Livraison du Mistral suspendue :"des centaines d'emplois menacés" à Saint-Nazaire

Publié le 4 septembre 2014 à 10h14
Livraison du Mistral suspendue :"des centaines d'emplois menacés" à Saint-Nazaire

INDUSTRIE - La France a cédé aux critiques de ses alliés, notamment des Etats-Unis, et a suspendu la livraison à la Russie du premier des deux navires militaires Mistral.

La livraison du Mistral à la Russie devait avoir lieu le 1er novembre, mais l'Elysée a suspendu mercredi cette vente du premier des deux navires militaires , cédant aux critiques de plusieurs alliés, à la veille d'un sommet de l'OTAN sur la crise ukrainienne. Cette nouvelle a fait l'effet d'une bombe à Saint-Nazaire, dans les chantiers navals. Les conséquences financières pourraient s'élever à environ 1 milliard d'euros pour ce contrat, signé en 2011. 

A Saint-Nazaire, chantier où les deux bâtiments sont assemblés, ce report pourrait avoir des conséquences sur l’emploi. En effet, si la construction du premier navire est presque achevée - le bâtiment devait être livré en octobre -, le deuxième navire est en cours d'assemblage. Mercredi soir, le constructeur, STX, sous-traitant de DCNS pour cette commande, se refusait à tout commentaire. Mais sur le chantier, les ouvriers sont plus loquaces. "Nous sommes stupéfaits et scandalisés par la décision du président Hollande", indique Jean-Marc Perez, secrétaire adjoint FO. "Si l'annonce du président se concluait par l'arrêt de la construction, ce seraient des centaines d'emplois qui seraient mis en difficulté aussi bien chez STX que chez les sous-traitants. C'est inacceptable, intolérable."

"Il faut continuer la construction"

"C'est une décision qui pouvait arriver à tout moment", a commenté de son côté un responsable de la CFDT-STX, Johan Jardin. "On ne peut que la regretter, mais on peut aussi la comprendre", vu le contexte international et la situation en Ukraine. Quel impact ? Pour lui, cela reste encore flou. "Nous ne sommes que sous-traitants. On va livrer le navire à la DCNS et on verra ce qu'elle va faire. Mais la question qui se pose porte sur ce qui va être décidé pour le deuxième" Mistral", a-t-il poursuivi. "La question est : qui va payer le bâtiment ?". Pour autant, il a pointé le fait que le président "n'a pas annoncé qu'il stoppait" sa construction : "De toute façon, le bâtiment est sur cale. Il faut continuer la construction pour libérer la cale. Mais il faut que la DCNS nous dise si on continue ou pas".La situation des 400 marins russes, arrivés fin juin à Saint-Nazaire pour se former au maniement du Vladivostok, est, elle aussi, en suspens.

Appels aux aides françaises et européennes

Le maire de Saint-Nazaire David Samzun, a lui appelé jeudi les "représentants des forces politiques locales à la sérénité et au calme sur le sujet". "Je me réjouis que la France tienne son rang et que sa diplomatie se mobilise au service de la Paix sur le territoire européen", a-t-il indiqué. "Si malheureusement la situation continuait à se dégrader, les conditions ne seraient alors pas réunies pour livrer le BPC Vladivostok à la Russie." Pour autant, il estime qu’il "ne serait pas envisageable une seule seconde de fragiliser l’emploi et l’économie nazairienne, ni de mettre en difficulté l’entreprise STX et ses sous-traitants. Des mesures de sauvegarde s’avèreraient alors nécessaires par une solidarité nationale et européenne".

C’est aussi le ton de Philippe Grosvallet, président du Département de Loire-Atlantique. Il "salue la décision" du président de la République, mais "souhaite que la France et l’Europe assurent le financement des deux Mistrals : il n’est pas question que ceux qui travaillent sur les chantiers navals de Saint-Nazaire fassent les frais de cette crise diplomatique."

Reste que la décision du président Hollande n'est pas une première en matière de contrats d'armement, hors sanctions internationales. En 1967, le général de Gaulle avait ainsi décrété un embargo sur les ventes d'armes à Israël après la guerre des Six Jours, annulant notamment la livraison en cours de vedettes lance-missiles. Cinq d'entre elles gardées dans le port de Cherbourg (nord) avaient toutefois été récupérées clandestinement par Israël.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info