JEUX VIDÉO – L'Electronic Entertainment Expo (E3) ouvre ses portes mardi 12 juin à Los Angeles pour trois jours de présentation des nouveautés vidéoludiques, des prochains blockbusters et autres jeux que vos enfants (ou vous-mêmes) vont vouloir. Un événement qui devrait faire la part belle aux phénomènes du moment : "Fortnite", l'eSport et la réalité virtuelle. Avec, on l'espère, de l'audace et de l'émotion, à défaut du plein de surprises.
Le grand rendez-vous annuel du jeu vidéo est en vue. L'Electronic Entertainment Expo, plus communément appelé E3, se tient officiellement mardi 12 juin au jeudi 14 juin, précédé de deux journées où les mastodontes du secteur (Electronic Arts, Microsoft, Bethesda, Sony, Ubisoft, Square Enix et Nintendo notamment) vont lever le voile sur les futurs jeux phares lors de conférences organisées un peu partout dans Los Angeles.
Un peu avant le coup d'envoi de la Coupe du monde en Russie, le jeu vidéo tient la sienne dans la Cité des Anges. Car l'E3 est un rendez-vous incontournable pour les amateurs de mondes virtuels et pixellisés. Lancé en 1995 pour suivre l'arrivée des nouvelles consoles de l'époque (la première PlayStation, la Sega Saturn et la Nintendo 64), il est devenu le lieu où convergent le futur du secteur, des jeux les plus révolutionnaires à venir aux tendances vidéoludiques de demain. Consoles, jeux, accessoires : tout y est, entouré d'une débauche de moyens pour attirer l'œil et faire parler de soi, avec des invités prestigieux pour donner encore plus d'importance à l'ensemble. Il n'est pas rare de croiser dans les allées du Convention Center des visiteurs inattendus comme Steven Spielberg, grand fan de jeux vidéo, Jimmy Fallon ou Kanye West, et même Omar Sy qui vient fréquemment en voisin californien.
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75 millions de dollars pour Los Angeles
Salon jadis ouvert exclusivement aux professionnels et médias, mais scruté de près par des millions de joueurs, les organisateurs avaient permis à quelques milliers de fans de fouler l'épaisse moquette du salon l'an dernier afin de découvrir les jeux les plus attendus, moyennant des tickets d'entrée allant de 250 à 500 dollars. Résultat : des files d'attente impressionnantes notamment pour découvrir alors Super Mario Odyssey ou encore Assassin's Creed Origins. Cela ne devrait pas s'améliorer cette année. L'Entertainment Software Association (ESA), organisateur de l'évènement, a décidé d'ouvrir l'E3 au public sans limite de nombre, mais il en coûtera aux plus volontaires la bagatelle de 250 dollars pour trois jours. Un tarif bien supérieur à celui de la Gamescom, le salon allemand estival, ou même la Paris Games Week à l'automne. Une rentrée financière dont ne veut pas se priver l'ESA, même si elle ne fait pas le bonheur de tout le monde sur place, le salon ayant dépassé les 68.000 participants l'an dernier.
L'E3 est aussi une manne financière pour Los Angeles. En 2017, il a rapporté 75 millions de dollars à la ville et emploie quelque 28.000 personnes. Devenu l'un des biens culturels de premier plan un peu partout dans le monde, le jeu vidéo attise les convoitises et le déménagement du salon, dont on parle depuis longtemps, se fait encore attendre. En 2017, on estime à 2,6 milliards le nombre de joueurs dans le monde, que ce soit sur mobile, consoles ou PC, et des revenus dépassant les 116 milliards de dollars. Le jeu vidéo étend sa toile à tous les domaines et l'on parle de plus en plus souvent de la "gamification de la société" (l'utilisation du jeu vidéo appliquée à plusieurs domaines pour l'apprentissage, la coordination, la cohésion, etc.).
Preuve de l'élargissement des frontières du jeu vidéo, de nombreux speakers de haut vol sont attendus pour des conférences comme les réalisateurs Darren Aronofsky et Joe Russo (Avengers : Infinity War), les acteurs Elijah Wood – impliqué dans un projet en réalité virtuelle avec Ubisoft- ou Jack Black, ou les créateurs de la série Westworld, Jonathan Nolan et Lisa Joy. Des sportifs seront présents au tournoi Fortnite organisé en marge du salon. On ne compte plus les intervenants issus du milieu économique, industriel et même médical pour décrypter les tendances et les évolutions.
Plus trop de surprises, mais toujours des rêves
"Mondes digitaux, innovation réelle", voilà le slogan pour ce millésime 2018. Et il faut dire que l'E3 se diversifie de plus en plus. Désormais, sur les près de 300 exposants présents, on trouve désormais 126 noms en lien avec le jeu mobile et social, 96 autres viendront dévoiler leurs nouveautés en matière de réalités virtuelles, augmentées ou mixtes. L'eSport se taille aussi la part du lion avec une arène dédiée à ses tournois. Et tous les regards devraient être tournés vers le stand énorme d'Epic Games, l'éditeur derrière le succès de Fortnite, qui se paie aussi le luxe d'un tournoi mêlant joueurs et stars du sport, de la télévision, du cinéma... par équipes. Nul doute que cela devrait attirer les foules. Mais l'E3 compte aussi des acteurs historiques qui l'ont déserté pour dresser leurs stands un peu plus loin. Après Electronic Arts parti présenté FIFA et ses autres jeux vers Hollywood, Microsoft branche sa Xbox One à quelques mètres du salon dans un bâtiment également ouvert au public.
L'E3 n'est-il plus le théâtre des rêves de jeux vidéo comme avant ? Ce n'est plus forcément là que l'on est surpris. Chaque conférence, de Xbox à PlayStation en passant par Ubisoft, ira de sa petite surprise. Mais les fuites sont devenues tellement nombreuses qu'il devient difficile d'en garder une surprise dans sa manche. Les Call of Duty Black Ops IIII, Red Dead Redemption 2, The Last of Us Part 2 ou encore Shadow of the Tomb Raider en ont déjà beaucoup dit lors de rendez-vous pris avec les fans. Ubisoft a dû vendre la mèche -a minima- pour Assassin's Creed Odyssey dont le nom avait fuité. Et plus l'on va s'approcher de l'événement, plus les annonces n'attendront plus l'officialisation des conférences. Cela n'empêchera pas des millions de joueurs de suivre l'événement en streaming, sur Twitch ou Mixer, les deux plateformes gaming en vogue. L'E3 oscille souvent entre promesses et déceptions. Promesses de jeux toujours plus beaux les uns que les autres à l'heure des PS4 Pro et Xbox One X toujours plus puissantes. Déceptions d'attendre des titres qui nous ont dévoilé un peu de chair un soir de juin et, des années après, se font toujours désirer comme Cyberpunk 2077, attendu depuis 2013. Mais quand aime jouer, on ne compte pas les années.