Autodidacte, lycéen, ancien sportif... Rencontre avec ces amateurs qui ont créé leur appli smartphone

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 10 février 2017 à 10h46, mis à jour le 10 février 2017 à 14h23
Autodidacte, lycéen, ancien sportif... Rencontre avec ces amateurs qui ont créé leur appli smartphone
Source : Melinda DAVAN-SOULAS

CONNECTÉS - Ils devraient être sur les bancs du lycée, mais sont déjà des entrepreneurs 2.0. A 17 ans, Philippine Dolbeau et Logan Lerudulier ont créé leurs applis et même reçu les félicitations de Tim Cook, le boss d’Apple. Ancien sportif de haut niveau, Taïg Khris s’est, lui aussi, lancé dans l’aventure applicative. Rencontre avec trois parcours différents, mais une volonté commune de révolutionner le quotidien.

Des millions d’applications, un marché en pleine croissance qui fait le bonheur – et aussi la fortune - des Play Store, AppStore et consorts : derrière ce nouveau business, on ne trouve pas seulement des informaticiens, mais aussi des individus, jeunes ou moins jeunes, avec une idée souvent toute simple et une grande motivation.

"Avant, quand vous créiez quelque chose, il fallait négocier avec chaque marchand pour le vendre. Aujourd’hui, il suffit juste appuyer sur un bouton pour l'envoyer dans 185 pays", nous expliquait Tim Cook en début de semaine alors qu’il venait découvrir les applis de jeunes développeurs français. Le patron de la marque à la pomme a notamment écouté religieusement deux jeunes de 17 ans qui ont décidé de faciliter la vie de beaucoup.

Changer le quotidien et le révolutionner

À 15 ans, pour un projet scolaire, Philippine (à gauche sur la photo au côté de Marie Mérouze, créatrice des lettres et chiffres connectés Marbotic) a l'idée de New School, un cahier d’appel électronique pour les professeurs. Elle a le déclic devant sa télévision : "On racontait l’histoire d’un enfant qui s’était endormi dans le bus scolaire et avait raté l’école", se rappelle la jeune fille d'aujourd'hui 17 ans. "Il était resté huit heures dans le bus sans que personne ne s’aperçoive de son absence car l’appel n’était pas fait." Consciente des difficultés et de la complexité de faire l'appel quotidiennement, elle veut créer un cahier "sexy, ludique et sympa à utiliser". Il prendra la forme d'une appli associée à des porte-clés identifiant chaque élève. Un clic sur l'application et en dix secondes, le recensement des balises se fait sur le trombinoscope de l’enseignant.

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Logan a le même âge, mais un parcours différent. Quand Philippine n'a aucune connaissance en code informatique, juste une curiosité pour les nouvelles technologies, le jeune homme, lui, code et crée des applis depuis l'âge de 12 ans. Une affaire de famille car son papa en faisait autant. "Je m'occupe de toutes les applis qu'il (mon père) avait créées à l'époque afin qu'elles marchent enfin", s'amuse-t-il sous l'œil bienveillant et admiratif de son père. Le jeune Varois est à l'origine de Lee, une appli qui permet aux illettrés et malvoyants de connaître vocalement la composition d'un produit en scannant son code-barre. 

Il n'est plus lycéen depuis longtemps, mais sa reconversion a été tout aussi difficile. Taïg Khris s'est lui aussi lancé dans l'applicatif. C'est après un énième séjour à l'hôpital que l'ancienne star mondiale du roller a trouvé l'idée de Onoff. Son appli permet d'avoir une seconde ligne télécom sur son smartphone sans carte SIM. "Je me suis dit qu'il fallait que je me réinvente en trouvant quelque chose à faire avec un potentiel illimité", explique l'ex-sportif de l'extrême. "Je trouvais ça nul que les numéros soient coincés dans des cartes SIM quand tous vos mails sont dans un cloud et que vous pouvez les consulter de n'importe où. J'ai voulu trouver quelque chose pour révolutionner le secteur".

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Se persuader que tout est possible

Pour ces trois entrepreneurs inattendus, le parcours du combattant a été le même. "J'avais ce rêve, comment faire pour le fabriquer ?", se rappelle Taïg Khris. "Je suis partie d'une feuille blanche, je n'y connaissais rien en technologie et je n'avais pas de fonds. J’avais juste une idée." Et de se persuader que tout est possible ! Alors, il va rencontrer des développeurs, discuter de régulation télécom, apprendre à faire une appli. Il finira par demander à ses amis de le financer contre des parts de sa société.

Philippine, quant à elle, a eu "un coup de pouce" sous la forme d’un mail pour le concours digiSchool des jeunes entrepreneurs de moins de 15 ans. Elle le remporte en n’ayant qu’un pitch et des animations PowerPoint de son appli. Elle se fait alors repérer par Apple qui va l’aider à donner vie à son projet tandis qu'elle optera pour lever des fonds via une campagne de financement participatif. "C’est important de dire aux jeunes qui n’ont pas de compétences ni le temps d’apprendre à coder qu’ils peuvent quand même créer une appli très facilement sur internet", avance-t-elle. "Je ne suis ni développeuse ni ingénieure. Je suis même nulle en maths."

Pas question pour la jeune fille d’interrompre ses études, même si elle reconnaît qu’elle a du mal à consacrer autant de temps qu’elle le voudrait à New School et à New School Famille – sa seconde appli qui crée un lien établissement/parents. "Aujourd’hui, je suis à la tête d’une entreprise et je prépare mon bac L en même temps. Heureusement mes parents sont aussi là pour m’aider", reconnaît l'adolescente. "La prochaine étape, c’est aussi la commercialisation de l'appli à grande échelle car là, nous sommes toujours en phase de test."

Il y a des success-stories partout.
Tim Cook

Pour se concentrer sur ses applis, Logan a choisi d'arrêter ses études de 1re S l'an dernier. "Quand j’ai besoin de savoir quelque chose, je l’apprends", confie-t-il. "Je me suis rendu compte que ce que j’apprenais au lycée ne m’aidait pas vraiment. Je ne suis pas encore majeur, toujours à la charge de mes parents. C’était le moment d’apprendre ce qui me permettrait de tout payer plus tard". "Notre première réaction a été : ‘passe ton bac d’abord !’", se souvient son père. "Puis, on a compris qu’il avait ça en tête. Il nous a demandé du temps pour se concentrer sur son projet. Si ça ne marchait pas, il reprendrait ses études. Mais il est très organisé, travailleur, sérieux et veut gagner sa future liberté."

Lundi dernier, Tim Cook n’a eu que des mots d’encouragement pour eux. "Je vois plein de développeurs qui n’avaient qu’une seule petite idée au départ et ont monté de grosses entreprises. Il y a des success-stories partout", soulignait le patron californien. "Il m’a demandé pourquoi je ne faisais que dans l’éducation. Sans doute parce qu’il y a quelque chose qui me parle, que je veux changer et révolutionner", sourit fièrement Philippine alors que le patron d'Apple lui a parlé d’intégrer Apple Education, "peut-être une autre chance à saisir", reconnaît-elle. "Il était content que je lui présente une idée originale. C’est bien d’avoir du soutien", s’encourage Logan boosté par cette rencontre. Ni l’un ni l’autre ne regrettent de tourner le dos à leur vie d’adolescent pour avoir déjà un pied dans cet âge adulte 2.0. Tout ce qu’ils veulent désormais, c’est y mettre les deux rapidement. 

Tim Cook était en visite à ParisSource : Sujet JT LCI
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