ALTERNATIVE - Pour arriver à l'heure au bureau, même quand les transports en commun ne fonctionnent pas, on peut désormais compter sur le "court-voiturage", le covoiturage du trajet maison-travail. Un Plan B qui est même devenu le quotidien de centaines de milliers de français, une pratique encouragée jusqu'à la gratuité par les pouvoirs publics. On a testé pour vous.
Si le covoiturage longue distance n'a plus à faire ses preuves, l'organiser comme alternative fiable aux transports en commun ou pour éviter de prendre sa voiture personnelle est un vrai casse-tête. Difficile en effet de caler à coup sûr des trajets si réguliers et si courts, avec une contrepartie financière de l'ordre du ticket de métro.
Pourtant, et pas seulement autour des grandes villes, l'essentiel des déplacements aux heures de pointe s'effectuent toujours avec une seule personne à bord tandis que le besoin de trajets point à point est bien réel. De quoi expliquer l'éclosion en quelques années d'applications comme Klaxit, Blablalines et Karos, les nouveaux champions du "court-voiturage".
De quoi payer l'essence
Sur ces applications, conducteurs et passagers potentiels déclarent à l'avance leurs trajets prévus, souvent toujours les mêmes. Le système peut alors les mettre en relation, si trajets et horaires sont compatibles. Une simplicité qui n'est pourtant qu'apparente. "Pour arriver à l'algorithme de mise en relation que nous avons aujourd'hui", explique à LCI Christelle Clairville, Directrice Marketing de l'application Karos, "il nous a fallu quatre années de recherche et développement. Si l'on demande au début quels sont vos trajets habituels, ce sont vos déplacements réels que suit l'application pour arriver à prévoir vos trajets futurs et vous proposer le covoiturage qui vous conviendra le mieux."
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Avantage pour le passager : lui sera pris et déposé au plus près de son domicile et de son lieu de travail, si le trajet du conducteur le permet bien sûr. Pour ce dernier, offrir une place à bord permet d'avoir de la compagnie dans les embouteillages et de gagner quelques euros, souvent de quoi couvrir l'essentiel de ses frais de carburant. Comptez deux euros jusqu'à une vingtaine de kilomètres et un euro par tranche de dix kilomètres supplémentaires, des tarifs à peu près équivalents chez toutes les applications.
Mais alors, si les montants en jeu sont si faibles, comment les applications gagnent-elles leur vie ? "Nous ne prenons pas de commission, ce sont en fait les collectivités territoriales qui nous payent", explique Christelle Clairville chez Karos. "En Île-de-France par exemple, le covoiturage fait désormais partie du transport public. Les trajets sont gratuits pour les détenteurs de Pass Navigo. C'est Île-de-France Mobilités (ndlr : l'organisme, rattaché à la Région, qui gère les transports franciliens) qui paye le coût de deux trajets par jour". La startup propose également ses services à des entreprises qui voudraient organiser un covoiturage pour leurs salariés au travers de l'application. À ce jour, elle compte 250.000 utilisateurs.
Les habitués du court-voiturage
Pour tester le principe, nous sommes allés nous déclarer comme conducteur sur Karos. À l'essai, l'utilisation est simple. En quelques jours, l'application a appris toute seule nos trajets quotidiens, où l'on habite et où l'on travaille. Ces informations ne sont cependant pas entièrement visibles pour les autres utilisateurs, les adresses ne s'affichant pas. Dans une ville comme Paris, les partenaires de trajets potentiels sont nombreux, très nombreux. Nous, nous avons choisi d'effectuer le chemin du retour un soir avec David. Il travaille à un jet de pierre de TF1 et habite à quelques minutes de l'auteur de ces lignes, co-voitureur d'un soir.
La mise en relation est simple, et c'est assez amusant de se découvrir de doubles voisins, qui vivent et travaillent aux mêmes endroits que vous. Une fois accordés sur l'heure de départ, le reste se déroule en "chat" en direct, pratique pour se retrouver à un point précis ou avertir d'un retard de dernière minute. Comme sur une application de VTC, il faut valider le début et la fin du trajet, il est aussi possible de noter son conducteur ou son passager, chacun soignant apparemment sa réputation.
47% de hausse les jours de grève
Comme les périodes de pics de pollution (et leur circulation alternée) et d'autres mouvements sociaux auparavant, les grèves contre la réforme des retraites devraient drainer nombre de nouveaux utilisateurs vers les plateformes de court-voiturage. "Pendant les dernières grèves, notre trafic était en hausse de 47%", sourit Christelle Clairville. "La bonne nouvelle, c'est que ceux qui s'inscrivent à l'occasion d'un problème de transport ont tendance à devenir des utilisateurs réguliers, même une fois les choses revenues à la normale." À ce jour, Karos a permis plus de deux millions de ces courts-voiturages.