Coronavirus : comment bien occuper son temps en période de confinement

Soirée clubbing, DJ set, rave-party… la vie nocturne ne s’arrête pas durant le confinement

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 18 avril 2020 à 20h22
Les soirées A L'Appart sur Zoom mixée par la DJ Barbara Butch

Les soirées A L'Appart sur Zoom mixée par la DJ Barbara Butch

Source : Capture d'écran Facebook/A L'Appart

PARTY TIME – Avec le confinement, les principaux lieux de fête ont fermé leurs portes. Bars, boîtes de nuit, salles de concert : les noctambules n’ont pas dû attendre longtemps pour que leur vie nocturne reprenne du peps. Merci aux nouveaux outils numériques qui permettent de festoyer aux quatre coins du monde sans quitter son salon, mais sans oublier de s’amuser non plus.

Bars, restaurants, boîtes de nuit, rave-parties, salles de concert ou de spectacle… La vie nocturne s’est arrêtée mi-mars pour tout le monde. Ou presque. Avec la multiplication des outils technologiques et leur appropriation rapide, elle n’a pas tardé à refaire son apparition, entraînant dans sa foulée les nouveaux fêtards 3.0.

Pas question de mettre les DJ au chômage ni les danseurs à l’arrêt. La musique adoucit le confinement et s’adapte aux nouvelles habitudes pour pallier la fermeture des temples de la fête. Loin de n'être dédiés qu'aux réunions professionnelles ou appels entre amis, les nouveaux services de vidéoconférence se sont aussi transformés en night-club. Plusieurs boîtes de nuit ou promoteurs de soirée ont investi les plateformes en vogue pour y recréer leurs événements.

Une salle virtuelle, de multiples ambiances

Dans ces nouveaux lieux de festivités numériques, on danse, on chante, on trinque, on se déguise, on rigole et on sociabilise comme à l’accoutumée. Le tout sous les yeux de toutes les personnes présentes "dans la salle", avec l’écran faisant office de barrière. Pas de complexe à avoir. Comme l’a repéré le site Bloomberg, des "clubs" virtuels ont notamment fleuri sur Zoom qui permet de se connecter à plusieurs et de changer son fond d’affichage - pratique très prisée pour s'amuser et éviter de montrer son chez-soi. The Zone dispose ainsi de 16 salles de vidéoconférence et autant de salles de soirée à l’ambiance bien différente. Et il y a même un "videur" à l’entrée (une des fenêtres vidéo qui vous accueille après avoir rentré l'adresse) pour vérifier que vous avez la bonne tenue et le bon comportement (votre verre et de quoi faire la fête, en somme !). 

The House of Yes, club très prisé à New York, a migré sur Zoom également et propose ses soirées dansantes numériques "Cyber Samedi" en plus de cours de yoga, théâtre burlesques, soirées à thème...

New York, ville connue pour ne jamais dormir, semble même la plus à la pointe de ce clubbing en quarantaine. Il y a ceux qui jouent en streaming depuis leur chambre sur Twitch, YouTube ou Instagram. Et ceux qui viennent "se produire" à la demande et moyennant finance. La soirée Club Quarantee reprend ainsi les codes des soirées en boite de nuit en proposant un accès payant (de 10 dollars - environ 9 euros - à 200 dollars - environ 184 euros) voire même une salle privée pour festoyer avec les DJ les plus célèbres (en vidéo depuis chez eux). Il est même possible de commander un kit cocktail si vous habitez Big Apple et vous le faire livrer pour avoir le temps de tout préparer. Et les premiers événements ont vu affluer les mannequins et autres habitués un peu jetsetters de ce type de rendez-vous select où seul le seau à champagne manque.

Même la communauté LGBTQ a retrouvé ses marques avec Club Quarantine, devenu le club le plus populaire sur Zoom. Chaque soir de 21h à minuit (18h-minuit le samedi), la boîte de nuit underground accueille près de 500 fêtards et peut même monter jusqu’à 1000 connectés en même temps. Des célébrités de la nuit commencent à s’y presser pour "organiser" des événements. Ses quatre fondateurs doivent même gérer leur création comme une véritable boîte de nuit, avec planning des soirées, choix des artistes invités, accès aux utilisateurs, partenariats, etc. Un travail à temps plein pour ces jeunes Canadiens qui tentaient de percer sur internet avec leur propre job juste avant l'épidémie…

La France n’échappe pas à cette tendance mondiale de soirées où chacun oublie son confinement pour faire la fête, draguer, danser et même se retrouver en privé parfois après. Les clubs virtuels sont pour beaucoup l’occasion de vivre une autre expérience musicale à plusieurs. A L’Appart, ça se passe le samedi soir de 21h à 23h sur Zoom pout la "première teuf sans se toucher mais en se chauffant entre potes et avec les gens d’en face !" L’accès est donné sur la page Facebook ou Instagram juste avant que cela commence.

Payer pour faire la fête depuis chez soi ? Pas un problème !

Et si vous ne voulez pas qu’on vous reconnaisse, alors il suffit de basculer sur Habbo. Lieu de rencontre virtuel phare du début des années 2000, la plateforme connaît un regain d’intérêt depuis le début du confinement. A l’époque, chacun y créait son avatar et se baladait dans les différentes salles de ce vaste hôtel, entre lieux publics et espaces privés. Puis les réseaux sociaux ont explosé et Habbo, sans fermer ses portes, a été progressivement déserté. Mais Sulake, son développeur, a confirmé à Konbini Techno que le site (désormais aussi accessible sur mobile) battait des records de fréquentation et avait multiplié son trafic par quatre depuis le confinement. 

Il faut dire que les utilisateurs peuvent y créer leurs propres événements, tchatter, rencontrer d’autres personnes du monde entier. Il est ainsi devenu le théâtre de multiples rave-parties, avec tous les "codes habituels" des soirées techno de la vraie vie.

Le site de rencontres virtuelles Habbo Hotel
Le site de rencontres virtuelles Habbo Hotel - Sulake

L’autre grande nouveauté de ces rendez-vous, c’est le fait parfois de payer pour participer. Un geste qui semblait impensable il y a encore quelques temps sur Internet, mais auxquels beaucoup se prêtent sans rechigner. Les clubs qui ont basculé en virtuel ont souvent lancé des cagnottes sur des sites comme Patreon pour que les utilisateurs les aident à payer les artistes, la technologie (les abonnements aux plateformes de vidéoconférence) voire leurs salariés habituels qui sont au chômage technique. Et ça fonctionne. Le monde de la nuit profite aussi de sa forte notoriété pour s’amuser tout en récoltant des fonds. 

La soirée caritative "ReConnet" organisée par la plateforme de streaming Beatport a réuni le 27 mars dernier 24 grands noms de l’électro comme Carl Cox ou Nina Kravitz qui ont mixé pendant 24h sous les yeux des fans déchaînés. Les gains récoltés (180.000 dollars, un peu plus de 165.000 euros) iront à l’OMS dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et au fond de secours de l’Association for Electronic Music.

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Assiste-t-on à l’avènement d’une nouvelle façon de passer ses samedis soirs ? Sans doute. Mais ces virées en club virtuel sont avant tout l’expression d’un besoin selon les experts. "Les fêtes sont l’essence même de ce qui est bon dans la vie : l'amour, l'amitié, le plaisir, l'évasion, l'exploration spirituelle, etc.", écrit Ted Cooke, membre britannique du collectif Co-Reality qui gère les soirées The Zone. "Il est donc évidemment très important que nous continuions à faire la fête malgré la distance physique." Et de voir l’émergence d’une nouvelle tendance : "Ce n'est pas comme si quelqu'un assistait à des soirées en ligne avant le confinement. Les soirées ont toujours eu quelque chose d’une réalité virtuelle. Maintenant, il est temps de les porter à un autre niveau".


Mélinda DAVAN-SOULAS

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