"Si Philae ne s'était pas réveillé avant le mois d’août, la mission était terminée"

Publié le 16 juin 2015 à 14h02
"Si Philae ne s'était pas réveillé avant le mois d’août, la mission était terminée"

SCIENCES - A Toulouse, l’équipe du SONC (Science Operation & Navigation Center) au CNES, travaille pour récupérer et analyser les données transmises par Philae lors de son réveil. Philippe Gaudon, responsable de la mission Rosetta au CNES de Toulouse, fait le point sur ce que l'on sait de l'état de santé du robot et sur les étapes à venir.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle du réveil de Philae ?

C’était un moment magnifique. Cela faisait trois à quatre mois que nous l’écoutions sans résultat. Nous commencions à désespérer. Nous avions mesuré la qualité de l’énergie fournie par les panneaux qui était faible. Philae s'était déjà réveillé mais n'avait pas suffisamment d'énergie pour communiquer avec la Terre via Rosetta. Cette communication pouvait avoir lieu en mars comme jamais. Or, si nous dépassions le mois d’août, la mission était terminée. Nous pensions que le robot pouvait avoir souffert du froid ou de la poussière. Mais c’est un Philae robuste !

Que savez-vous aujourd’hui de l'état de santé de Philae ? Quelles données le robot a-t-il envoyé ?

Nous avons reçu des données à deux reprises, dans la nuit de samedi et celle de dimanche. Notre difficulté est de les dater. Nous pensons que celles que nous reçues samedi sont plus anciennes. Pour l’instant, nous ignorons où se trouve Philae et s'il est posé à l’horizontale ou sur le côté. Mais nous savons que rien n’est cassé à son bord, que ses moyens de communication et sa thermique fonctionnent, que la batterie secondaire a été rechargée et que la température au sol est au-dessus de -45 °C ce qui est le minimum pour qu’il fonctionne.

Quelle va désormais être la mission des équipes du SONC à Toulouse ?

Trois équipes travaillent à Toulouse . Ce sont elles qui sont chargées de récupérer les données envoyées par le lander et de les analyser. Depuis sept mois, une équipe a également profité de l’assoupissement de Philae pour travailler sur des hypothèses de travail pour la science.

A partir de quand Philae va-t-il pouvoir commencer à travailler ?

Cela peut-être d’ici une à deux semaines. Nous allons d'abord solliciter les instruments qui demandent le moins d’énergie et le moins de mouvements. Il s’agira par exemple d’une caméra infrarouge qui réalisera des relevés de températures à mesure que la comète Tchouri se rapproche du soleil. Dans un deuxième temps, Philae prendra des photos. Les instruments Cosac et Ptolemy devraient aussi renifler et analyser les gaz émis par la comète pour comprendre sa composition atomique et moléculaire. Le forage du sol, qui est l’un plus gros enjeux puisqu’il permettra de vérifier l’hypothèse selon laquelle les comètes ont amené l'eau et les prébiotiques nécessaires à l'apparition de la vie sur Terre, sera réalisé en dernier. Le robot n’étant pas harponné, nous ne voulons pas le mettre en danger. Par ailleurs, la batterie secondaire doit être pleine pour réaliser cette opération, or l’optimum en énergie sera atteint en août, c’est-à-dire au moment où la comète sera au plus proche du soleil.


La rédaction de TF1info

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