POLLUTION - Areva a confirmé jeudi une pollution au plutonium dans les terres autour de l'usine Areva de Beaumont-Hague, après les révélations de l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) plus tôt dans la journée.
Après l'américium, le plutonium. Areva a indiqué jeudi 2 mars que les terres polluées à l'américium 241 à côté de l'usine Areva de Beaumont-Hague (Manche) le sont aussi au plutonium, autre substance radioactive extrêmement toxique. Un peu plus tôt dans la journée, l'association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest (ACRO) avait révélé dans un communiqué avoir trouvé jusqu'à 492 becquerels (Bq) par kilo de matière sèche de plutonium dans les échantillons analysés.
En octobre dernier déjà, l'ACRO avait dévoilé une pollution de ces mêmes terres à l'américium 241. Le groupe nucléaire français Areva avait réagi en janvier, annonçant que l'entreprise allait "ramasser" les terres contaminées près de son usine de retraitement des déchets nucléaires.
Jeudi, l'entreprise en difficulté financière, confirme la présence dans ces terres "d'un marquage en plutonium 239 - 240, avec une valeur moyenne de l’ordre de 200 becquerels (Bq) par kilo de terre sèche", moins que les 492 Bq avancés par l'association. La quantité de plutonium présente dans les sols "ne présente pas de risque sanitaire pour l'homme", a affirmé Areva. "Le plutonium est fixé dans un environnement de terre humide, peu propice à l'exposition par ingestion ou inhalation. Enfin, les analyses réalisées dans l'eau du ruisseau des Landes", proche de la zone contaminée, "ne révèlent pas de marquage en plutonium", poursuit l'industriel.
Dire qu'il n'y a pas de risque sanitaire c'est une aberration
Pierre Barbey, maître de conférence à l'université de Caen
Des propos contredits par l'ACRO. "Dire qu'il n'y a pas de risque sanitaire c'est une aberration. Et il n'y a pas que le plutonium. On a un cocktail de radioéléments très radiotoxiques, américium, césium, et maintenant plutonium et strontium", a déclaré à Pierre Barbey, membre de l'ACRO et maître de conférence à l'université de Caen.
L'ACRO, qui a fait analyser les échantillons par l'Institut de radiophysique du centre hospitalier universitaire de Lausanne, en capacité de détecter le plutonium, a également évoqué une pollution de ces terres au strontium 90. En octobre elle avait aussi mentionné une pollution au césium. "A ces niveaux d'exposition il y a potentiellement des risques de cancers. Si on fait une évaluation de risque sanitaire, on pourra dire que 'la probabilité est faible' mais on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de risque du tout", a ajouté Pierre Barbey.
La quantité de plutonium trouvée par l'ACRO via le laboratoire suisse est "350 fois plus élevée" que "la concentration la plus élevée répertoriée en France dans les sols et sédiments pour ces isotopes du plutonium (1,4 Bq/kg sec)", selon son communiqué.
Il faut 24.130 ans pour que l'activité du plutonium 239 diminue de moitié. Pour l'américium 241, il faut 432 ans.
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