Pourquoi les patrons high-tech envoient-ils leurs enfants dans des écoles anti-tech

Publié le 27 novembre 2017 à 15h13
Pourquoi les patrons high-tech envoient-ils leurs enfants dans des écoles anti-tech
Source : Apple

ENQUÊTE - Dans un article paru dans "Business Insider", une psychologue du MIT est formelle : les titans du monde de la tech ne permettent pas à leurs enfants de passer trop de temps sur leurs tablettes et leurs Smartphone.

"A la maison, nous limitons l'utilisation des gadgets technologiques." Cette phrase a été prononcée par Steve Jobs, en 2010. En 2014, un article du New York Times nous révélait que les dirigeants d'Apple, Google ou Twitter limitaient l'usage des nouvelles technologies chez leurs enfants, jugeant qu'elles pouvaient nuire à leur développement. Les nombreux dirigeants de la Silicon Valley tenaient ainsi leurs enfants à l'écart des nouvelles technologies parce qu'ils en connaissaient les dangers. 

Un article récent de Business Insider relance cette idée. Sherry Turkle, une psychologue du MIT, confirme cette idée selon laquelle les magnats de la tech envoient leurs enfants dans des "écoles anti-tech" en avançant comme argument que "ceux qui passent le plus de temps avec la tech comprennent le plus leurs mauvais côtés". En d'autres termes, la philosophie des nombreux dirigeants de la Silicon Valley consiste à dire que les enfants doivent être élevés sans technologie. 

Qui a tort ? Qui a raison ?

Toujours selon Business Insider, au-delà des dirigeants, les employés du secteur tech protègent aussi leurs enfants en les inscrivant à des écoles du type Montessori ; des écoles d'élite qui se concentrent moins sur la technologie et plus sur la construction du bien-être. Mais là aussi, rien de vraiment nouveau. Dans cet article de New York Times, datant de 2011, on apprenait l'existence de l'établissement Waldorf, en Californie, où les élèves n'apprennent à maîtriser Google qu'à partir de la 4e. Les salles de classe étaient dotées de tableaux noirs, de craies et de livres. 

Aussi, la question se pose : est-ce que l’arrivée à l’école du numérique – tableaux électroniques, tablettes et logiciels – est forcément une mauvaise nouvelle ? Consciente qu'il faut évoluer avec son temps, Sherry Turkle ne voit nonobstant pas tout en noir. Pour elle, la technologie n'est pas mauvaise, c'est avant tout un outil qui doit être manié avec précaution : si elle aime son ordinateur "à des fins à la fois créatives et pour de rapides emails", elle s'avère plus sceptique au sujet de la tendance grandissante de l'"éducation personnalisée", à cette mode consistant à laisser les écoles utiliser les appareils digitaux pour adapter les leçons aux besoins de chaque élève. 

"Se méfier des discours normatifs"

Lors d'une enquête sur le phénomène de l'"unboxing" (qui consiste à déballer des oeufs Kinder sur YouTube), nous avions demandé à Nicolas Georgieff, psychiatre, ce qu'il pensait du tout-numérique, y compris chez les enfants. Il nous avait alors répondu : "Les parents d'aujourd'hui ont tendance à faire le lien avec leur propre enfance et s'inquiètent de voir leurs enfants scotchés à leur tablette, sous prétexte qu'ils doivent eux aussi connaître la frustration, l’ennui, l'attente. Mais il faut aussi se méfier des discours normatifs. En vrai, on ne sait toujours rien de ce qui est bon pour l'enfant et par le passé, on n’avait pas d'autre choix que de tenir ce discours-là. On peut juste dire qu’il y a une surconsommation du numérique : plus les parents ont accès au numérique, plus ils le valorisent y compris envers leurs enfants." 


La rédaction de TF1info

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