Sans eux, la cathédrale se serait effondrée : comment les drones ont sauvé Notre-Dame

par Cédric INGRAND
Publié le 14 octobre 2019 à 9h00

Source : Sujet TF1 Info

VUE D’OISEAU - Si l’incendie qui a détruit le toit de Notre-Dame le 15 avril dernier avait eu lieu dix ans plus tôt, pas sûr que la cathédrale serait encore debout. Si les secours ont pu sauver la façade et la nef et si l’on connaît aujourd’hui l’état intérieur du bâtiment, c’est aussi grâce aux drones. Explications.

Ils resteront comme les héros discrets mais décisifs du sauvetage de Notre-Dame. Eux, ce sont les drones que les Pompiers de Paris et la Préfecture de Police ont très rapidement déployés pour obtenir une vue d’ensemble, un oeil d’aigle sur la progression des flammes, un point de vue qu’aucune des grandes échelles des soldats du feu ne pouvait espérer approcher.

 

Un point de vue que n’avaient pas non plus ceux qui travaillaient dans la cathédrale. Comme l’explique André Finot, le responsable de la communication de Notre-Dame, “on ne voyait rien de l’incendie". "Quand vous êtes sur le parvis, vous ne voyez pas ce qui se passe derrière les tours”, rappelle-t-il. Le 15 avril dernier au soir, ce n’est donc qu’en approchant de la camionnette de pompiers où étaient diffusées en direct les images du drone qui surplombait la cathédrale qu’il constate l’ampleur des dégâts. “C’est le premier moment où enfin j’ai saisi l’horreur et que j'’ai vu que la charpente avait disparu.”

Dans la panoplie des pompiers

Ce n'est pas la première fois que des drones étaient utilisés pour prendre de la hauteur sur une situation d'urgence. Les Pompiers de Paris en disposent en effet depuis quelque temps déjà. S'ils utilisent aujourd'hui des modèles du commerce, souvent même des drones grand public comme le DJI Mavic Pro, ils peuvent aussi se tourner vers des modèles spécialisés, capables par exemple d'évoluer en intérieur en détectant les points chauds et les victimes éventuelles.

Ironie du sort, le jour même de l'incendie, à quelques stations de métro de Notre-Dame, le constructeur français Parrot tenait une conférence de presse pour dévoiler l'Anafi Thermal, version remaniée de son engin avec comme nouveauté une caméra thermique. La photo d'un pompier figurait même sur l'invitation. À des prix qui ne dépassent pas quelques milliers d'euros pour les plus chers, les drones sont donc en train de trouver leur place dans l'arsenal de tous les pompiers, l'incendie de Notre-Dame ayant joué les déclencheurs chez ceux qui n'avaient pas encore sauté le pas.

Le drone Anafi Thermal de Parrot, avec sa caméra thermique, pour l'industrie et les personnels de secours.
Le drone Anafi Thermal de Parrot, avec sa caméra thermique, pour l'industrie et les personnels de secours. - Parrot

Des drones à la chaîne

À Notre-Dame, le travail des drones ne s'est pas arrêté une fois les flammes éteintes. Cinq jours plus tard, d'autres robots volants ont pris le relais. Objectifs : établir un état des lieux de la cathédrale et aider ceux chargés de planifier la reconstruction. Une mission confiée à Artelia, une société d'ingénierie dotée d'une division spécialisée dans les drones. "Nous n'avions aucune information sur le bâtiment", explique Benoît Guillot, son responsable. "Nous ne pouvions pas circuler à l'intérieur car le toit pouvait s'écrouler à tout moment. Le seul moyen, c'était le drone." Pour avancer vite, l’entreprise s’est organisée comme un opération militaire, avec un commando d’une vingtaine de personnes. Pendant six jours, elles ont cartographié en 3D et mis en images ce qui reste de la cathédrale. “Il fallait faire vite”, souligne Benoît Guillot, “les drones étaient constamment en vol, sauf pour changer les batteries et les cartes mémoire." 

Au total, les équipes d'Artelia prendront plus de 40.000 clichés de Notre-Dame -des photos mais aussi des images thermiques. De quoi recréer une modélisation complète du bâtiment, 400 plans panoramiques d'une grande précision. "Le drone est une outil absolument fabuleux. Nous n'aurions pas pu obtenir ces données-là si nous n'avions pas pu l'utiliser", affirme Benoît Guillot. Près de 700 ans après son inauguration, Notre-Dame aura donc été sauvée par une technologie qui n'existait pas il y a dix ans encore. Un salut logiquement venu du ciel.


Cédric INGRAND

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