FUTUR - L’Arcep, le régulateur des télécoms, a donné, vendredi, le coup d'envoi de la nouvelle phase du déploiement de la 5G en France. Les enchères pour l'attribution des fréquences vont débuter entre les quatre opérateurs avant le verdict et un lancement en fin d'année 2020. La 5G se rapproche avec ses promesses de débits ultra-rapides. A quoi va-t-elle servir ? Qu'en attendre ? On décrypte.
De salon en salon, d’innovation en innovation, la 5G est plus que jamais au coeur des discussions. Pourtant, la France est loin d’être à la pointe de l’implantation dans le domaine. Si le très haut-débit mobile est bien entré en phase d’expérimentation dans plusieurs villes de l'Hexagone, il ne devrait cependant prendre sa pleine mesure qu’à partir de 2020, le temps que les tests soient peaufinés, que le parc d’appareils compatibles s’agrandisse et que les opérateurs héritent de leurs fréquences.
D’ici 2030, il faudra ensuite alimenter quelque 35 milliards d'objets connectés, des centaines de millions de smartphones, des villes et leurs infrastructures, des services… Le réseau actuel ne suffira plus à absorber et à répondre à toute la demande. La 3G avait bouleversé les habitudes, la 4G a permis une accélération de la vie mobile. La 5G est la promesse d’une innovation fulgurante, avec des débits accrus.
La 5G, qu'est-ce que c'est ?
Cette évolution des réseaux doit permettre d’atteindre des débits beaucoup plus élevés (10 fois plus que les plus rapides du moment, 100 fois en moyenne les débits moyens de la 4G) et un temps de latence le plus bas possible (temps de réponse à environ 1 ms contre 50 ms actuellement pour la 4G ou même la 4G+). La 5G ne remplace pas la 4G ou même la 3G. Celles-ci existeront toujours en parallèle. Mais la 5G pourra se substituer à un internet fixe et connecter nettement plus d'objets, d'équipements, de voitures, etc. Cela va engendrer une modification des usages car elle pourra gérer un volume beaucoup plus important de données, de connexions simultanées, d'utilisations… Le tout de manière moins énergivore.
Quels usages en attendre ?
Tout pourra passer avec encore plus de facilité grâce à la 5G. On évoque déjà des utilisations pour la ville intelligente, grosse consommatrice d'objets connectés et donc de débit. Les véhicules connectés ont aussi la 5G en ligne de mire. Ericsson, Intel, Huawei multiplient ainsi les tests sur les voitures autonomes et les infrastructures qui nécessitent des débits plus importants, mais surtout plus stables. Et cela pourrait aussi permettre aux véhicules de se connecter entre eux pour gagner en sécurité ou aux infrastructures urbaines pour communiquer. "On estime qu'une dizaine de secteurs industriels vont être modifiés dans leur fonctionnement avec l'arrivée de la 5G", explique à LCI Viktor Arvidsson, directeur de la Stratégie chez Ericsson.
La consommation de vidéo, la plus gourmande en bande passante des smartphones, va aussi profiter pleinement des très hauts débits. "On ne se cantonnera pas au streaming. Cela va permettre de faire plus d'immersif, de la vidéo 360°, de la 4K plus facilement. Le jeu en ligne ne sera plus réservé aux seuls ordinateurs pour une question de débit. Les smartphones vont aussi en profiter. Cela permettra de se connecter plus facilement à tout", souligne Viktor Arvidsson. Tout cela entraînant un changement dans les habitudes de consommation et les usages, les réseaux sociaux et le streaming ayant sans doute été, avec l'explosion de la 4G, les grands bénéficiaires des dernières prouesses technologiques.
Qu'est-ce que cela va changer ?
Le réseau 5G doit couvrir tous les aspects liés à la télécommunication. Grâce à des débits qui pourront donc atteindre près de 15 Gbit/ (quand les très bonnes zones de couverture tournent en moyenne autour des 20-30 Mbits/s max), la 5G intéresse de fait aussi bien l'utilisateur de smartphones que les entreprises. De quoi proposer de multiples services aussi bien dans l'industrie, la ville, la maison, la santé, les infrastructures, etc. Les opérateurs télécom vont être au cœur de ce nouveau maillage et, de leurs offres, dépendra la qualité de l'adoption de la technologie.
Comment se déroule le déploiement ?
Changer de technologie a un coût pour les opérateurs, qui seront néanmoins, pour finir, les grands gagnants de l'opération et des acteurs incontournables. Les infrastructures existantes de la 4G vont être en partie améliorées pour supporter la 5G, au moins le temps des tests. Mais à terme, il faudra remplacer les antennes pour qu'elles supportent une consommation de millions de personnes et objets connectés. Les opérateurs et autorités réfléchissent ainsi à la possibilité de positionner des mini antennes-relais sur du mobilier urbain pour mieux répartir les utilisateurs. Comme pour la 4G (qui peine toujours, après plusieurs années, à couvrir 90% de la population française), l'intégralité du pays ne sera pas couverte simultanément.
Concrètement, c'est pour quand ?
S'il y a encore peu de smartphones 5G en vente (Samsung a lancé une déclinaison de son Galaxy S10 et de son Galaxy Note10, Xiaomi son Mi Mix 3 5G tandis que Huawei et OnePlus vont présenter les leurs prochainement), certains heureux utilisateurs lambda peuvent déjà en profiter. Chicago et Minneapolis aux Etats-Unis, Séoul (Corée du Sud) ont ainsi été les premières villes à déployer leur réseau 5G en avril 2019. A noter que, outre disposer d'un appareil compatible, il faut compter une hausse du prix du forfait de 10 euros pour y avoir accès. Le Japon a aussi annoncé l'arrivée prochaine dans ses grandes villes. De son côté, l'Europe y va à sa cadence. Pourtant, dès 2020, au moins une grande ville de chaque Etat membre devra être couverte. Début juillet, Monaco a fièrement affiché la couverture totale de la Principauté en 5G.
En France, 2018 a été l'année du concret avec les premières expérimentations réalisées à Bordeaux, Lille, Nantes ou encore Marseille. Les enchères pour les blocs de fréquences ont débuté fin 2019 entre les quatre opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) et vont permettre l'attribution des bandes aux opérateurs pour une durée de 15 ans. Elles devraient rapporter au moins 2,17 milliards d'euros à l'Etat. L'Arcep, le régulateur des télécoms, a demandé aux opérateurs d'être en mesure de proposer des forfaits dans au moins deux grandes villes de France en 2020. Ils devront aussi avoir activé leurs antennes 5G afin d'avoir couvert 3.000 sites fin 2022 et 12.000 trois ans plus tard. En 2025, l'Arcep impose aussi que 25% de la couverture concerne des zones rurales, et notamment les zones blanches.
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