ATELIERS - Dans le cadre de la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, metronews a testé une méthode d’autodéfense encore peu répandue en France mais qui se pratique à Toulouse depuis 2007 : le fem do chi.
Comment une octogénaire a-t-elle pu faire fuir un homme mesurant deux têtes de plus qu’elle qui menaçait de l’agresser ? On ne dévoilera pas ici sa méthode, mais on peut affirmer une chose : elle n’a pas eu recours aux poings ! Son secret ? Le fem do chi.
L’association Faire face dispense ces cours d’ "autodéfense féministe" à Toulouse depuis 2007. "Nous montrons aux femmes de tous âges qu’elles sont pleines de ressources et qu’il existe des techniques simples pour se défendre", explique Maud Lamiable, l’une des instructrices.
Connaître ses limites et les faire respecter
Mais le fem do chi n’est pas un art martial. L’idée est justement d’éviter au maximum la confrontation physique. Seul un tiers de l’atelier est ainsi consacré aux techniques de neutralisation : des mouvements simples et efficaces qui sont à disposition des femmes pour se défendre sans entraînement physique particulier. Le reste du temps, par des jeux de rôles et des exercices corporels, on apprend à poser ses limites et à les faire respecter, en développant des stratégies verbales, mentales et émotionnelles.
Les participantes en profitent pour partager leurs mésaventures et échangent leurs techniques personnelles. "L’autre jour, un homme dans la rue m’a lancé "t’es bonne", je lui ai répondu "toi aussi, t’es bon", ça l’a perturbé !", raconte l’une d’elle, provoquant l’hilarité générale.
L’atelier est aussi ponctué de temps de réflexion sur les conditionnements sociaux et culturels qui diminuent les capacités d’action des femmes. "Regardez comment vous êtes assises sur vos chaises, interpelle Maud Lamiable. Vous avez toutes les jambes croisées parce qu’on vous dit depuis toutes petites qu’une femme aux jambes écartées, ce n’est pas gracieux. Or avec les deux pieds par terre, vous seriez plus ancrées au sol, votre énergie circulerait mieux et vous seriez plus aptes à réagir efficacement." Un exemple parmi beaucoup d’autres.
Dépasser les stéréotypes
"Notre atelier ne serait pas complet s’il n’y avait pas toute cette réflexion sur les stéréotypes de genre et les modèles de féminité, explique Clarisse Agostini, la présidente de Faire face. Savoir donner un coup ne suffit pas, les femmes doivent dépasser ces blocages psychologiques."
La méthode porte ses fruits : "L’autodéfense nous fait réaliser que, quels que soient notre âge, taille ou poids, nous ne sommes jamais totalement des demoiselles en détresse et que plein "d’armes" sont à notre disposition", témoigne une ancienne participante sur le site de l’association. "On s’affirme, on ne veut plus subir !" confirme une autre femme, ravie d’avoir repris confiance en elle.