JUSTICE – Les jurés des assises des Bouches-du-Rhône vont juger de mercredi à vendredi, le geste de Jean Grabo, maçon au chômage, soupçonné d'avoir tué dans le quartier du Verduron en 2011 un adolescent depuis sa cuisine. Trois ans après l’émotion reste vive dans ce quartier coincé entre les cités du nord de Marseille.
Un rituel douloureux. Droit, le regard fixe, Pascal regarde la stèle de fleurs dressée en hommage à Antoine Rodriguez, 15 ans. "Ça fait toujours quelque chose de passer devant", raconte cet habitant du quartier résidentiel du Verduron, coincé entre les cités du Plan d’Aou, de la Bricarde et de la Castellane dans le nord de Marseille. "La vie n’est pas toujours simple ici, mais je n’aurai jamais imaginé cela", déplore-t-il avant de repartir sur cette route, théâtre du drame le 2 mai 2011.
Ce jour-là, vers 18 heures, celui que ses proches surnommaient "Tolcio", tente avec un de ses amis de cambrioler un petit local attenant à une pharmacie. Jean Gabro, un maçon au chômage est témoin de la scène, depuis la fenêtre de sa cuisine. Il alpague les deux jeunes garçons, tente de les raisonner. Sans succès. Il décide du coup de tirer à 3 reprises dans leur direction pour les effrayer.
Touché au poumon, Antoine Rodriguez décédera sur le bitume malgré les premiers secours portés par l’une des pharmaciennes. "Elle a essayé, mais c’était trop tard", souffle Françoise, l’une de ses collègues encore émue par le drame. "Il y a deux vies brisées dans cette histoire. Celui du garçon et celui qui a tiré", résume-t-elle.
"Ici rien n'a changé"
"C’était quelqu’un de simple dit-elle en parlant du maçon jugé à partir de mercredi à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Il n’était pas très bavard et il n’a jamais montré de signes d’agressivité. C’est vraiment horrible".
Placé en détention provisoire, Jean Gabro encourt une peine de 20 ans de prison. Son frère qui habitait dans une maison à ses côtés a dû quitter le quartier au grand dam de Lucien, un ami d’enfance. "Jean n’avait rien demandé mais il avait été agressé et cambriolé", plaide-t-il en sa faveur. "Ici rien a changé. Les minots font ce qu’ils veulent dans les cités à côté. Si leurs parents s’en occupaient, rien ne serait arrivé", peste-t-il.
"C’est facile de dire ça", conteste Rabah, un des habitants de la Castellane. "On peut se plaindre que la police ne soit pas là, mais on ne tue pas des enfants pour se faire justice", lâche-t-il le regard sombre. Verdict du procès attendu ce vendredi.
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