AVENIR - En raison du réchauffement climatique, les feux de forêt devraient être amenés à se multiplier au cours des prochaines années. Pour épauler les soldats du feu, des startups s'appuient sur les capacités d'analyse phénoménales que permettent aujourd'hui les algorithmes d'intelligence artificielle pour identifier plus rapidement les départs d'incendie.
Depuis des mois, de gigantesques feux de forêt se succèdent, en Californie, en Grèce ou plus récemment en Australie, provoquant des dégâts considérables sur leur passage et tuant des dizaines de personnes. Si les causes sont diverses et les intensités variables, une chose est sûre : le nombre de feux de forêt augmente et devrait continuer à augmenter. Notamment en raison du réchauffement climatique qui aggrave mécaniquement le risque d’incendie, rappelle à LCI Marc Pontaud, directeur du laboratoire de Météo-France.
Pour mieux épauler les soldats du feu sur le terrain, des scientifiques s’appuient sur la modélisation informatique et prévisionnelle permise aujourd’hui par les technologies d’intelligence artificielle. "L’augmentation de la puissance des ordinateurs aidant, il est désormais possible de décrire plus finement le processus en jeu dans le développement d’un incendie, à partir d’une multitude de données comme le vent, la température ou encore la densité de végétation", explique Marc Pontaud.
Prédire la météo propice aux départs de feu donne quelques heures de plus aux équipes pour prévoir les situations à risque.
Marc Pontaud, directeur du laboratoire de Météo-France.
L’objectif de cette "météo des flammes" vise principalement à anticiper les départs d’incendie. "Prédire la météo propice aux départs de feu permet de donner quelques heures de plus aux équipes pour prévoir les situations à risque", souligne le directeur du laboratoire de Météo-France. De quoi également prendre de meilleures décisions pour coordonner les acteurs sur le terrain quand un feu s'est malheureusement déclaré.
Aux Etats-Unis, une équipe de chercheurs de l’Université de Californie, à San Diego, planche ainsi actuellement sur un système censé permettre aux autorités de prédire la progression d'un incendie. Pour ce faire, un logiciel utilisant des technologies d'intelligence artificielle croise différents facteurs. Les conditions météorologiques, le moment de la journée, la température de condensation sont en effet autant d'indices qui lui permettent de classer la force de l'incendie en trois catégories : faible, moyenne ou importante. Le dispositif est expérimenté depuis quelques mois au Nouveau-Mexique. Pour l'instant, il affiche un taux de réussite relativement faible, de l’ordre de 50,4%. Selon les scientifiques, pour améliorer sa fiabilité, il faudra lui fournir davantage de données historiques.
Lire aussi
Australie : qu’est-ce que ces "orages de feu", responsables de nouveaux départs d’incendie ?
Lire aussi
Cinq experts de la sécurité civile française envoyés en Australie pour évaluer les feux
Lire aussi
De 480 millions à un milliard d'animaux morts dans les incendies en Australie : d'où viennent ces estimations ?
Autre avancée offerte par l'IA : la plupart du temps, les départs d'incendie sont détectés au sol par des civils ou depuis les airs via des avions de tourisme, donc souvent en retard (parfois jusqu'à plusieurs jours). Basée à Santa Fe, la startup Descartes Labs a dévoilé en juillet dernier un programme informatique permettant, affirme-t-elle, de localiser l’emplacement d’un incendie en moins de dix minutes après son départ.
Pour cela, son logiciel utilise les images de deux satellites météorologiques appartenant à l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). Toutes les deux minutes, il examine les images pour détecter des signaux tels que la présence de fumée, un changement de température anormal. Pour ensuite transmettre très rapidement l'information aux soldats du feu.