À quoi pourrait ressembler Twitter, version Elon Musk ?

par Maëlane LOAËC
Publié le 29 octobre 2022 à 16h39, mis à jour le 29 octobre 2022 à 17h20

Source : TF1 Info

Le milliardaire américain vient de mettre la main sur le réseau social pour 44 milliards de dollars.
Mais ses plans pour l'avenir de la plateforme, eux, restent encore incertains.
L'entrepreneur a toutefois plaidé pour une modération beaucoup plus desserrée, et a évoqué différents changements pour les utilisateurs.

"Que la fête commence" : après des mois de tergiversations, de bonds en avant puis en arrière, Elon Musk a finalement pris le contrôle de Twitter jeudi, et publié ce message de célébration sur la plateforme dès le lendemain. À peine arrivé à la tête de l'entreprise californienne, le patron de Tesla a licencié son équipe de direction et proclamé, festif, que "l'oiseau est libéré". Selon les médias américains, il serait prêt à faire un grand ménage en licenciant des milliers de salariés. Quelques heures après l'annonce du rachat, un premier annonceur se montrait déjà frileux : le géant automobilise General Motors indiquait qu'il suspendait temporairement l'achat de publicités sur la plateforme. 

Le nouveau visage du réseau social aux 238 millions d'usagers quotidiens actifs, désormais aux mains de l'homme le plus riche du monde, suscite déjà des inquiétudes. "Je veux juste que Twitter soit le plus incroyable possible", avait déclaré en avril dernier l'excentrique patron à l'ex-PDG du groupe, Parag Agrawal, assurant avoir "une tonne d'idées". S'il n'a encore détaillé sa feuille de route pour l'avenir de la plateforme américaine, il a tout de même dessiné ces derniers mois les grandes lignes de son projet. 

Une modération allégée, source d'inquiétudes

Sur la modération tout d'abord, Elon Musk semble prêt à mettre à mal les initiatives de l'ancien PDG et cofondateur de Twitter Jack Dorsey, qui avait banni plusieurs comptes accusés d'abus et balisé par une étiquette des publications jugées fausses ou trompeuses par exemple, souligne le magazine américain Time. Malgré ces efforts, cette politique avait elle-même échoué à éviter la propagation des rhétoriques extrêmes et des théories du complot sur la plateforme, ce qui laisse craindre à certains une multiplication de ces discours si elle est levée.

C'est pourtant ce que paraît viser Elon Musk. S'érigeant en défenseur ultime de la liberté d'expression, il a écrit jeudi dans un message spécifiquement destiné aux annonceurs qu'il est "important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une place publique en ligne où une grande variété d'opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence". Il avait précédemment évoqué le retour de Donald Trump, évincé de la plateforme suite à l'assaut du Capitole en janvier 2021. Après le rachat de Twitter, l'ancien président américain s'est réjoui que le réseau social soit désormais "entre de bonnes mains"

Mais les marques, qui représentent le gros des revenus du réseau social, privilégient les contenus consensuels pour leurs publicités. Le nouveau propriétaire a donc tenté de les rassurer : Twitter ne pourra pas être une plateforme "infernale", "où tout peut être dit sans conséquence", a-t-il assuré jeudi. Le lendemain, il a annoncé que sera prochainement formé un "conseil de modération des contenus avec des points de vue très divers". "Pour être très clair, nous n'avons encore apporté aucun changement aux politiques de modération de contenu de Twitter", a encore appuyé le milliardaire ces dernières heures. 

Il a aussi précisé que les utilisateurs devront pouvoir choisir dans la nouvelle version de Twitter ce qu'ils voient sur le réseau "selon leurs préférences, de la même façon que vous pouvez par exemple voir des films ou jouer à des jeux vidéo pour tous les âges". "Le classement du Tweet lui-même pourrait être auto-sélectionné, puis modifié par les commentaires des utilisateurs", a-t-il avancé, sans plus de précisions, et sans rassurer réellement les partisans d'une modération en ligne accrue.

Publications payantes et application plus globale

Par ailleurs, l'outil lui-même pourrait être complètement refondé. Pour redresser la croissance de Twitter, qui tourne au ralenti, Elon Musk avait évoqué en avril dernier diverses options pour générer plus de revenus : dynamiser les abonnements payants, monétiser la diffusion des tweets très populaires ou encore payer des créateurs de contenus.

L'extravagant patron pourrait en effet décider de rendre l'utilisation du réseau social payante. Il semble envisager la possibilité de facturer la publication de Tweets avec des paiements par la crypto-monnaie DogeCoin, rapporte la chaîne américaine CNN. Ce qui pourrait permettre aussi de lutter contre les faux comptes, un de ses chantiers de prédilection. Mais le nouveau patron a ensuite déclaré que cette idée serait trop difficile à mettre en place, sans évoquer d'autres solutions, rapporte le Time

Ces derniers mois, Elon Musk a aussi évoqué la possibilité du cryptage de bout en bout sur la messagerie que propose Twitter, mais aussi l'intégration de la plateforme dans une application plus globale, baptisée X, qui pourrait prendre les contours de l'application de messagerie mobile WeChat, très populaire en Chine. Interface à tout faire, elle est à la fois un réseau social, un moyen de paiement, un lecteur de QRcodes... En 2020, The Wall Street Journal y voyait même "un puissant outil de surveillance", permettant au gouvernement chinois de suivre et de censurer l'activité de plus d'un milliard d'utilisateurs.

Quant au bouton permettant de modifier les tweets, l'initiative a été lancée le mois dernier par la plateforme pour les abonnés payants de Twitter au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, et devrait bientôt l'être aux États-Unis. Elon Musk pourrait "accélérer le processus", selon le Time

Autant de perspectives incertaines, tandis que l'imprévisible patron aura bientôt les mains presque totalement libres : en faisant de Twitter une société privée, qui ne sera plus cotée en bourse, il se passe des garde-fous des actionnaires. Au début du mois, il avait pourtant insisté sur l'importance d'une cote pour un groupe, se félicitant que son fleuron Tesla soit coté à Wall Street, pour que le "public" puisse "acheter des actions et voter différemment" de sa propre ligne. Hilare, il avait alors lancé : "C'est très important que je ne puisse pas juste faire ce que je veux".


Maëlane LOAËC

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