PORTRAIT – Savez-vous que derrière le service Facebook Messenger que vous utilisez quotidiennement se cache un Français ? Passé de jeune entrepreneur à pilier de l'entreprise de Mark Zuckerberg, David Marcus est un des "happy few" à avoir réussi à percer dans ces industries de pointe qui font les beaux jours de la Silicon Valley.
Ils sont arrivés en Californie en espérant décrocher une nouvelle vie, changer le monde. Aujourd'hui, ils occupent des postes de prestige chez les GAFAN, sont reconnus pour leur talent et leur créativité, ont mis sur pied des startup révolutionnaires. Gros plan sur ces Français qui réussissent dans la Silicon Valley. Episode 1 : David Marcus, actuel patron de Facebook Messenger.
C'est quoi son job ?
David Marcus est vice-président de Facebook en charge des produits de messagerie du réseau social et notamment de Messenger. Avant de poser ses valises chez Facebook en 2014, le Français dirigeait PayPal, le service de paiement en ligne depuis 2011. "Construire quelque chose de neuf et d'important", rêvait-il au moment de prendre ses fonctions chez Messenger. Depuis, le service de messagerie connaît une progression effrénée, avec plus d'un 1,3 milliard d'utilisateurs chaque mois, et multiplie les innovations (paiements, jeux, chatbots, photos, vidéos, etc.). Aujourd'hui, il a fait de Messenger une application mobile à part entière.
Son petit coup de chance
En 2008, alors patron de Zong, une entreprise de paiement sécurisé par téléphone, il vient s'installer en Californie dans la Silicon Valley afin d'accélérer le développement de son entreprise. Il s'implante à Palo Alto, le fief de Facebook, son futur partenaire puis employeur.
Comment il en est arrivé là ?
Né à Paris en 1972 d'un père roumain, banquier, et d'une mère iranienne, David Marcus est un véritable citoyen du monde. Il a grandi en Suisse où il a fait ses études. A 8 ans, il s'initie à la programmation informatique qu'il apprend seul. Plutôt que d'opter pour le secteur bancaire comme son père, il abandonne son emploi, souscrit un emprunt de 100.000 CHF (environ 85.000 euros) et se lance à l'assaut du marché des télécoms. Nous sommes en 1996 et il décide de créer sa première startup à 23 ans. GTN Telecom est alors un fournisseur genevois d'accès internet et permet des appels locaux et interurbains alors que la Suisse libéralise son marché des télécoms.
La clé de son succès : la simplicité et l'innovation du service qui dispense de composer un code d'accès à l'inverse de ses concurrents. En quatre ans, il en fait l'un des premiers opérateurs télécom alternatifs de Suisse jusqu'au rachat de l'entreprise par World Access en 2000. S'il a tout bon jusque-là, David Marcus joue de malchance. En échange de son entreprise, il obtient des actions qui, avec l'éclatement de la bulle internet, ne valent soudainement plus rien. GTN disparaît et les bénéfices de l'opération avec.
Son appétence pour l'entreprenariat le pousse a fondé Echovox, un service de monétisation de contenus sur mobile et de SMS surtaxés qui feront le bonheur des émissions TV, notamment de M6. En 2007, il lance avec Zong une solution de paiement sécurisé par téléphone qui permet la facturation par l'opérateur d'achat de service sur internet (un numéro de téléphone pour obtenir par SMS un code pour payer). L'entreprise signera des partenariats avec différentes plateformes de jeux en ligne, mais aussi avec Facebook pour permettre le paiement par mobile de Facebook Credits, des cadeaux virtuels achetés sur ses pages.
En 2011, Zong est racheté par Ebay/PayPal pour 240 millions de dollars payés en cash –assez paradoxal pour le futur géant du paiement en ligne - et David Marcus devient vice-président de PayPal Mobile, puis par la suite son président. Il lancera PayPal Here, un système à destination des petits commerçants qui transforme un iPhone en terminal de paiement par carte bancaire via un mini module à brancher.
C'est quoi ses atouts ?
"Charisme, perfectionnisme, vision et créativité. Une aptitude à révolutionner l'approche du monde numérique actuel", selon Stéphane Pictet qui fut l'un des premiers investisseurs de Zong. L'intéressé avance, lui, la figure de Steve Jobs comme modèle. "Je me sens proche de sa manière de refuser les concessions sur la vision et l'expérience utilisateur", expliquait-il en 2012 dans un entretien au site suisse Largeur.