PANDÉMIE - L'exécutif a livré de nouveaux détails sur l'application qui pourrait être déployée dans les prochaine semaines, à l'issue de la période de confinement, dans le but de limiter le risque d'une deuxième vague de contamination.
Dans un entretien publié mercredi 8 avril dans le quotidien Le Monde, le ministre de la Santé Olivier Véran et le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O. ont dévoilé les contours de la future application mobile, qui devrait être déployée au cours des prochaines semaines dans l'Hexagone, en vue de la levée de la période de confinement.
Le sujet est brûlant, car il touche aux fondements de notre démocratie, à savoir le respect des libertés individuelles. Ces derniers jours, les défenseurs de la protection de la vie privée ont émis des craintes quant à la pérennisation de ce genre de dispositif à l’issue de la crise sanitaire. La commission des lois de l'Assemblée nationale s'est réunie ce mercredi matin pour étudier le projet de traçage numérique et sa compatibilité ou non avec les libertés publiques. LCI fait le point.
En quoi consiste concrètement le projet "StopCovid" ?
En clair, ce projet vise à "développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission", explique au Monde le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O. Elle s’appuiera sur la technologie du "back-tracking", une technique consistant à essayer d'identifier tous les contacts récents d'une personne infectée par le biais de son téléphone. "L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner", complète le secrétaire d’Etat au numérique.
Que se passera-t-il en cas de contact avec un malade ?
Plus concrètement, chaque utilisateur de l'application StopCovid aura un identifiant unique, qui ne pourra être détecté que par les autres mobiles à proximité. L’application enregistra, a priori pendant 15 jours, un historique de tous les identifiants captés au cours de cette période ainsi que la puissance du signal reçu, dans le but d'évaluer la distance. Lorsqu'un utilisateur sera testé positif au Covid-19, il devra alors le signaler via l'application, ce qui fera remonter l’information à tous les autres utilisateurs rencontrés, afin qu'un message d'alerte leur soit envoyé. Seuls ceux qui auraient téléchargé l'application recevraient l'avertissement qu'ils ont pu être infectés par un malade.
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L’application utilisera-t-elle le GPS de notre téléphone ?
Pour limiter son caractère intrusif, l’exécutif privilégie l’usage de la technologie sans fil Bluetooth. Celle-ci permet de transformer notre smartphone en émetteur-récepteur de signaux, de façon à identifier des appareils à proximité (écouteurs, enceintes, imprimantes etc.), sans avoir besoin de collecter les données de localisation du téléphone. "L'application ne géolocalisera pas les personnes. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure, ni transmettre aucune donnée", souligne Cédric O.
Faudra-il obligatoirement télécharger l'application ?
Une telle application ne serait vraiment efficace, en principe, que si elle était utilisée par 70% à 75% de la population, à en croire les experts. Néanmoins, l’exécutif assure que son usage s’effectuera uniquement sur la base du volontariat. "Nous ne travaillons que sur l’hypothèse d’une installation volontaire de l’application" qui pourra être "désinstallée à tout moment", soutient Cédric O.
Le dispositif est compatible avec le droit européen des données personnelles, à en croire Olivier Véran. "Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui", assure-t-il. Le code informatique sera public et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) est étroitement associée aux travaux, a-t-il ajouté. Mardi 7 avril, le gendarme français du numérique a pourtant indiqué n'avoir pas encore été saisi par l’exécutif.
Que pensent les Français de cette technologie ?
Selon un récent sondage publiée dans le Journal du Dimanche, 75% des Français se disent favorables à l'utilisation de leurs données de géolocalisation, en cas de contamination. En revanche, ils ne sont que 51% à être prêts à confier aux pouvoirs publics l'accès aux données de géolocalisation de leur téléphone en échange d'un assouplissement important des règles de confinement. Un autre sondage de l'université d'Oxford relayé en début de semaine par le quotidien Le Monde indiquait que huit Français sur dix seraient enclins à l’utilisation d’une application les avertissant s’ils ont été en contact avec une personne malade du Covid-19, ou prévenant ceux qu’ils ont côtoyés s’ils sont eux-mêmes infectés.
Quand l'application StopCovid pourrait-elle voir le jour ?
Pour l’heure, "aucune décision n'est prise" sur un éventuel déploiement de cette application, a tenu à préciser le secrétaire d’Etat au Numérique. Des chercheurs de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) planche sur un prototype depuis plusieurs jours, ont toutefois admis les deux hommes. Son déploiement devrait coïncider en principe avec la levée de la période de confinement, pour lequel aucune date précise n’a été communiquée par l’exécutif.
Quel bilan tirer des expériences à l’étranger ?
En matière de lutte contre le Covid-19, la Corée du Sud est devenue un modèle, divisant par deux le nombre de personnes infectées en l'espace d'un mois. Sa méthode, en revanche, a de quoi faire grincer des dents : une campagne de dépistage massive et une étroite surveillance des malades. Ils sont localisés en temps réel et le moindre de leurs déplacements peut être épié par le reste de la population via une application. En cas de non-respect du confinement, les contrevenants risquent de lourdes amendes. A la différence de la France, le dispositif a été déployé très tôt à Séoul, tout comme à Singapour. La cité-Etat vient quant à elle d’annoncer l’instauration d’une période de confinement, alors qu’une deuxième vague de contamination frappe en ce moment même le pays. Preuve que le dispositif n’a pas forcément porté ses fruits.
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