Réseaux mobiles : sans attendre le lancement de la 5G, la course à la 6G a déjà commencé !

par Cédric INGRAND
Publié le 5 février 2020 à 17h58
Un technicien regarde une antenne mobile en Chine
Un technicien regarde une antenne mobile en Chine

HORIZON 2030 - En Chine et au Japon, experts, gouvernements et géants des télécoms dessinent déjà les contours de la 6G. Enjeu majeur : prendre la main sur la vague technologique à venir et imaginer la société qui va avec des débits mobiles proches de l'infini.

Les travaux ne sont que préparatoires et rien de ce qui suit n'est encore un engagement ferme pour l'avenir. Mais l'avancée est bien là : alors que l'essentiel de la planète attend encore le lancement commercial des premiers réseaux 5G, le successeur de la nouvelle norme mobile est déjà sur les rails.

Fin janvier, le Japon a dégainé le premier, sous l'impulsion de son ministère des Communications, allié à des chercheurs et des représentants de NTT, l'ex-opérateur public. Ce dernier a même publié un premier document de travail (PDF, en anglais)  sur les évolutions à attendre du nouveau réseau. Cette semaine, la Chine s'attaque à son tour à la 6G, là encore sous l'impulsion de la puissance publique. 

Jusqu'à 1000 giga-octets par seconde, même dans les airs

Quand ils imaginent la fiche technique de la 6G, sans aucune contrainte technique, régulateurs et industriels peuvent viser haut, très haut. Au Japon, on promet d'abord une 6G qui amplifierait encore les bénéfices de la 5G : plus de débit, pour plus d'appareils connectés en même temps, sur un réseau plus sûr et encore moins gourmand en énergie. Des bénéfices qui iraient aussi là où la 5G ne va pas : dans son document de travail, NTT imagine ainsi un réseau qui pourrait couvrir plus largement les mers et même le ciel, pour que votre connexion mobile ne s'éteigne pas en avion. Autre territoire à couvrir : l'espace, avec des satellites qui étendraient jusqu'à une orbite géostationnaire la portée du réseau mobile. Des extensions du domaine du mobile que l'opérateur n'imagine que dans un futur encore mal défini.

Côté chinois, on voit plus haut encore, au moins en terme de débits. Si la 5G fait entrer le mobile dans l'ère du gigabit, le groupe de travail du ministère chinois des Sciences et Technologies imagine la 6G nous propulser mille fois plus vite, à des vitesses atteignant le térabit/seconde. Un débit que même la meilleure des connexions fibrées n'atteint pas aujourd'hui. De quoi télécharger près de 150 heures de vidéo 4K en moins d'une seconde. 

Une course technique, commerciale et d'influence géopolitique

On pourrait forcément être surpris de voir les professionnels des télécoms discuter de la 6G avant même que la 5G ne fasse partie de notre quotidien... et on aurait tort. Du côté des réseaux, les cycles d'innovation sont longs. Pour rappel, il aura ainsi fallu dix ans pour passer de l'ébauche de la 5G à son déploiement commercial. Et au risque de tuer la magie, à chaque fois que Apple ou Samsung dévoilent leurs nouveaux smartphones, les suivants sont déjà dans les tuyaux depuis plusieurs mois, au moins.

5G : que va-t-elle changer dans notre quotidien ?Source : JT 20h Semaine

Logique donc que l'industrie réfléchisse déjà à la suite. D'autant que des choix sur les paramètres du nouveau réseau dépendront les technologies et les équipements qui permettront de le mettre en oeuvre. Prendre la main sur la définition de la norme donnerait donc un coup d'avance aux industriels les plus proches du dossier, au moins un temps. À la clé, un part du gâteau des futurs réseaux commerciaux, au travers des appareils des équipementiers, mais aussi des accords de licence sur toutes les technologies qui formeront collectivement la future 6G. Une guerre commerciale qui commence, une géopolitique high-tech où les positions se prennent à coups de propriété intellectuelle. À elle seule, la 5G couvre aujourd'hui le contenu de plus de 22.000 brevets...


Cédric INGRAND

Tout
TF1 Info