Quel futur pour demain ?

Et si ChatGPT nous permettait de ne plus travailler que quatre jours 

Publié le 6 avril 2023 à 14h01
JT Perso

Source : JT 20h WE

Le monde est peut-être à l’aube d’une révolution majeure, dont les récents progrès en IA ne sont que les prémices.
Les bouleversements induits par cette technologie font craindre des destructions d'emplois massives.
Le Nobel d'économie Christophe Pissarides y voit, au contraire, l'opportunité de réduire notre temps de travail

Un monde peuplé de robots dopés à l’intelligence artificielle (IA), où l'homme disposera d'un temps de loisirs tel qu'il n'en a jamais connu. Une utopie, un brin futuriste, mais peut-être pas si illusoire, en tout cas si l’on en croit l'économiste Christopher Pissarides, professeur à la London School of Economics et prix Nobel d’économie en 2010. Le lauréat du Prix Nobel, spécialiste de l’automatisation et des questions d’emploi, est convaincu que les gains de productivité réalisés grâce à ces systèmes d’IA génératives devraient permettre, dans une kyrielle de secteurs d’activités, de passer à la semaine de quatre jours de travail. 

"Je suis très optimiste quant à la possibilité d’accroître la productivité. Nous pourrions améliorer notre bien-être et nous consacrer davantage aux loisirs", a expliqué, lors d’une conférence de presse à Glasgow (Écosse), l'économiste, dont l’agence Bloomberg rapporte les propos.  Grâce à ChatGPT et à ses répliques, "nous pourrions facilement passer à la semaine de quatre jours", soutient l’économiste, dont les travaux portent notamment sur l'avenir du travail et la notion de bien-être. Une vision optimiste à rebours du discours désenchanté qui domine actuellement.

300 millions d'emplois seraient menacés directement

Face aux progrès fulgurants de ces technologies, la semaine dernière, une tribune signée par plus d’un millier d’experts en intelligence artificielle réclamait une pause de six mois dans les recherches pour laisser à la société le temps de s’adapter à cette révolution majeure, alors qu'une "course incontrôlée pour développer et déployer des systèmes d’IA toujours plus puissants, que personne, pas même leurs créateurs, ne peut comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable". En résumé, ça va trop vite et il devient urgent de mettre en place les garde-fous qui s'imposent pour éviter des dérives. 

Ils pourraient nous débarrasser de beaucoup de choses ennuyeuses que nous faisons au travail

L'économiste Christopher Pissarides

De tout temps, le progrès technologique a toujours suscité la peur. Mais la rapidité à laquelle se développent aujourd’hui ces systèmes d’IA génératives inquiètent au plus haut point, car elles soulèvent un certain nombre de menaces, au premier rang desquelles figure la question de la destruction d’emplois. La banque d’affaires américaine Goldman Sachs estime, dans une étude, qu’au moins 300 millions d’emplois sont menacés directement dans le monde. Évidemment, d'innombrables nouveaux métiers, dont on ne soupçonne même pas l'existence, vont aussi voir le jour.  

Il n'empêche, de violentes perturbations sont à prévoir sur le marché de l'emploi, comme ce fût le cas, au siècle dernier, avec la robotisation dans l'industrie. L’économiste Christopher Pissarides, dont les travaux récompensés par un Nobel portaient justement sur l'impact de l'automatisation sur les emplois, y voit plutôt une chance pour sa part. Ces systèmes d’IA "pourraient nous débarrasser de beaucoup de choses ennuyeuses que nous faisons au travail... et ne laisser que les choses intéressantes aux êtres humains", avance ce spécialiste.

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À condition cependant de ne pas faire n’importe quoi, selon lui. Plus l’adoption de ces outils par les entreprises sera lente, moins la transition pour les travailleurs sera douloureuse, même si la technologie "évolue rapidement", souligne-t-il. Comme ce fût le cas pour la robotisation dans l’industrie, "cela va prendre du temps avant d'avoir un impact réel et pendant ce temps, les gens s'adapteront", anticipe l’économiste. "Ce dont vous avez besoin pour cet ajustement, c'est essentiellement d'une montée en compétences", suggère-t-il. D’où la nécessité de former et d’éduquer la population à ces outils, ce qui permettra d'éviter qu’ils viennent à nous surpasser dans des tâches qui nous épanouissent et que nous ne souhaitons pas justement leur déléguer. 


Matthieu DELACHARLERY

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