Marseille : "Entre les clans, les guerres de territoire sont permanentes"

Publié le 16 novembre 2014 à 13h08
Marseille : "Entre les clans, les guerres de territoire sont permanentes"

INTERVIEW – Vendredi soir, un homme d’une cinquantaine d’années a été abattu en pleine rue à Trets, près de Marseille. Un homicide qui porte à 21 le nombre de règlements de comptes dans le département depuis le début de l’année. Peu avant ce drame, metronews avait rencontré Christian Sainte, directeur interrégional de la police judicaire, pour évoquer ce phénomène. Entretien.

Marseille et ses environs ont de nouveau été le théâtre d’un règlement de comptes , vendredi soir. Comment la police judiciaire lutte-t-elle contre ce phénomène récurrent ?
Résoudre un règlement de compte est toujours très compliqué. Souvent, il y a peu d’indices et peu de témoins. Ce sont des dossiers très longs à mener. La meilleure façon de lutter contre ce phénomène est de l’anticiper. Il faut donc de bons renseignements. Nous bénéficions d'effectifs supplémentaires qui nous permettent de suivre et de comprendre les équipes criminelles.

C’est-à-dire ?
On suit les malfaiteurs le plus possible, mais on ne peut pas être vingt-quatre heures sur vingt-quatre derrière eux. D’autant qu’ils sont prudents et qu'ils ne commettent pas beaucoup d'erreurs. Mais petit à petit, on se rend compte d’une compatibilité entre les faits (homicides) et les comportements de certains. Le puzzle se met en place.

Cette méthode porte-t-elle ses fruits ?
En matière de taux d’élucidation , nous sommes passés de 22 % en 2012 à 43 % en 2014. En juillet par exemple, trois affaires de règlements de comptes ont été résolues en flagrance, c’est-à-dire, dans les jours qui suivent l’homicide. Des progrès ont concrètement été faits, mais je suis prudent et reste modeste.

D’autant que ces malfaiteurs, issus du néobanditisme lié au trafic de drogue, semblent tuer sans hésitation…
Ce qui est frappant, c’est la jeunesse de ces criminels et leur extrême violence. Ils intègrent très bien le fait de pouvoir mourir. Les guerres de territoires entre les clans sont permanentes. Chacun fait son business et n’hésite pas à éliminer. Il n’y a aucune censure dans l’utilisation d’armes.

Comment justement luttez-vous contre l’importation de ces armes ?
On sait que la drogue vient d’Espagne ou de Paris. Pour les armes, ce ne sont pas les mêmes réseaux. Les kalachnikovs viennent souvent de l’Europe de l’Est, de Bulgarie ou de Serbie vendus ici pour moins de 1000 euros. On démantèle fréquemment des équipes, mais il faut beaucoup de renseignements. Cette année, dans le département, 622 armes ont été saisies . Ça montre l’ampleur du phénomène.

Des armes utilisées pour des règlements de comptes souvent liés au trafic de drogue. Vu les quantités importées et les gains générés (Plus de 500 000 euros par jour dans certaines cités), n’est-ce pas un combat perdu d’avance ?
Je vais être clair : nous ne prétendons pas éradiquer le trafic, mais on peut essayer de le contenir. On mène un combat pérenne. Je n’affirme pas qu’on puisse en voir la fin tout de suite, mais ça n’empêche pas de rester mobilisés.


La rédaction de TF1info

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