Internet : 20.000 câbles sous les mers pour faire transiter les données

M.D.
Publié le 15 février 2021 à 16h56, mis à jour le 15 février 2021 à 17h13

Source : JT 20h WE

INTERNET - Un nouveau câble sous-marin transatlantique, financé par l'opérateur Orange en partenariat avec le géant américain Facebook, va être installé sur une plage dans la commune du Porge, près de Bordeaux. Ce point d'accès, qui sera le plus rapide de France, doit entrer en service début 2022.

Sans eux, Internet tel que nous le connaissons n’existerait pas. Quelque 1,2 million de kilomètres de câbles de télécommunication, l’équivalent de trois fois la distance entre la Terre et la Lune, tapissent le fond des océans. C’est à l’intérieur de ces gros tuyaux que transitent aujourd’hui 99% du trafic mondial, Internet comme téléphone. Les données y voyagent à la vitesse de la lumière, propulsées par des lasers grâce à la technologie de la fibre optique, avant d’être redistribués vers nos appareils électroniques via les antennes-relais installées sur la terre ferme.

Au nord d’Arcachon (Gironde), un nouveau câble sous-marin, financé par Orange en partenariat avec le géant américain Facebook, doit entrer en service début 2022. Il deviendra alors le point d’accès le plus rapide de l’Hexagone. Long de 6.800 kilomètres, il s’étend jusqu’aux côtes américaines et n’attend plus qu’à être raccordé à notre réseau. "L’opération consiste à tirer le câble sous la plage pour le faire arriver de l’autre côté de la dune", explique Carine Romanetti, responsable de la stratégie des câbles sous-marins chez Orange. À cause de la météo, son installation a dû être reportée au printemps. 

Un domaine hautement stratégique

L’installation de ce câble transatlantique, dont le coût est estimé à 250 millions d’euros, a pris deux mois. Il a traversé l’Atlantique à bord d’un navire-câblier et gît à des profondeurs abyssales dépassant par endroit les 6000 mètres. Pour résister à de telles conditions, il est recouvert d’un alliage de cuivre, d’acier et de bitume. "En plus de la profondeur, il peut y avoir des zones de pêche, des chalutiers et des ancres qui viennent racler le fond marin. Le câble doit être capable de résister à toutes ces conditions", explique Thomas Lecointe, responsable de production chez Alcatel Submarine Networks à Calais, où est basée l’une des trois entreprises dans le monde spécialisés dans l’installation et la maintenance des câbles sous-marin. 

La pose et l'exploitation des câbles sous-marins ont longtemps été l'apanage de grands opérateurs télécoms réunis en consortiums. Mais les géants d'internet en deviennent les nouveaux bâtisseurs en raison notamment de l'explosion des flux de données transitant entre l'Europe et les États-Unis. L’opérateur tricolore sera propriétaire du câble présent dans les eaux territoriales françaises. "Compte tenu des enjeux stratégiques et de la souveraineté nationale liée aux câbles sous-marins, Orange doit continuer (...) de développer ses infrastructures pour connecter la France à d'autres continents", explique le directeur des réseaux internationaux d'Orange, Jean-Luc Vuillemin, cité par l'AFP.

Au-delà même de fournir un accès à Internet, ces infrastructures représentent aussi et surtout un enjeu stratégique important. "Quand vous disposez de câbles sous-marins, vous avez la possibilité d’accéder via les services de renseignement aux données d’une manière ou d’une autre", explique Camille Morel, doctorante à l'université de Lyon III et chercheuse associée à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM). 

En 2013, comme l’avait révélé Edward Snowden, la NSA a piraté le réseau informatique de plusieurs opérateurs télécoms, dont Orange, en introduisant un virus lui permettant de récupérer des informations concernant les flux de données. L'agence de surveillance américaine était alors en mesure de collecter des informations telles que le lieu, la date ou les personnes participant à une conversation donnée.


M.D.

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