Marseille : Guérini coupe l’herbe sous le pied du PS et quitte le parti

Publié le 8 avril 2014 à 10h16
Marseille : Guérini coupe l’herbe sous le pied du PS et quitte le parti

POLITIQUE - Le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a devancé lundi son exclusion du PS, annonçant son départ du parti dans un communiqué cinglant où il étrille ses anciens amis dans la région tout en confirmant qu'il poursuit son "combat politique".

Jean-Noël Guérini quitte le Parti socialiste et règle ses comptes. Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a devancé lundi la proclamation de son exclusion du PS, annonçant son départ du parti dans un communiqué cinglant où il étrille ses anciens amis tout en confirmant qu'il poursuit son "combat politique". Dans ce texte de plus trois pages, l'élu se dit "contraint" de quitter le PS "au sein duquel (il) milite depuis 1967", car "ce parti, je ne le reconnais plus, je ne m'y reconnais plus".

Assurant que cette décision constitue une "épreuve" pour lui, le sénateur des Bouches-du-Rhône, 63 ans, se dit "depuis maintenant quatre ans la cible d'attaques de socialistes qui n'ont eu de cesse de me déshonorer, en distillant des contre-vérités, pour jeter le discrédit et la suspicion sur ce que j'ai fait et sur ce que je suis". "Ils n'ont de cesse d'instrumentaliser une interminable instruction judiciaire qui, certes, me vaut d'être mis en examen, mais dans laquelle je n'ai pas été jugé", explique-t-il.

Jean-Noël Guérini se dédouane de son frère

Le patron du département est en effet mis en examen dans trois dossiers. Les deux premiers dans le cadre de marchés publics présumés frauduleux en lien avec son frère Alexandre, un homme d'affaires lui aussi mis en examen et dont Jean-Noël Guérini reconnaît des activités "peut-être condamnables". Le troisième concerne des détournements de fonds lors d'un licenciement présumé abusif.

Tout en assurant respecter le principe de présomption d'innocence, les leaders socialistes locaux, parmi lesquels le candidat malheureux à la mairie de Marseille Patrick Mennucci et l'ex-ministre Marie-Arlette Carlotti, ont pris leurs distances avec leur ex-ami, multipliant les demandes d'exclusion du PS depuis plusieurs mois.

A la veille du 2e tour des municipales, M. Mennucci avait même assuré qu'il suspendrait son adhésion du PS si M. Guérini n'en était pas exclu "sous deux semaines". Parmi les griefs retenus contre lui, figuraient notamment "l'alliance scélérate" passée entre Lisette Narducci, et la liste du maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin dans le 2e secteur de la ville lors des municipales. Un signe de plus, selon ses adversaires socialistes, que Jean-Noël Guérini fait de longue date cause commune avec le maire de Marseille.

Une exclusion programmée

Avec son annonce lundi soir, l'ancien patron de la fédération du département a coupé l'herbe sous le pied de son (désormais) ancien parti. Mais son exclusion devait en réalité se formaliser mercredi, a assuré Alain Fontanel, secrétaire national aux fédérations, précisant qu'il en avait informé l'intéressé "par téléphone" ce lundi.

La procédure aura en tout cas duré bien trop longtemps aux yeux des adversaires socialistes du sénateur, qui se souviennent que le premier secrétaire Harlem Désir avait annoncé dès septembre, lors de sa venue à Marseille à l'occasion des primaires, qu'elle allait être enclenchée. "Je prends acte de la décision" de M. Guérini, a déclaré M. Mennucci dans un communiqué lundi soir. "C'est le moment pour nous de reconstruire la fédération des Bouches-du-Rhône sur de nouvelles bases", a-t-il ajouté.

Les "incapables" du PS

Le divorce est donc définitivement consommé, tandis que M. Guérini lundi soir éreinte ses camarades d'hier, des "imposteurs" accusés de porter la charge de "la débâcle électorale". Autre banderille verbale : "J'en ai assez d'être montré du doigt et d'être pris pour cible par des irresponsables, incapables de parler au peuple de Marseille et dont l'aveuglement a permis de faire élire un maire FN dans le 7e secteur", où Jean-Claude Gaudin a réclamé en vain le retrait du PS au second tour en vertu du pacte républicain.

"Ces petits personnages qui n'ont de cesse de m'humilier, avec une méchanceté inouïe pour masquer leur incapacité à présenter un projet politique pour la deuxième ville de France ont jeté mon honneur aux chiens", lance-t-il encore. Sa "bataille politique" n'est d'ailleurs pas terminée. Candidat déclaré à sa succession à la tête du département, il entend aussi conduire une liste de "rassemblement" aux sénatoriales.


La rédaction de TF1info

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