Me Sefen Guez Guez, avocat du petit Ahmed : "Une présomption de culpabilité contre les musulmans"

Publié le 2 février 2015 à 11h56
Me Sefen Guez Guez, avocat du petit Ahmed : "Une présomption de culpabilité contre les musulmans"

INTERVIEW – L'avocat d'Ahmed, l'écolier niçois de 8 ans convoqué au commissariat pour "apologie de terrorisme", assume la médiatisation de l'affaire, même s'il se défend de l'avoir recherchée.

Où en est l'affaire "Ahmed", l'écolier niçois, âgé de 8 ans, qui a été convoqué au commissariat pour "apologie du terrorisme" ?
Nous avons déposé plainte contre le directeur de l'école pour violences sur Ahmed. Ses parents vont le changer d'établissement. Le père d'Ahmed est poursuivi pour intrusion dans l'établissement mais pas pour violences sur ses deux plus jeunes fils : ils ont subi des examens médicaux qui n'ont rien révélé. [Joint ce lundi midi, le procureur de la République indiquait que l'ensemble de ses dossiers est en cours, sans qu'il n'y ait à ce stade ni poursuites engagées par le parquet, ni classement.]

Il n'y a donc aucun problème de violence, ni de radicalisation religieuse, au sein de cette famille ?
On a voulu faire croire à un contexte familial violent et radical alors que ce n'est absolument pas le cas. On a tout fait pour caricaturer le père d'Ahmed, alors que lorsqu'il a su que son fils avait dit qu'il était "avec les terroristes", il l'a obligé à aller dans chacune des classes de l'école pour s'excuser !

Certains vous reprochent d'avoir médiatisé l'affaire aux dépens de cet enfant de 8 ans. Vous regrettez d'avoir communiqué ?
Je n'ai pas décidé de médiatiser, et surtout je n'avais pas prévu un tel emballement médiatique ! Au départ je voulais juste pousser un coup de gueule face à cette situation. Il fallait parler avec cet enfant suite à ses propos, oui. Vérifier si les parents ne sont pas radicalisés aussi. Mais infliger ce traitement à un enfant de 8 ans, convoqué au commissariat, non ! J'ai donc tweeté.

"Maître Eolas", qui est un avocat très suivi sur Twitter, a vu mes tweets et a appelé à me suivre pendant l'audition devant le policier.

Là, mon téléphone est tombé en panne de batterie. Quand j'ai pu le brancher, une demi-heure plus tard, j'avais plein de messages et le sujet était déjà remonté jusqu'à la place Beauvau [le ministère de l’Intérieur] !

Vous êtes l'avocat de l’Association des musulmans du centre-ville, de l'agent de sûreté de l'aéroport de Nice soupçonné de radicalisation, du Collectif contre l'islamophobie en France… Vous ne défendez que les musulmans ?
Je ne suis pas l'avocat d'une communauté, même si j'ai effectivement de bonnes relations avec la communauté musulmane locale. J'ai défendu l'association cultuelle qui gère la mosquée de Nice centre, ce qui m'a ensuite attiré une clientèle qui fréquente ce lieu. J'ai dernièrement défendu une femme voilée qui voulait pouvoir continuer à le porter , comme je pourrais défendre une femme qui se battrait pour qu'on ne lui impose pas le voile ! Je considère que l'avocat doit être du côté des opprimés.

Vous estimez que les musulmans sont opprimés en France ?
On est en train de fracturer la société en créant une présomption de culpabilité contre les musulmans, alors que ce sont eux les premières victimes du radicalisme !


La rédaction de TF1info

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