Pixel 2 : comment Google s'est peu à peu immiscé dans la bataille des smartphones

par Mélinda DAVAN-SOULAS
Publié le 4 octobre 2017 à 10h00, mis à jour le 5 octobre 2017 à 16h02
Pixel 2 : comment Google s'est peu à peu immiscé dans la bataille des smartphones

ALLÔ – Depuis 2007, Google a décidé de mettre un pied dans le monde de la téléphonie mobile. Et depuis l’an dernier, il a décidé de la jouer (presque) solo en sortant des smartphones à son nom. Retour sur une histoire qui ne demande qu’à prendre son envol, à la veille de l’annonce des nouveaux Pixel 2.

Mercredi 4 octobre 2017, vers 18h (heure française), Google débutera sa conférence de présentation de ses nouveaux smartphones haut de gamme. Un évènement en passe de devenir un rituel, un an jour pour jour après la toute première keynote dévoilant les Google Pixel, purs produits dessinés et conçus en interne. La firme de Mountain View veut s’immiscer dans la bataille mondiale que se livrent les Samsung, Apple, Huawei, Sony ou autres LG. Elle a d’ailleurs récemment racheté une partie de HTC pour se donner du fond et de la forme.

L’inspiration BlackBerry d’abord

Et cela fait 10 ans que Google a commencé à placer ses petits cailloux blancs. En 2007, le premier appareil pensé en interne se nommait alors Sooner (photo). Ce prototype, conçu déjà avec l’aide de HTC, proposait un format compacté qui rappelait le BlackBerry, avec tout le bas de l’écran occupé par un clavier physique. Dépourvu d’écran tactile, doté d’une définition aujourd’hui risible (320x240 px) et de 64 Mo de RAM, il ne verra jamais officiellement le jour. Car peu après, l’iPhone venait tout terrasser. Six mois plus tard, Sergey Brin et Steve Horowitz dévoileraient Android, pour le plus grand bonheur des autres constructeurs.

En 2008, Google noue un partenariat avec HTC et surtout l’opérateur T-Mobile. En résulte un téléphone mobile avec un clavier coulissable baptisé HTC Dream ou T-Mobile G1. Un appareil robuste qui tourne alors sous Android 1.0. L’ensemble n’est pas encore totalement optimal, mais les bases sont données avec l’arrivée de notifications et autres fonctionnalités, des boutons physiques qui annoncent les futurs boutons tactiles (Home, retour, appel…). Pour se servir de Gmail et Youtube sur un support mobile, parmi une cinquantaine d’applications téléchargeables, c’était alors la seule solution.

Google va progressivement s’installer dans les smartphones, mais par l’intermédiaire du système d’exploitation Android, qui devient le concurrent numéro un de l’iOS d’Apple. Disponible gratuitement, il permet aussi au marché du smartphone d’exploser, et les fabricants d’appareils se multiplient.

Prendre les choses en mains

Et en janvier 2010, Google décide de se signaler de nouveau. L’entreprise fait appel à son partenaire des premières heures, HTC, et déboule avec son Nexus One. Une gamme naît alors chez Google avec la volonté de montrer un Android épuré, à la différence des surcouches que commencent à ajouter les constructeurs qui l’utilisent, ajoutant leurs fonctionnalités et applis. En près de sept ans, l’Américain a lancé sept autres smartphones Nexus et quatre tablettes sous le même nom, ainsi que deux lecteurs multimédia (Nexus Q et Nexus Player). Autant d’opportunités pour mettre en avant ses versions d’Android à travers des appareils de bonne facture, sans être au-dessus du lot. 

Toutes ces années, Google a choisi de confier la fabrication de chaque modèle à des constructeurs différents (HTC, Samsung, LG, Huawei). Des smartphones pas vraiment Google car on retrouvait la patte design de chacun. Et en 2016, Google a opté pour un changement drastique de stratégie : désormais, les smartphones seraient de véritables produits Google, dessinés et conçus en interne même si l’assemblage serait fait dans des usines reconnues. Exit l’appellation Nexus, bienvenue aux Pixel et Pixel XL, le modèle grande taille pour répondre aux aficionados des phablettes.

Des smartphones pour incarner toute la force de frappe de Google

2017 marquera donc la seconde itération des Pixel, dévoilés lors d’une nouvelle keynote, à l’instar de la concurrence. Car les objectifs du géant californien sont assez similaires et tout aussi énormes, même si la firme se défend de se fixer un niveau de parts de marché à atteindre. Ce n’est pas sans raison qu’elle a en partie racheté en partie HTC après avoir tenté sans succès de créer quelque chose avec Motorola, revendu en 2014 à Lenovo. Désormais aux commandes et à la conception de son smartphone, Google a toutes les cartes en main pour créer de nouvelles choses, tenter et faire briller son savoir-faire multi-domaines, comme l’ajout l’an dernier de la compatibilité avec la réalité virtuelle, bien avant que l’iPhone n’intègre la réalité augmentée.

Loin d’avoir la force de frappe des Samsung et Apple, et leur capacité à envahir les marchés, les Pixel veulent prouver que leur premier coup très réussi de 2016 n’était pas un feu de paille. Et leurs successeurs s’annoncent tout aussi flamboyants. Une façon de s’asseoir durablement dans le paysage mobile en installant une image de marque. Encore faut-il désormais, pour conquérir le monde, que les Pixel soient enfin disponibles au plus grand nombre. Ce qui était loin d’être le cas des premiers modèles. Mais les ambitions sont aussi vastes que les océans.


Mélinda DAVAN-SOULAS

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