DROIT DE RÉPONSE - Alors que Charlie Hebdo accuse Mediapart de complaisance avec l'islamologue accusé de viol Tariq Ramadan, le journaliste Fabrice Arfi a défendu sa rédaction et son directeur Edwy Plenel dans Quotidien, mercredi 8 novembre.
Cette semaine, Charlie Hebdo a fait le choix de mettre en Une une caricature du directeur de la rédaction de Mediapart Edwy Plenel. Elle le montre, dans une référence au singe de la sagesse, en train de se masquer les yeux, les oreilles et la bouche. Au milieu des dessins, ce titre assassin : "Affaire Ramadan, Médiapart révèle ‘on ne savait pas’". Une première page qui fait référence à l'attitude supposée complaisante entre le site, son directeur et l'islamologue Tariq Ramadan, visé par deux plaintes pour viol.
Edwy Plenel et Mediapart font la une de Charlie Hebdo du 8 novembre 2017 au sujet de l'affaire Tariq Ramadan. (Par @cocoboer ) pic.twitter.com/T1yulfNtYd — Ornikkar ™ (@ornikkar) 7 novembre 2017
Les enquêtes corsées de "Mediapart" sur Ramadan
Fabrice Arfi, responsable du pôle enquête de Mediapart a beaucoup défendu son média sur les réseaux sociaux, et il était ce mercredi soir dans l’émission Quotidien pour défendre son cofondateur et directeur, Edwy Plenel, et sa rédaction. Il a commencé par réaffirmer son "soutien indéfectible, sans faille à Charlie", notamment "quand ils sont menacés à cause de la Une sur Tariq Ramadan par le fanatisme et la haine crasse". En effet, le journal a essuyé des menaces de mort après leur Une représentant Ramadan, le pantalon déformé par un énorme sexe en érection, et proclamant : "Je suis le 6e pilier de l’islam".
Mais "être Charlie, c’est aussi la liberté de s’indigner du message de cette caricature (celle sur Edwy Plenel, ndlr), parce qu’elle repose sur des faits qui sont faux, diffamatoires et calomnieux", a ajouté Fabrice Arfi. "Dire que nous avons protégé un crime, que nous avons étouffé des viols, c’est faux. Dire que nous sommes complaisants intellectuellement avec Tariq Ramadan, c’est faux. On peut être pour la liberté d’expression de quelqu’un qu’on combat sur le terrain des idées et publier une enquête sans complaisance sur Tariq Ramadan, que Tariq Ramadan a dénoncé", s’est défendu le journaliste, faisant référence à une série d'articles sur le théologien, publiée en avril 2016 sur le site de Mediapart. Articles dont l'un compare l'orateur... à Eric Zemmour.
Qui a écrit, qui a publié une seule enquête sur les soupçons d’agression sexuelle et de viol ?
Fabrice Arfi
"Qui a écrit, qui a publié une seule enquête sur les soupçons d’agression sexuelle et de viol ? C’est à nous qu’on a reproché ça alors que nous n’en savions rien" a ajouté Fabrice Arfi. "Quand on publie des informations, on nous dit ‘Vous n’avez pas de preuves’. Quand on publie pas des informations, on nous dit : ‘Vous aviez les preuves vous ne les avez pas publiées’."
L’auteur du livre Avec les compliments du Guide sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par la Libye s’en est également pris à Manuel Valls. "C’est quelqu’un qui a le toupet, qui, à main gauche, n’a pas de problème à vendre des armes au royaume wahhabite de l’Arabie saoudite et qui, à main droite, vient dire ‘Mediapart a protégé des viols’. Sur la base factuelle de quoi ? Quelle est la base factuelle minimum pour dire ça ? Ils ont le droit de le faire, évidemment, liberté absolue de faire ça. Mais liberté de venir là et de dire qu’il y a une rédaction entière qui trouve cela inadmissible, qui est en colère, qui est indignée."
Une polémique qui occulte les faits
Le journaliste a conclu en regrettant que toute cette polémique efface la vérité des faits et occultent les accusations qui pèsent sur Tariq Ramadan. "C’est orwellien, ce qui se passe. C’est dramatique parce que je pensais que la haine était la limite de la discussion mais la haine devient la base de la discussion et alimente une espèce d’immense société du spectacle qui se repait de ça. Et on en oublie une chose, c’est la vérité, ce sont les faits."
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