Intelligence artificielle : la Française des Jeux teste la reconnaissance faciale pour identifier les mineurs

Il fallait jusqu'ici présenter sa carte d'identité. Désormais, le seul visage suffirait. Pendant trois mois, la Française des Jeux (FDJ) a testé le fonctionnement d'un logiciel de reconnaissance faciale chez ses buralistes, a annoncé l'entreprise mercredi 5 avril. Des bornes installées directement dans les boutiques, munies d'une caméra et d'un équipement dédié, ont ainsi permis de s'assurer en quelques minutes que les clients étaient bien majeurs.

En pratique, les choses sont simples. Avant de pouvoir jouer, les clients les plus jeunes avaient la possibilité de scanner leur visage sur une borne au lieu de sortir leur carte d'identité. Cette dernière évaluait alors l'âge du joueur, comme l'a expliqué Florian Chevoppe-Verdier, en charge de la politique publique de Yoti, l'entreprise britannique qui a fourni l'équipement à la FDJ. 

Son logiciel s'appuie sur l'intelligence artificielle pour évaluer l'âge d'une personne grâce aux données biométriques. Entrainé sur des millions de visages, il est censé livrer une analyse précise avec une marge d'erreur de 1,6 an, selon la start-up fondée en 2017. 

Résultat : l'entreprise est le leader mondial dans son secteur. Si bien qu'en Angleterre, cette solution est déjà utilisée dans les caisses automatiques de certains supermarchés pour la vente d'alcool. Ses résultats ont également séduit les grands noms de la tech. Avant la FDJ, Instagram et Facebook ont fait appel à Yoti pour bannir les utilisateurs de moins de 13 ans, tandis qu'un site pornographique a fait de même pour s'assurer que ses utilisateurs étaient majeurs. 

C'est d'ailleurs dans ce cadre que Yoti espère être sélectionnée en France comme solution technique pour la vérification d'âge en ligne, qui va notamment être imposée pour accéder aux sites pornographiques.

D'autant que cette nouvelle technique de vérification permet de préserver l'anonymat des clients. Le logiciel ne propose pas une identification, mais seulement une évaluation de l'âge, comme l'a souligné Florian Chevoppe-Verdier à l'occasion du Forum international de la cybersécurité. "Elle repose sur l'analyse de pixels du visage anonymisés et les photos ne sont pas stockées." 

Si l'entreprise affirme que ces images sont aussitôt supprimées des serveurs, il appartiendra aux autorités de s'assurer du respect de cet engagement.

Reste cependant la question cruciale du succès des tests. Et pour cause, le système semble loin d'être infaillible. Pour preuve, les données des recherches publiées par la start-up en mai dernier montrent que la marge d'erreur peut exploser chez certains publics. 

Comme le montre l'illustration ci-dessous, la couleur de peau peut influencer les résultats : chez les femmes ayant des peaux foncées, la moyenne d'erreur peut passer de 1,6 an à 4,8. "Une vie dans la rue vieillit prématurément le visage", a également reconnu Florian Chevoppe-Verdier. 

Si la FDJ n'a pas encore fait le bilan de ce partenariat, on sait donc déjà que ce système ne peut pas totalement remplacer le contrôle humain pour l'instant. Au cours de l'expérience de trois mois, il appartenait d'ailleurs encore au buraliste de vérifier l'identité chez tous les clients de moins de 20 ans. Auprès de l'AFP, la société des jeux d'argent a précisé que ces solutions étaient encore au stade de "prototypes".