Page Facebook des Baumettes : les fouilles des détenus en questions

Publié le 6 janvier 2015 à 11h58
Page Facebook des Baumettes : les fouilles des détenus en questions

SECURITE – La page Facebook des détenus du centre pénitentiaire des Baumettes a soulevé une vive polémique de la part des syndicats. Le symbole, selon eux, du laisser-aller dans le contrôle des détenus lors des fouilles.

Après la polémique, les questions. Des détenus avec des liasses de billets à la main ou encore en train de rouler un joint avec leur téléphone portable à côté. Les photos de la page Facebook des Baumettes, révélée lundi, ont soulevé une vive polémique de la part de l’opinion sur la circulation de produits en tout genre dans le centre pénitentiaire.

Selon les syndicats, pas de doute, ces clichés sont l’illustration du laisser-aller dans le contrôle des détenus à la suite de l’abrogation de l'article 57 de la loi pénitentiaire de 2009. Celui-ci prévoyait en effet la fouille systématique des personnes incarcérées après les parloirs. "Ça a ouvert les vannes affirme David Cucchietti, secrétaire local de la CGT aux Baumettes. Clairement, il y a un avant et un après".

Comment les produits entrent en prison ?

Cela veut-il dire que les objets entrent et sortent comme dans un moulin au sein des Baumettes ? "C’est très facile de contourner la règle", explique le syndicaliste. Lors des parloirs, les personnes incarcérées peuvent tout d’abord s’approvisionner auprès de leurs proches car ils ne sont pas séparés physiquement par une vitre ou autre.

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Toutefois, les détenus faisant l’objet de mesures disciplinaires ou qui ont été ciblés par l’administration peuvent être fouillés à l’issue du parloir. "Mais ils ne sont pas idiots, souligne le responsable syndical. Ils demandent, de gré ou de force, à d’autres détenus de se faire passer les objets". Une fois le parloir terminé, ils doivent ensuite passer au travers de portique de sécurité. "Ça détecte les couteaux en métal mais pas ceux en céramique, ni certains téléphones portables et encore moins les produits stupéfiants", déplore David Cucchietti.

Comment lutter contre ces arrivages ?

Dans un communiqué les syndicats pénitentiaires des surveillants (SPS) demande, outre le rétablissement de l’article 57, "une fouille générale" de la prison des Baumettes et "le désencombrement des cellules de détention". Une requête partagée par David Cucchietti qui pointe la réalité des effectifs pour entreprendre une telle mesure. "Nous sommes en sous-effectif au quotidien. Un surveillant doit gérer entre 130 et 14 détenus, comment voulez-vous que l’on fasse une fouille d’un coup ?", s’interroge-t-il.

Seule solution, selon lui, faire appel à d’autres agents des centres pénitentiaires de la région. "Si la direction prend les moyens de faire des mesures fortes, nous y arriverons", assure-t-il en pointant le risque pour les agents. "Si on ne fait rien, un surveillant va se prendre un coup de couteau passé illégalement et il ne faudra pas pleurer".

Faut-il autoriser les portables ?

Comme son prédécesseur, Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation, préconise l’autorisation des téléphones portables des détenus sous certaines conditions . Selon elle, la saisie de 900 mobiles par an à la prison des Baumettes à Marseille, prouve que la lutte et inefficace et permettrait aux personnes incarcérées de "maintenir les liens familiaux".

Une "erreur de jugement", répond David Cucchietti. "Que faisons-nous du secret de l’instruction ? se demande-t-il. Chacun pourra faire pression sur sa victime s’il a un téléphone". La solution pour lui serait de brouiller les ondes pour éviter les communications avec l’extérieur et d’augmenter le nombre de cabines téléphoniques.
 


La rédaction de TF1info

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