Facebook : comment des chercheurs ont "manipulé" 700.000 utilisateurs

Publié le 30 juin 2014 à 10h19
Facebook : comment des chercheurs ont "manipulé" 700.000 utilisateurs

RÉSEAUX SOCIAUX – Des chercheurs de Facebook ont exposé à leur insu plusieurs centaines de milliers d'utilisateurs à des messages positifs ou négatifs. Ils ont constaté leur impact dans les statuts des personnes concernées. Une méthodologie que certains qualifient de manipulation.

Facebook joue avec les sentiments. Le réseau social a mené une expérimentation qui a montré comment les émotions auxquelles ses utilisateurs sont exposés influent sur leur humeur. Pendant une semaine, du 11 au 18 janvier 2012, Facebook et plusieurs scientifiques des universités Cornell et de Californie, ont modifié le système d'algorithme du site. Le but ? Modifier à son insu le contenu des informations reçues par un groupe de 700 000 utilisateurs, afin d'en étudier l'impact sur leurs émotions.

Dans le compte rendu de l'étude, publiée le 17 juin dernier dans la revue scientifique américaine de l'Académie nationale des sciences (PNAS), les auteurs ont constaté que les utilisateurs concernés publiaient des messages contenant plus de mots positifs ou négatifs, en fonction de leur propre exposition aux contenus positifs ou négatifs de leurs amis Facebook.

Une manipulation des données ?

"Les états émotionnels sont communicatifs et peuvent se transmettre par un phénomène de contagion, conduisant les autres personnes à ressentir les mêmes émotions sans en être conscientes", écrivent les auteurs de l'étude. D'autres recherches sur ce phénomène existent déjà, mais c'est la première fois que des scientifiques affirment "avoir manipulé" les données. Pour eux il n'y a pas de doutes, cette recherche est "compatible avec la politique d'utilisation des données à laquelle tous les utilisateurs doivent souscrire en créant un compte Facebook".

Seulement, ils avaient certainement sous estimé qu'un tel sujet serait aussi sensible. "C'est sans doute légal, mais est-ce éthique ?", se demandait ainsi The Atlantic , l'une des publications qui s'est emparée de l'affaire aux côtés de Slate et Forbes. "Alarmant" ou encore "démoniaque" : plusieurs internautes ont exprimé leur préoccupation face à cette modification par Facebook du fil d'actualités et surtout face à la perspective de manipulation de masse qu'elle ouvre.

Les excuses d'un chercheur de Facebook

"Cette recherche a été menée pendant seulement une semaine et aucune donnée utilisée n'était liée au compte d'une personne en particulier, a indiqué une porte-parole de Facebook, Isabel Hernandez, à l'AFP. Nous faisons des recherches pour améliorer nos services (...), et une grande partie consiste à comprendre comment les gens répondent à différents contenus positifs ou négatifs".

L'un des auteurs de l'étude, Adam D. I. Kramer, chercheur chez Facebook, s'est même exprimé sur son profil  : "Je peux comprendre pourquoi certains s'inquiètent, mes coauteurs et moi-même sommes vraiment désolés de la manière dont l'étude décrit la recherche et l'anxiété qu'elle a causée". Pas sûr que ces excuses rassurent vraiment les utilisateurs.


La rédaction de TF1info

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