé 15 ans de sa vie à fleurir des tombes. "Quand on a récupéré les restes d’un cadavre éparpillés sur 500 mètres après qu’un train lui a roulé dessus, cela change un peu le regard sur la vie. Des tas de choses apparaissent moins graves. Être confronté tous les jours à la mort, cela nous rappelle la valeur de la vie et je pense qu’on en profite mieux”, explique, assis à la terrasse d’un café et vapotant avec gourmandise, ce "geek de 40 ans”.

Il s’invente une autre profession dans les dîners

Guillaume Bailly aime son métier. La seule chose qui l’énerve, ce sont les clichés qu’on véhicule sur les "croque-morts". Ne dites pas à ce Breton que ses collègues sont portés sur la bouteille ou que les agents funéraires sont des incapables. Ça l’énerve, car selon lui, il n’y a rien de plus faux: “Pour l’alcoolisme, c’était peut-être vrai dans les années 1970, mais plus aujourd’hui. Ce sont de vrais professionnels, qui ont un bac + 2 au minimum. Ils ont des compétences de juriste, de psychologue, de logisticien et même d’auteur : après avoir écrit des centaines d’éloges funèbres, écrire un bouquin, c’est facile !”, raconte cet amateur de l’écrivain de science-fiction et d’horreur H.P. Lovecraft .

A cause de ces clichés, dans les soirées ou les dîners auxquels il est invité, Guillaume Bailly se méfie. La plupart du temps, il s’invente une autre profession, ou tente d’esquiver les questions sur son métier. Un jour, cela lui a même coûté une femme, une rencontre toute fraîche, qui après la question fatidique, a détourné le regard avant de prendre ses affaires et de s’en aller. Peut-être avait-elle eu un jour un problème avec les pompes funèbres? Ou peut-être s’imaginait-elle, comme trop de gens selon lui, que les croque-morts "se font de l’argent sur le dos des défunts".

Il veut être incinéré sur la musique de Dark side of the moon

Rien de plus inexact, s’exclame encore celui qui dit avoir gagné "environ 1400 euros par mois" au bout de 15 ans de carrière. "Mourir, cela coûte moins cher que de naître, sauf que naître, c’est remboursé ! Sur une facture de 2800 euros, il y a 35% de taxes qui partent et 50% pour des prestataires externes : église, thanatopracteur, annonces dans la presse, etc.", détaille le spécialiste.

Un jour viendra son tour : il y a déjà pensé, et a même tout organisé. Il préfère que son corps soit brulé. Cet athée “qui aimerait croire" souhaite une cérémonie religieuse. Comme ça, s'il se trompe et qu'un Dieu existe, il espère qu'Il "sera plus clément". Quant à la musique, ce seront les Pink Floyd et Dark side of the moon. "On m’emmènera dans le four comme si j’allais sur la lune. Ce sera un moment rigolo." A son image.


La rédaction de TF1info

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