Objets connectés, assistant vocal, "stores" dans le monde entier : Huawei active le deuxième étage de sa fusée

Cédric INGRAND, envoyé spécial à Shenzhen (Chine)
Publié le 19 décembre 2019 à 16h41, mis à jour le 19 décembre 2019 à 17h53

Source : Sujet TF1 Info

REPORTAGE - Le géant chinois du mobile dessine un avenir peuplé d’objets connectés, mais résolument centré autour du smartphone. Un avenir qu’il met en musique dans son nouveau magasin-amiral de Shenzhen, en attendant Paris, au printemps.

Avant, les choses étaient simples : Huawei était une entreprise à deux bras, l’un sur le marché du smartphone, l’autre sur celui des équipements télécoms. Après cinq ans passés à faire connaître sa marque -et à répéter à l’envi que Huawei se prononce “houah-ouai”-, le géant chinois passe visiblement à l’étape suivante.

L’entreprise, qui emploie près de 200.000 salariés et gagne désormais plus d’argent que Boeing, veut accélérer sa croissance et ne pas battre en retraite face aux soucis nés de la guerre commerciale sino-américaine. Une stratégie qui s’appuie sur plus de visibilité et de nouveaux produits.

Une enceinte sino-française et une télé à venir

Parmi ceux-ci, pas mal de surprises déjà dévoilées. Récemment, Huawei a ainsi surpris en sortant une enceinte connectée de gros calibre, au design brillant, un cylindre arrondi sur ses angles, qui fait un peu penser au Homepod d’Apple ou à la récente Amazon Echo Studio. Baptisée “Sound X”, elle a été co-développée avec le Français Devialet, spécialiste de l’enceinte connectée haut de gamme. 

Nous avons pu l'écouter : de fait, la patte de Devialet s’entend fort et clair, même à volume discret, avec beaucoup de clarté, des basses présentes mais sans distorsion. Il faudrait cependant une écoute plus longue dans des conditions plus calmes pour se faire une idée définitive. Déjà commercialisée en Chine pour l’équivalent de 260 euros environ, "Sound X" devrait arriver chez nous sans trop tarder, mais probablement pas en dessous de 300 à 350 euros. Autre produit et autre inconnue : si Huawei a lancé en Chine sa propre télé connectée, en 65 et 82 pouces de diagonale, son arrivée en France ne semble pas pour l’instant d’actualité.

Huawei "Sound X"
Huawei "Sound X" - Cédric Ingrand

“1+8+N”, une stratégie à deux chiffres et une inconnue

Si Huawei s’investit dans les enceintes, ce n’est pas juste par amour de la musique. "Sound X" est la première à intégrer le nouvel assistant vocal de la marque, une alternative à Siri, à Alexa ou OK Google. En Chine, pour activer l’assistant, il faut l’appeler de son petit nom local, “shahi-shahi”. Chez nous, et plus généralement hors de Chine, il faudra l’appeler “Celia”. On attendra de se prononcer sur l’intelligence et les capacités de Celia, qui pourrait ne pas sortir avant un an. 

"Celia" n’est pas née par accident. Derrière cette frénésie de nouveautés, Huawei avance une stratégie qui les relie entre elles et qui a un nom : "1+8+N". Au coeur du dispositif, le “1”, c’est le smartphone, centre de notre vie numérique. Connectés à lui, les "8" objets et interfaces les plus présentes, mais aussi les plus utiles dans nos vies : une tablette, un PC, des oreillettes sans fil, une montre intelligente, une enceinte connectée, un téléviseur, une voiture et des lunettes connectées. Des objets qui nous connectent au monde quand nous n'avons pas notre smartphone en main. 

Sans surprise, Huawei fabrique déjà tous ces objets… ou presque. Le constructeur indique qu'il préfère travailler de concert avec d'autres entreprises spécialisées, celles qui intègrent déjà ses composants. Travailler avec les autres, c’est là qu’arrive le “N” de 1+8+N. Autour du smartphone et des huit objets centraux, le "N" représentera une infinité possible d’objets connectés, connectés entre eux et associés à l'écosystème. 

La promesse, c’est de tout contrôler dans une seule interface plutôt que d'utiliser une application dédiée à chaque usage. Pour ce faire, Huawei a inventé un standard sans fil commun à l’essentiel de ces objets : "Hilink" relie pour l’instant en majorité les créations de fabricants chinois. Mais on promet à Shenzhen que d’autres, plus occidentaux, pourraient bien les rejoindre bientôt.

La stratégie "“1+8+N”  de Huawei
La stratégie "“1+8+N” de Huawei - Cédric Ingrand

30 “stores” à ouvrir dans le monde

Pour distribuer ses smartphones, Huawei pouvait compter sur la grande distribution, la vente en ligne et les offres des opérateurs. Pour arriver à afficher tous les objets que “1+8+N” connecte, comment cela fonctionne et quel bénéfice l’utilisateur peut en tirer, la distribution traditionnelle ne suffira pas. De quoi expliquer l’ouverture en septembre dernier du premier Huawei Store, un magasin géant en plein centre de Shenzhen, au coeur du quartier du shopping, juste en face de celui du grand rival Xiaomi.

De prime abord, difficile d’être surpris : dans son magasin amiral, Huawei a largement repris des codes propres à Apple, avec même quelques détails qui semblent copiés-collés. Au moins, le principe sera familier, même pour ceux qui en poussent la porte pour la première fois.

Comme l’explique à LCI Alex Huang, le patron de Huawei en France, on pourra bien sûr y acheter tous les produits de la marque et de son écosystème de startups. Mais ce n’est cependant pas la première mission de ces magasins-amiraux. L’idée ici, c’est de montrer comment le smartphone peut faire s’afficher le contenu de son écran sur celui du PC portable ou comment le smartphone va connecter ensemble les informations provenant de plusieurs capteurs différents dans la maison.  “Ces magasins nous permettront aussi de vendre en direct des produits en série plus limitée”, souligne Alex Huang, “ou des nouveautés qui demandent une prise en main plus assistée, comme le Mate X pliable, par exemple.”

A Paris, sur le boulevard des Capucines, à quelques mètres de la Place de l’Opéra (pas très loin de l'un des Apple Stores de la capitale...), on ne distingue pas encore l’intérieur d’un magasin encore en travaux. Le Huawei Store y ouvrira au printemps, juste à temps pour y découvrir le futur smartphone P40 dévoilé à la même époque, mais aussi tous les objets, signés Huawei ou non, qui iront autour. 

En podcast : "Le monde merveilleux des objets connectés"

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